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Tous nos textes, Fidèle, sont déposés à la Société des gens de lettres, Paris. Sois gentil, tu t’en inspires dans la vie si tu veux mais sur papier ou à l’écran, cherche ta muse ailleurs. Bonne lecture !
Ils sont la couleur de notre portable, celle de nos chemises Hugo Boss, celle de notre Mercedes SL500 (quand nous en aurons une !), celle de nos clichés, celle d’un combat entre un démon et un ange ; ils sont la couleur d’une vie : la nôtre ! Il est des gens qui achètent un voilier et s’engagent dans un tour du monde sans retour pour pimenter la leur ; d’autres se résignent au mariage et fondent une famille ; d’autres encore empruntent délibérément le chemin de la grande faux... Quand notre vie à nous devient trop poussiéreuse, nous passons le balai ; nous nous acharnons sur elle, lui infligeant les pires exactions, commettant des actes de pure folie. Nous ne faisons que des conneries et nous aimons ça ! Toute reconstruction débute nécessairement par le chaos ; nous louons ce terme et cette expression ! Nous pourrions écrire un conte fantastique imaginé dans un monde peuplé de créatures merveilleuses. Alors les enfants rêveraient-ils, se créant des repères inaccessibles, intemporels et magiques... Non ! Ce qui suit sera un récit sans apport futile de dramaturgie, sec et vrai, le récit de notre jeune mais déjà longue existence parmi l’humanité, un recueil de correspondances brutes, l’anamnèse d’un être qui tomba de son nuage et se fit mal, l’introduction à notre évolution enfin.
En quelques instants, tous furent ensevelis !
Nous naquîmes en eaux troubles dans une clinique provençale le 24 août 1981 à 11h25, jour marqué par quelques-unes des plus grandes tragédies connues de notre civilisation. Dans notre souvenir, il y en eu quatre : la destruction de Pompéi, le massacre de la Saint-Barthélemy, l’atomisation de l’atoll de Fangataufa et notre venue au monde qui relève davantage de la tragi-comédie ; nous aurions dû être deux mais fûmes le seul à survivre ! Que pourrions-nous bien évoquer sur notre famille qui reflète l’état d’esprit dans lequel nous nous trouvons à l’instant où nous écrivons ces lignes ?
Notre mère, bretonne, aimante, combative et tant d’autres choses, est née à Casablanca le 14 mars 1948, au temps où le Maroc représentait encore un intérêt pour la France. Elle a toujours rendu à la vie un hommage tout particulier : tu me donnes une baffe, je t’en rends deux ! De son enfance à elle, nous ne savons presque rien. Nous n’avons dans la tête que les quelques histoires que nous pûmes entendre ici et là. Lorsque notre famille revint en France, elle n’avait presque plus rien. C’est toujours le cas mais cela ne nous empêche pas de vivre dans des châteaux, de voyager aux quatre coins du monde et de commander des chemises sur mesure... Nous avons un frère et une sœur, sept et cinq ans plus âgés que nous, qui ne connurent leur père que jusques à notre naissance (ou presque) puisque leurs parents eurent la bonne idée de se séparer quelques mois plus tard. Notre mère sut nous élever, elle le fit bien. Cette femme dont tout le monde pensait un moment qu’elle n’y arriverait pas prouva le contraire car si nous sommes là aujourd’hui, c’est grâce à elle et à personne d’autre ! Elle nous inculqua l’esprit de notre famille, le meilleur des valeurs humaines : l’amitié, la générosité et le partage, la curiosité, le respect de toute chose. Notre mère eut le bon goût de nous bien éduquer. Elle nous rendit heureux pendant nos premières années. Elle joua parfaitement son rôle et nous prépara à affronter notre périlleux avenir. Ce n’est qu’après notre émancipation que tout commença de partir en couille pour nous... Lorsque nous avons un problème, c’est désormais notre mère que nous appelons ; non pour chercher de l’aide ou une quelconque consolation mais seulement pour parler. La communication est à l’humanité ce que la concupiscence est au curé : manquante (quoi qu’il nous faudra vérifier pour le curé) ! Nos nombreuses expériences nous l’enseignèrent à nos dépens dans notre prime jeunesse. Nous étions un garçon enfermé dans un monde fait de rêves et d’illusions, nous parlions aux étoiles. Nous n’avons pas réellement changé aujourd’hui ; nous leur parlons encore et il nous reste des illusions mais notre mère fait désormais partie de notre constellation protectrice. Une mère n’est pas seulement un être qui te met au monde, Fidèle, t’apporte son éducation et te lâche dans la société des Hommes tel un toutou bien apprivoisé. Non ! Une mère est également la barrière de toutes tes folies. Au collège, avons-nous déjà giflé cette folle de professeur de Mathématiques sans imaginer que, quelques heures plus tard, ce serait la main de notre mère que nous prendrions dans la figure ? Avons-nous déjà langoureusement embrassé notre partenaire sans nous demander s’il plairait à notre mère ? Une mère est aussi et malgré tout un obstacle à notre évolution. Si ce n’est la personne en elle-même, c’est le sentiment profond qui nous attache à elle, ce cordon que jamais la vie ne pourra couper. La mort peut-être... Avons-nous déjà pensé au suicide sans nous soucier de la peine qu’elle pourrait éprouver ? Pour notre part, la chose sera inutile car en lisant ce livre, notre mère va nous tuer.
Suite logique : notre père.
13 ans fut l’âge où nous nous posâmes beaucoup de questions sur notre nature. Ce fut l’âge de la découverte, de l’exploration de notre conscience, notre sexualité, de la révolte. Ce fut l’âge enfin où nous nous surprîmes à vouloir être ce que nous n’étions pas. À 13 ans, nous avions un père, lointain certes, mais il avait un nom. Notre mère rencontra André, son second époux, alors qu’elle travaillait dans un hôtel du Tholonet, en Provence. Nous vivions chez lui, notre mère, notre sœur, notre frère, nos deux demi-sœurs, notre demi-frère et nous-même. Nous formions une famille parmi tant d’autres. Elle portait elle aussi un nom : recomposée. Une grande famille perturbée par les vagues de l’amour. Cette année-là, nous apprîmes ce que l’illusion signifiait. Notre frère eut toujours de bonnes idées et cette année-là, si l’histoire qui arriva à notre oreille précieuse est la bonne, il menaça notre mère de nous avouer la terrible nouvelle : notre père n’était pas notre père ! Un tel secret devrait être gardé précieusement, ne jamais sortir de son écrin scellé, seule preuve que quelque chose fut, un nous ne savons quoi que la curiosité seule ne peut découvrir. La seconde solution, la plus juste selon nous, est de ne pas lâchement, jalousement ou honteusement cacher la vérité à un enfant. Lui peut tout accepter, absolument tout, si par souci d’honnêteté les choses lui sont expliquées le plus naturellement du monde. Notre mère ne prit pas cette décision, pour des raisons qui la concernent et que, par amour pour elle, nous respectons sans même les connaître. Hélas, l’écrin qu’elle choisit était-il fragile et une âme indiscrète s’empara-t-elle de son secret pour s’en servir dans un moment tragique. Tout le monde en pâtit, notre mère sans doute plus que nous-même, nous déjà. Ainsi, c’est elle qui, en larmes et en présence d’André, nous annonça ce perturbant petit détail de notre existence : nous devînmes alors adultérin, fruit d’un amour passionnel extraconjugal. Nous ne nous souvenons pas avoir réagi de quelque manière que ce fût. Étions-nous sous le choc ? Étions-nous déjà indifférent, blasé ? Avions-nous réalisé ? Nous ne pouvons répondre à cette interrogation. Ce qui est sûr, c’est qu’à partir de cet instant, nous n’avions plus ni père, ni repère. Nous n’eûmes même pas la présence d’esprit, le courage, de demander à notre mère son nom. Nous étions tellement troublé par la peine qu’elle devait ressentir que nous ne cherchâmes pas à l’accabler davantage. À 13 ans, nous imaginâmes donc tout bonnement ce qu’il pouvait être : un ange venu des Cieux pour féconder notre mère ; un astronaute parcourant l’univers à la recherche d’une autre terre fertile pour la sauvegarde de l’intérêt humain ; un milliardaire russe ; un agent secret ; un routard de passage qui en savait plus sur le monde que le monde lui-même, etc. Il nous fallut huit ans d’intense réflexion et le conseil avisé d’un missionnaire français habitant un coin paumé de la Thaïlande pour enfin engager la conversation par courriel. Nous étions le 1er mai 2003.
Nous à notre mère :
« D’ici peu, Agathe, une pédiatre, viendra passer six mois à la fondation. Je n’aurai donc plus la responsabilité des traitements et il va me falloir trouver autre chose à faire. Pi Tiou m’a parlé de moines qui aimeraient que j’enseigne l’anglais aux enfants de leur wat (temple bouddhiste), car il y a également une école. Honnêtement, j’en ai un peu marre d’enseigner l’anglais. Par ailleurs, ce ne serait pas payé et même si je me fous pas mal de l’argent, il faut quand même y penser. Je ne vais pas retourner à Song Yae, sauf pour remercier encore une fois le père Somlong qui m’a accueilli. En attendant de trouver quelque chose, je vais vendre mon appareil photo à pi Tiou qui en aurait besoin – mais je la soupçonne de vouloir simplement m’aider. Cela me permettra de tenir encore quelque temps. J’ai déjà près de cinq-cents photos qui devraient suffire à mon carnet. Je vendrai également le graveur CD que j’ai acheté lorsque je partirai et que je n’en aurai plus besoin. Tout le monde s’en sert mais bon… c’est moi qui l’ai acheté quand même ! Tu dois te demander pourquoi je suis parti comme cela, sans rien prévoir. J’aurais pu travailler un peu en France avant et économiser, etc. Être raisonnable ! Mais je ne le suis pas moi, je vis au jour le jour. Ça pose des problèmes, certes – beaucoup parfois – mais je vis des expériences que personne de raisonnable ne vit. Aurais-je pu être infirmier volontaire ou professeur d’anglais en France si j’avais été raisonnable ? Non, ça ne risque pas ! Ou alors aurait-il fallu faire de longues études, ce qui, tu le sais bien, est incompatible avec ma nature car justement trop longues, surtout pour changer de métier tous les trois mois ! Le père Auguste ne cesse de m’inciter à choisir une voie et de m’y engager, et la sœur à être patient. Je pense que tu dois penser un peu la même chose mais ce n’est pas possible. Je ne sais pas pourquoi, je n’y arrive pas. Je suis trop idéaliste sans doute ! Je suis en quête et tant que je n’aurai pas trouvé quelque chose qui va dans mon sens, je n’accéderai pas au bonheur ; la stabilité n’est pas pour moi ! Ne t’en fais pas. Ce n’est pas parce que je suis triste que je suis malheureux. Je me pose seulement des questions sur mon avenir, ma quête, sur moi...
« Gros bisous à tout le monde ! »
Notre mère à nous :
« Je viens de lire ta très longue lettre. André est parti sortir les chiens et donc je suis seule pour te répondre. Donc comme cela tu vas chercher autre chose ! Je souhaite de tout mon cœur que tu trouves très vite ta voie, car c’est vrai ce que disent le père Auguste et la sœur, il faudrait que tu te stabilises et que tu deviennes patient. Bien sûr que je me fais du souci, même si je me dis que tu t’en sortiras toujours. Je t’en supplie, ne pars pas sur un coup de tête. Là où tu es, les gens sont proches de toi et ne te laisseront pas tomber. Moi aussi je suis là, mais tellement loin. Comme j’aimerais que tu sois pleinement heureux !
« Mille gros bisous de nous deux. Prends grand soin de toi, je t’aime. »
Nous à notre mère :
« Ne t’en fais pas, je ne partirai pas sur un coup de tête. Vous avez tous raison mais… de votre point de vue ! Pour vous, la vie n’est pas telle que moi je la conçois. Passons. Je m’en sortirai effectivement quoiqu’il advienne. Et puis j’ai toujours ma bonne étoile. J’aime la vie, je crois qu’elle le voit et qu’elle est contente de moi, donc elle m’aidera ! Lorsque je t’écrivais que je me posais des questions sur mon avenir, ma quête, sur moi, il y en a une que je ne t’ai jamais posée.
« Qui est mon père ?
« À 13 ans, tu sais, on s’imagine des tas de choses et je ne voulais pas t’ennuyer avec cela car tu étais si triste lorsque tu m’as annoncé que ce n’était pas Michel. Ça ne me pose aucun problème ; ne te mets pas à regretter quoi que ce soit – ne pleure pas, au contraire sois heureuse ! Moi je ne regrette rien. C’est un événement qui m’a aidé à être ce que je suis et j’en suis fier mais c’est une question qui me reste présente à l’esprit et dont je veux me débarrasser. C’est plus facile pour moi d’en parler par écrit et j’aimerais que tu me parles de lui, que tu ne me dises que la vérité, même si elle est crue et qu’elle ne me plaira pas. Je ne te jugerai pas ; je t’aime trop pour cela. Et puis je prends les choses telles qu’elles sont, donc… J’ai dû attendre huit ans avant de te poser cette question et je te la pose maintenant ! Le père Auguste n’y est pas pour rien d’ailleurs – je ne me suis pas confessé mais nous en avons parlé. C’est plus facile avec quelqu’un qui porte une croix ! Il ne faut pas en faire toute une affaire, ce n’est rien, j’ai juste envie de savoir maintenant, afin de m’enlever quelques illusions qui ne me servent à rien. Tout est positif dans ce que je viens d’écrire, alors encore une fois, ne pleure pas et ne t’angoisse pas. Nous sommes d’accord ? Je crois que cela nous enlèvera un poids à tous les deux et après promis nous n’en reparlerons plus si tu veux.
« Gros bisous. »
Notre mère à nous :
« Voilà des années que j’attendais que tu me poses cette question et je me demandais si elle arriverait un jour. Je ne voulais pas t’en parler avant que Toi tu me poses la question et aujourd’hui tu me libères d’un poids qui me pesait chaque jour un peu plus. Ton père est quelqu’un de très bien, il s’appelle José Coppa. Il habitait à l’époque à Éguilles. Je suis tombée amoureuse de lui au moment où ma vie commençait à devenir un enfer avec Michel. Lui aussi était marié. Il travaillait à l’époque au Crédit Agricole. Il avait obtenu une place de responsable et il la méritait. Ce qu’il est devenu maintenant, je n’en sais rien ! Toujours est-il que notre relation s’est arrêtée car quelqu’un est allé tout raconter à son épouse. Il sait qu’il a un fils mais il ne s’est jamais manifesté. Dans le fond il tenait à sa petite vie de famille, et je ne lui en ai jamais voulu. Tu as deux demi-sœurs. Michel savait que je voyais cet homme, je lui ai tout dit et les raisons pour lesquelles j’ai fait cela. À partir de ce moment-là, il a changé en mieux mais cela n’a guère duré car tout s’est à nouveau dégradé quand nous sommes revenus de Bretagne, où nous avons passé les vacances en 1982. Tu avais 15 mois quand Michel est parti et il savait que tu n’étais pas son fils. Je ne regrette nullement de t’avoir eu ; tu es pour moi un bonheur que je voulais et je savais les conséquences que cela aurait pour moi. Oui, je pleure ! Mais ne t’inquiète pas, je te remercie du fond de mon cœur d’avoir percé l’abcès, et je t’aime tellement que je te demande mille pardons pour le mal que j’aurais pu te faire à cause de tout cela. Je t’en supplie ne m’en veux pas. Ce secret, je l’ai porté trop longtemps ! André sait tout depuis que l’on se connaît et comme il dit, c’est ma vie passée. Toi tu fais partie de cette vie et j’espère de tout mon cœur que cela n’a pas affecté ta jeunesse. Ton père doit avoir maintenant entre 56 et 58 ans. Il doit être à la retraite. Où il est maintenant, je ne le sais pas. Je n’ai jamais cherché à le revoir. Si tu veux faire des recherches, je t’ai dit tout ce que je savais. Il a le même groupe sanguin que le tien. Voilà mon cœur, tu peux me poser d’autres questions maintenant et je te répondrai dans la mesure de mes moyens. Je t’ai dit la vérité. Mille et mille gros bisous et merci encore.
« Je t’aime très fort. »
Nous à notre mère :
« Merci de m’avoir répondu franchement. Je ne t’en veux pas, n’aie crainte. Tu n’as pas à me demander pardon ! Un enfant doit toujours remercier sa mère qui l’a mis au monde, quelles que soient les conditions de sa venue. C’est plutôt à moi de m’excuser ; je t’ai encore fait pleurer, pour la seconde fois en quatre mois alors que je voulais justement à tout prix l’éviter. Je suis content d’avoir soulagé ta peine ! Le fait de ne pas avoir de père – j’ai toujours eu Gérard* au passage – a certes perturbé mon enfance, mais pas en mal rassure-toi. J’ai désormais l’esprit ouvert plus que n’importe qui, j’ai de l’imagination, je ne suis pas très stable mais cela ne peut augurer que bien de l’avenir et des aventures que l’on ne trouve pas dans la stabilité, telles que je les vis aujourd’hui. Ne regrette rien : je suis heureux aussi d’avoir pu te poser cette question. Tu devrais envoyer un bouquet de fleurs au père Auguste pour cela, il sera content car côté théologique, je ne suis pas un très bon élève ! Je ne souhaite pas entreprendre de recherches pour le moment. Je n’ai pas le droit je pense d’aller perturber sa vie de famille. Peut-être un jour viendra-t-il à moi. Je n’attends plus ce jour maintenant que je connais son nom ; c’est tout ce que je voulais savoir. S’il me recherche et vient ce sera bien, sinon… De toute manière, je ne connais pas mon avenir mais je le sais plein d’à venir ! »
Notre mère à nous :
« Non tu ne m’as pas fait pleurer, ce sont seulement des larmes de soulagement et un petit chamboulement qui s’est fait en moi. André est content que l’on ait pu en parler toi et moi. Maintenant et grâce à toi je me sens plus sereine et avec un poids en moins sur la conscience. Je te le redis, je ne regrette rien car avec ton père j’ai vécu des grands moments de bonheur et cela pendant presque deux ans ; ce n’était pas une aventure sans lendemain et il y avait de profonds sentiments entre nous. J’aurais pu ne pas garder ce bébé qui était toi mais tu as été conçu par amour et je te voulais vraiment. Tes demi-sœurs doivent avoir 28 et 30 ans. Ton avenir est grandiose et plein de richesses, tu me manques beaucoup mais si tu savais comme j’approuve ce que tu fais. La seule chose que je souhaite de tout mon cœur est que tu trouves enfin ton idéal. Tu es plein de volonté et de ténacité et cela t’aidera. Pour le père Auguste, c’est vrai que je peux le remercier et j’aimerais tant lui faire un petit cadeau et lui écrire personnellement. Dis-moi ce qui pourrait lui faire plaisir d’ici, à part des fleurs que je ne saurais d’ailleurs pas comment envoyer.
« Merci mon Amour et mille gros bisous. Je t’aime et tu le sais. »
Nous à notre mère :
« Je ne connais pas l’adresse du père Auguste mais je tâcherai de la trouver sans qu’il le sache pour qu’il ait une surprise – pas trop grosse, il a le cœur fragile ! Sinon, je ne sais pas ce que tu pourrais lui envoyer, c’est ton cadeau après tout ! Il aime beaucoup le Ricard, mais je doute que ça passe à la Poste, si ce n’est la française, la thaïe. Autrement, je ne vois pas ; un truc de chez nous quoi ! Tu m’écris que cela te fait un poids en moins sur la conscience. Si tu veux te confier, tu sais que je suis là, même si je ne porte pas de croix. Je ne suis pas juge non plus, mais je comprends les choses. C’est comme tu veux. »
Et voilà : José Coppa, notre père, un banquier qui ne nous reconnut point et que nous n’aurons sans doute jamais le courage de rechercher. Nous eûmes tort de demander à notre mère qui était notre père – tort de l’avoir fait si tard. Tant d’années perdues, tant de chagrin enfoui dans son cœur parce que nous ne sûmes accuser le coup avant. Nous fûmes lâche, incroyablement lâche, de croire pendant toutes ces années que cette divulgation n’aurait aucune incidence, ni sur elle ni sur nous. Nous aurions dû agir plus tôt, faire des recherches. Nous aurions dû faire quelque chose car cela valait toujours mieux que d’enfouir notre tête dans une poche de sable et d’attendre que le temps nous encule. Ou alors aurions-nous dû vivre avec ce secret dès le début. Ou alors jamais n’aurions-nous dû l’apprendre. Mais voilà, c’est fait, nous sommes baisé ! Les homos ont-ils tous fatalement un problème avec leur père ? Essentialisme puéril, à l'évidence...
Robert : vieille France, vieilles idées.
Avant de dénoncer notre contrat au 1er Régiment médical de Metz, nous écrivîmes à notre grand-père, vivant à Saint-Malo, pour lui faire part de notre décision et lui demander son avis – et faut-il te l’avouer, Fidèle, un peu d’aide aussi. Va donc comprendre pourquoi nous cherchâmes à joindre un homme qui abandonna sa famille, un homme vieux et presque seul que l’on omet facilement, un homme que nous ne connûmes qu’à l’âge avancé de 16 ou 17 ans, un homme que nous ne vîmes qu’une seule fois et qui tenta d’acheter notre reconnaissance avec une télévision dernier cris et une Playstation ! Nous ferons passer cela sur le compte du désespoir... Ce personnage nous fait penser à ces vieilles bouteilles que l’on jetait jadis en mer. Elles voyageaient beaucoup mais ne voyaient finalement jamais que de l’eau. Assis sur notre couchette, la musique dans les oreilles pour nous isoler du monde, nous rédigeâmes un petit message (quinze pages) qui s’achevait ainsi :
Nous à Robert :
« […] Je vous ai montré dans cette lettre plusieurs facettes de ma personnalité. Cela vous permettra, grand-père, de me cerner un peu plus. Dans le pire des cas, lorsque la dénonciation de mon contrat prendra effet, j’ai décidé de prendre un aller simple pour une destination lointaine. Je songe pour le moment à Cayenne et Bangkok, deux cités attractives et ouvertes sur leur continent respectif, l’Amérique du Sud et l’Asie. Ce sera dur, j’en suis conscient, mais je préfère partir à l’aventure sans rien que rester ici, en France, derrière un bureau, en pensant partir un jour voir le monde… Bouddha ou Confucius, je ne sais plus, disait que "seul le chemin est important, pas la destination”. Dois-je lui faire confiance ? Maman ne sait pas encore que je quitte l’armée ; je ne pense pas le lui dire, en tout cas pas avant d’avoir trouvé autre chose, quoi que ce soit. J’aimerais vraiment venir vous voir quelques jours. Je suis sûr que vous possédez de nombreux clichés illustrant de fabuleuses histoires qui pourront, si vous le voulez bien, enrichir mon album. Nécessairement, mon séjour chez vous se ferait juste avant d’embarquer pour ma prochaine grande aventure. Qu’en pensez-vous ? Dois-je préférer l’Asie ou l’Amérique du Sud ?
« Sincèrement,
« Votre petit-fils. »
Quelle naïveté ! Nous ne reçûmes aucune réponse de sa part. Ce bouffon décrépi ne daigna pas faire un geste pour le jeune homme imaginatif et entreprenant que nous étions alors. Nous lui téléphonâmes donc – depuis la fenêtre des sanitaires du quartier – et n’eûmes pour réponse que des absurdités du genre : « Tu ne peux pas partir à l’aventure, le temps de la colonisation, c’est fini ! », « Il n’y a plus rien à découvrir dans le monde, tu perdras ton temps ! » ou encore : « Tu as une bonne place, garde-la ! » et un : « Je ne peux rien pour toi ! » qui nous en dit long. Soit ! D’un autre côté, avions-nous l’intention de vraiment suivre ses conseils ? Nous avions besoin de confier ce départ à quelqu’un, voilà tout, et les circonstances voulurent que ce fût à lui que nous pensâmes, sans doute car il nous était le moins attaché. Une fois installé en Thaïlande, nous lui écrivîmes une nouvelle fois.
Nous à Robert :
« Cher grand-père,
« À la suite de notre dernière conversation téléphonique, il m’a semblé tout naturel de devoir vous dire ce qu’il en serait de ma vie à venir. Ai-je eu raison de ne pas suivre vos directives – cela sonnait comme tel – ou non, je ne le sais pas. Dans tous les cas, je suis heureux et c’est le principal ! J’ai essayé de me rapprocher de vous mais je me suis rendu compte que ce serait impossible si vous n’acceptiez pas les choix que je faisais, aussi idiots à vos yeux soient-ils ! Cette lettre sonne donc hélas comme un message d’adieu, dans lequel vous pourrez une dernières fois apprécier – ou pas – mes petites tribulations. Nous sommes aujourd’hui le lundi 3 février 2546, il est 6h37. J’ai quitté le Quartier Collin le dimanche 12 janvier 2003 après avoir eu deux jours entiers pour préparer mon départ – car je suis effectivement bien loin de vous à présent. J’ai passé la nuit à l’aéroport de Roissy et la journée du lundi dans l’avion. J’ai fait une escale de trois heures à Bahreïn pour arriver à Bangkok, Thaïlande, le mardi 14 à 9 heures. Je n’avais que peu d’argent, pas de billet de retour, ni même un contact ou point de chute. Je ne parlais pas thaï non plus. J’ai donc eu la journée pour trouver quelque chose à faire. Comme vous le voyez, j’ai pris des risques inconsidérés mais j’ai au moins appris une chose depuis mon départ : j’ai appris à vivre ! Je me suis rendu dans un premier temps à mon ambassade pour demander s’il était possible de travailler en tant que volontaire dans une ONG. On m’a donc fourni la liste d’une trentaine d’adresses sur Bangkok et j’ai dû en choisir une au hasard. J’ai alors loué une mototaxi pour visiter les volontaires de Médecins sans frontières (MSF). Ils n’ont rien pu faire pour moi car les recrutements ne se font qu’en Métropole avec eux. Ils m’ont toutefois envoyé au COERR, une organisation catholique qui s’occupe de réfugiés. Ces derniers m’ont à leur tour conduit aux Missions étrangères de Paris (MEP). Là, j’ai fait la rencontre du père Auguste Tenaud qui m’a proposé de venir avec lui dans un orphelinat de l’Issan (région nord-est) qui s’occupe d’enfants sidéens. J’ai de suite accepté sa généreuse proposition. Le lendemain soir, nous étions à Yasothon, une petite ville rurale proche de la Suthasinee Noiin Foundation dans laquelle je suis désormais volontaire. En vingt jours, j’ai réussi le pari fou que je m’étais lancé ! Pour preuve, la sœur Noella Nonlak, qui représente la religion à la fondation, a suffisamment cru en moi pour me proposer d’enseigner l’anglais dans une école de ban (village), la Song Yae Thippaya School, à quarante kilomètres de Yasothon. Je commence ce matin, à 8h30. Les lundi, mardi, mercredi et jeudi, je suis professeur d’anglais et les vendredi, samedi et dimanche, infirmier volontaire à la fondation, simplement car j’ai trouvé en Thaïlande ce qui me semble-t-il n’existe pas en France : des gens qui croient en moi ! C’est un récit sommaire, j’en suis conscient. J’espère que vous l’apprécierez sans le juger.
« Votre petit-fils. »
Et toc ! Vingt jours plus tard…
Robert à nous :
« Bravo, quand tu as quelque chose dans la tête, tu ne l’as pas ailleurs. Tu es tenace et intrépide. Cela augure bien de l’avenir. Assume désormais. Ta lettre n’est pas un adieu – au contraire et j’apprécie tes tribulations d’un Aixois en Thaïlande. Sois heureux, vis ardemment et attention à ta santé dans tous les domaines. Tu pourras dire au père Auguste et à la sœur Noella que ton grand-père a fait ses études chez le révérant-père Ludistes de Redon. Je t’adresse un mandat-carte de cent euros. C’est peu mais je n’ai aucune notion de tes besoins – dis-moi franchement quels ils sont. Je t’embrasse.
« Grand-père. »
Peux-tu croire cela, Fidèle ? Il suffisait finalement de lui tenir tête pour attirer son attention… Encore un qui joua trop avec son martinet étant père ! Nous te passons les récits que nous lui offrîmes gracieusement le temps de notre séjour là-bas… De toute manière, nous n’eûmes plus aucune nouvelle de lui. Il fallut encore que nous montrions les dents pour attirer son attention. Décidément, le dressage fut difficile !
Nous à Robert :
« Cher grand-père,
« Comment allez-vous en cette presque fin d’hiver ? Je désespère d’avoir un jour de vos nouvelles par la voie directe. Tonton me dit que vous ne pouvez écrire à cause de votre vue ou je ne sais quoi d’autre. Honnêtement, je n’y crois guère ! Enfin… le destin de la famille est sans doute de ne jamais plus être unie ! Heureusement que je ne suis pas du genre à me vexer pour un rameau d’olivier non envoyé… Pardon, je veux dire pour une “Bonne et heureuse année 2004” non retournée !* Voici donc de mes nouvelles, plaisantes ou non, elles sont vraies. Je ne cours pas après votre héritage (s’il en existe encore un dans cette famille) mais seulement après vos souvenirs, votre passé, les histoires que tout bon grand-père devrait raconter à son petit-fils pour l’aider à mieux appréhender la vie. Je travaille toujours à Monoprix, cela fait donc sept mois. Quatre heures par jour, l’après-midi, vingt-quatre heures par semaine. J’ai un salaire tout juste passable et je dois me débrouiller comme je peux pour vivre à plaisir. J’y parviens, jonglant avec l’illégalité ! Le 1er mars prochain, j’emménage dans mon premier “chez moi” : un studio superbe de vingt-sept mètres carré en plein centre ville. Je l’ai trouvé en frappant à une porte. J’avais déjà repéré la rue et l’immeuble il y a quelques mois. J’en avais pris des clichés car l’architecture et la décoration me plaisaient. Prendre des clichés est ce que j’aime faire ; peut-être vous en souvenez-vous ! Début janvier, alors que je revenais de chez un ami qui habite Salon-de-Provence, vers 9 heures, je décidai de retourner dans cette “rue de l’école“ pour voir si, après tout, un logement n’était pas disponible. Je regardai sur les boites à lettres s’il y avait un concierge ; ce n’était pas le cas. Je décidai alors de frapper à la première porte venue. Christel, la locataire, m’ouvrit gentiment et je lui demandai s’il y avait un concierge dans l’immeuble. Elle me répondit que tout appartenait à un seul propriétaire et me demanda pourquoi. Je lui avouai que j’étais tombé amoureux de l’endroit et que j’aurais aimé y habiter, ce sur quoi elle ajouta que je tombais bien car elle comptait céder son bail d’ici peu, le temps pour elle et son copain de se loger ailleurs. Le hasard… Étrange concept, n’est-ce pas ? Je vais me plaire ici. Certes, j’ai la bougeotte et bien que Maman aimerait tant me voir stable, je songe déjà à vivre de nouvelles aventures dans une lointaine et exotique contrée du sud ! Ce studio resterait mon pied-à-terre pour enfin ne plus dépendre de personne côté logement. En octobre prochain, si mon humeur du moment s’y prête, j’aimerais aussi reprendre mes études à la fac, en histoire de l’art cette fois-ci. Ce n’est encore qu’une idée naturellement ! Connaissez-vous Icare ? Je suis comme lui, j’ai besoin de m’approcher du soleil, quitte à me brûler les ailes, pour me sentir vivant, pour exister. C’est dans la nouveauté, la folie et le risque que je me sens bien. Je m’ennuie dans la vie depuis que je suis enfant. Maman me disait toujours à cette époque qu’elle m’enverrait en colonie si je continuais à la harceler avec mon ennui ; elle ne comprenait pas… Elle n’a toujours pas compris l’importance de cet ennui d’ailleurs ! Je ne suis pas heureux, je suis une âme perdue, et la seule chose que j’ai trouvé à faire est oublier ce simple fait par des actes tels qu’arrêter mes études pour aller vivre en Floride, partir en Asie avec un aller simple et cent euros dans les poches. Aujourd’hui, j’ai trouvé autre chose (sans importance). Qui sait ce que je ferai demain ? Je vous laisse, grand-père, j’ai suffisamment écrit pour cette fois. Prenez soin de vous !
« Votre petit-fils. »
D’accord… Certains ajouteront que ce récit fait très lèche-cul ! C’est faux, nous essayions réellement pendant tout ce temps de nous rapprocher de notre grand-père. Nous voulions apprendre de ses expériences de vie, de son passé colonial au Maghreb, etc. Nous voulions connaître les joies d’une famille presque unie, l’intérêt que devrait porter tout ancien à la génération qui le suit. Nous nous trompions lourdement et ne réussîmes qu’à attirer sa véhémence mal construite et mal dirigée, rancœur d’une vieille peau qui s’accrochait à sa carcasse.
Robert à nous :
« Salut le Thaïlandais !
« Sur ta lettre du 23 juin 2003, tu as écris : “J’ai aidé à Kuala Lumpur la Soka Gakkai à installer une exposition et ils m’ont proposé un emploi alors que tout était déjà prévu pour mon retour…” et tu as abandonné ! Tu manques vraiment de jugeote ! Tu conservais l’argent de ta mère et tu les remboursais plus tard ; je t’aurais même aidé ! Quand on part, on ne revient pas. Voilà pourquoi je ne t’écris plus. Quant à l’allusion à la branche d’olivier, tu n’es pas habilité à en parler ne sachant pas ce qui s’est passé ! Je te dispense à l’avenir de toute allusion inconsidérée. Tu as raison de ne pas courir après l’héritage car tu serais essoufflé au terme de ta course pour rien. Dans le reste de ta lettre, tu écris que tu t’installes mais que tu veux foutre le camp à nouveau. Je crois que tu es fêlé comme ta mère et que tu devrais aller voir un psychiatre. Je n’ai rien d’autre à te dire. »
« Quand on part, on ne revient pas ! » Voilà un adage qu’il appliqua à la lettre, d’ailleurs, laissant notre grand-mère dans la merde pour revenir vers ses enfants des années plus tard, pleurant de solitude et les valises pleines de fric. Nous nous rendions à notre boulot lorsque nous décryptâmes ce tas d’imbécillités. Nous ne pouvions attendre pour lui répondre, prîmes donc le premier papier que nous trouvâmes – un format carte de visite – et y inscrivîmes notre réponse.
Nous à Robert :
« Je ne suis pas fêlé, grand-père, et je n’ai guère besoin d’un psy. Pour ma part, je ne me planque pas derrière des convictions usées dans un appartement certes grand mais bien vide. J’apprends à évoluer dans un monde qui est le mien et au lieu de marcher des heures, l’iode au nez, sur des remparts tombants, en pensant à un passé social raté, je sors avec mes amis, profitant de toutes les opportunités que m’offre la vie. Je ne suis pas fêlé, grand-père, tu es seulement différent de moi et je suis fier de cela ! Pas si différent toutefois si tu as ouvert cette lettre et l’as lue jusques au bout. »
Nous fûmes toujours très doué en diplomatie… Cela ne valut pas l’inscription de notre nom sur son assurance-vie mais ce fut un réel plaisir de le remettre à sa place. Il mourut le 27 novembre 2005. Trois nuits plus tôt, nous nous promenions, sans nous en douter, vagabond et heureux, sur la plage de Saint-Malo, non loin de sa résidence. N’hésite jamais à sortir ce que tu as sur le cœur, Fidèle, encore moins avec ta famille (surtout pas avec elle) !
« Voilà dix-neuf siècles, pensa-t-il, que cela dure, cette demande sans réponse d’un Père qui règne in terra et qui délivre. Il faut que le genre humain soit terriblement constant pour ne s’être pas encore lassé et pour ne s’être pas assis dans la caverne de l’absolu désespoir ! »*
« Mourir, c’est éternel… »
Ce soir-là, nous nous trouvions à la maison, devant notre ordinateur. Nous avions 18 ans et passions alors nos soirées sur l’Internet – cela n’a guère changé d’ailleurs. En dehors de nos études, notre seul plaisir était l’univers qu’en esprit nous nous forgions. Il était constitué d’une infinité de rêves parallèles et complexes, dont nous étions le seul maître. Nous entretenions au final peu de rapports avec le monde extérieur ; d’éphémères relations, dirions-nous, intenses parfois mais insatisfaisantes, de simples expériences humaines pour l’éternel esprit que nous voulions être. C’est ainsi que nous nous présentions sur la toile mondiale. Un garçon, plus jeune de deux ans environ, nous aborda ainsi :
Julien . Mourir, c’est éternel…
Nous . Pourquoi me dire cela ?
Julien . Car on est sur un monde de merde, pour faire simple, où la seule issue c’est la mort.
Nous . Alors jette-toi du haut d’un pont ! Tu es humain et personnellement cela ne me dérange pas !
Julien . J’étais dans l’illusion jusqu’à il y a deux jours, la réalité et la vie je m’en moquais mais là je pense que je vais suivre ton conseil, merci !
Nous . De rien, si je peux rendre service…
Julien . Oui tu m’as donné le courage de mourir, tu as précipité ma mort !
Nous . Sans vouloir t’offenser, tu ne sais même pas de quoi tu parles !
Julien . Ah oui ? Moi, je ne sais pas ? Ton pire ennemi c’est ton ego !
Nous . Mon ego… Non, hélas ! Mon pire ennemi est sans doute ce que je suis mais c’est en même temps mon meilleur atout. Profite de ta vie, c’est un conseil judicieux ! Jette-toi du haut d’un pont si tu veux – c’est ton affaire – mais tout ce que je peux te dire, c’est profite car la vie humaine est courte !
Julien . Vivre pour souffrir ?
Nous . Tu es humain, accepte-le !
Julien . Je ne peux pas, désolé.
Nous . Je ne peux rien pour toi alors !
Julien . Je le sais bien, mais tu n’as pas non plus la possibilité de connaître ce qu’être humain peut apporter.
Nous . Dix-huit années d’humanité ne sont-elles pas suffisantes pour le savoir ?
Julien . D’inhumanité tu veux dire…
Nous . Tu sais, vivre en humain ou parmi eux, c’est pareil.
Julien . Nous ne sommes pas à la réelle origine du mot humain.
Nous . Mais de quoi parles-tu ? Tu délires un brin, non ?
Julien . De toute façon je suis insignifiant pour toi, je ne délire pas, tu crois tout savoir !
Nous . Tu as raison, c’est vrai. Je ne m’attache guère aux humains, je vis avec eux seulement.
Julien . As-tu déjà aimé ?
Nous . Naturellement !
Julien . Tu en as donc déjà souffert !
Nous . Non, pas de l’amour !
Julien . Par la suite alors… De la perte de ce lien passion / illusion.
Nous . On t’a largué… C’est pour cela que tu penses à la mort ? Crois-moi, c’est absurde !
Julien . Oh non ! Il n’y a pas que ça. J’ai connu une fille qui vivait un enfer sur Terre, je me suis pris de passion pour elle, d’espoir, de rêves. C’était réciproque et elle va se donner la mort bientôt. Humains de merde !
Nous . Tous les humains sont faits de la même manière… Si tous se suicidaient (c’est presque le cas dans un sens, ce qui n’est pas pour me déplaire), la planète serait vide !
Elle va se donner la mort et toi, tu me parles sur l’Internet ?
Julien . Voilà ! Tu ne comprends rien ! Ne juge pas les gens comme ça !
Nous . Si tu veux que je comprenne, sois plus explicite dans ce cas !
Julien . Non !
Nous . Alors pourquoi m’avoir contacté ?
Julien . Je croyais que tu aurais pu me venir en aide… Juge-moi plutôt, c’est plus facile !
Nous . Je juge les humains en général, pas toi en particulier…
S’il te plaît, si tu as quelque chose à demander ou dire, je t’écoute !
Julien . Tu ne peux rien faire pour moi, ni empêcher sa mort, ni rien !
Nous . Dans ce cas c’est réglé et je crois personnellement que c’est ce que tu veux !
Julien . Comment ça ? Elle va mourir donc ?
Nous . C’est toi qui ne veux rien me dire… Je ne suis ni devin ni ton dieu, quel qu’il soit. Je comprends beaucoup de choses en revanche, à condition de me les dire !
Julien . Je ne veux pas qu’elle se suicide, je n’ai qu’elle dans ma vie.
Nous . Alors parle…
Julien . Sans cette fille je ne suis plus rien, c’est ma raison de rester ici, d’atténuer mes souffrances avant la mort, d’éclaircir tous ces moments de douleur.
Nous . Si tu continues à t’apitoyer sur ton sort, c’est moi qui vais te pousser du haut d’un pont, tu sais !
Julien . Je ne veux pas de famille, ni d’une grande maison, ni d’un boulot, je m’en fous de leur de vie de consommation à la con… Je l’aime pour l’éternité, et je veux profiter d’une infime petite part de cette éternité – la vie – avec elle !
Nous . Là, je te coupe… L’éternité n’est pas pour les humains ! Si tu veux profiter de la vie avec elle, dis-moi ce qu’il se passe et je pourrai peut-être t’aider !
Julien . Son passé dont elle a tant souffert et que j’avais réussi à lui faire oublier, grâce à nos rêves et espoirs, s’est retourné contre elle ! Tout le monde la manipule pour ne pas qu’elle vienne avec moi, car elle m’aime tant qu’elle aurait tout plaqué pour moi. Et elle croit que la solution c’est de mourir ; ce n’est pas la première fois, c’est une suicidaire avertie.
Nous . As-tu essayé les services sociaux ?
Julien . Pour faire quoi ?
Nous . Dépêcher un psy pour l’aider ! Penser à la mort n’est pas franchement sain pour un mortel !
Julien . Ce n’est pas une fille banale avec une envie de se suicider depuis un jour, c’est depuis toujours presque.
Nous . C’est la facilité qui ne sert à rien !
Julien . Je croyais voir plus clair, en fait je me perds encore plus.
Nous . Laisse-moi te dire que vous ne vous retrouverez pas dans la mort…
Julien . Pourquoi ?
Nous . Son corps va être détruit ! Mais son essence – ou âme comme tu veux – va être formatée puis recyclée. C’est l’essence de vie, commune pour tous les mortels : plantes, animaux, etc.
Julien . Pourquoi vivre alors ? Pourquoi cette vie ?
Nous . Tu es humain, il te faut l’accepter ; voilà tout !
Julien . Condamné à vivre, condamné à souffrir, à mourir puis rien. Condamné à être RIEN !!
Nous . Vivre humainement, c’est profiter de l’amour, du sexe, des plaisirs de la vue, de l’ouïe, du toucher, des odeurs, etc. Les humains ne sont rien, c’est vrai, mais ceci est mon point de vue uniquement !
Julien . C’est le mien aussi !
Nous . Du point de vue humain, nous sommes vivants et quelque chose ! Il faut profiter de ce qui nous entoure, laisser les mauvaises choses et ne prendre que les bonnes…
Julien . Et comment devenir… éternel ?
Nous . Tu es humain, peu de chances ! Il faut être choisi, il ne suffit pas de le vouloir !
Julien . Encore de l’arbitraire.
Nous . Non ! C’est une évolution !
Julien . Ils jugent vis-à-vis de quoi ?
Nous . Je ne sais pas ! Je ne suis pas éternel mais seulement destiné à l’être !
Julien . Et comment le sais-tu ?
Nous . C’est comme ça, je ne peux pas te l’expliquer !
Pour ta copine, il faut lui dire que dans la mort, elle ne trouvera pas ce qu’elle espère de la vie !
Julien . Oui… Je suis condamné à n’être plus rien avant la mort puisque ma vie c’est elle !
Nous . Tu veux l’aider en voulant mourir ? S’il te plaît, ne m’aide jamais ! Tu ne l’aides pas, tu veux la suivre dans la mort plutôt que de l’entraîner dans la vie !
Julien . Non ! C’est le contraire.
Nous . Et bien si, c’est ce que tu fais pourtant, tu me l’as écrit au début de cette conversation.
Julien . Oui mais tu m’as appris beaucoup de choses. Je veux m’enfuir avec elle, mais c’est trop tard ! Elle est envoûtée par la mort.
Nous . La mort, à mon avis, n’a que faire de ta copine, elle ne l’attend pas ; dis-le lui
Julien . Elle s’est barrée de chez elle sans portable ni rien… Sa famille et ses amis ne veulent pas me parler.
Nous . Dans ce cas, la mort sera là quand ta copine le décidera…
Julien . Elle avait changé en bien avec moi, ils n’ont pas apprécié !
Nous . Je ne peux pas la trouver pour toi, ta copine. Quant à sa famille, tu es lycéen… Pour eux, ce n’est qu’une crise existentielle, ce qui est vrai sans doute ! Hélas, beaucoup en meurent chaque année !
Julien . J’irai la rejoindre… dans le néant !
Nous . Ce n’est pas le néant… Ton essence va simplement retourner aux origines pour être à nouveau utilisée.
Julien . Et comment expliques-tu le nombre d’humains qui augmente ?
Nous . Comment expliques-tu le nombre d’arbres, d’animaux, d’insectes qui diminue ?
Par ailleurs, le grand équilibre ne se fait pas à l’échelle de cette planète, fort heureusement !
Julien . Oui, heureusement !
Tu ne peux vraiment rien faire pour moi ?
Nous . La connaissance ne sauve pas de vie en général ! Physiquement, je suis impuissant si je ne peux pas parler à ta copine.
Julien . Seule l’action donc pourra la sauver…
Nous . Oui !
Julien . Donc je vais souffrir !
Nous . Tu veux la vérité ?
Julien . Oui !
Nous . Si elle se tue, tu l’oublieras ou tu la suivras, ce qui ne changera absolument rien ! Si elle se tue et que tu vis, tu pourras toujours profiter de la vie pour elle et toi !
Julien . Je ne pourrai plus !
Nous . Mais si ! Tu as quoi ? 15, 16 ans… Évidemment que tu l’oublieras si elle se tue !
Julien . Elle non… Je pourrai pas… Vraiment pas !
Nous . Alors c’est à toi de faire en sorte qu’elle ne se tue pas…
Julien . J’ai tout fait pour !
Nous . Visiblement non !
Julien . Elle est envoûtée par la mort, ses copines. Je l’ai sauvée je ne sais combien de fois déjà.
Nous . Ses copines l’incitent-elles à se jeter du haut d’un pont ?
Julien . Ses copines l’incitent à dire que je ne l’ai pas aimée – elle souffre – en sorte qu’elle reste avec elles… Mais elle va partir tout simplement vers la mort ! Je suis en pleurs.
Nous . Je ne peux pas grand-chose ! Tout d’abord, je vois des cas comme le tien tous les jours et je n’ai pas franchement de sentiments pour cela. Par ailleurs, je ne vous connais pas personnellement et même si je le voulais, je ne pourrais pas vraiment vous aider, ni elle ni toi !
N’as-tu vraiment aucun moyen de la contacter ?
Julien . Non !
Nous . Personne donc ne sait où elle est !
Julien . Je vais m’en vouloir… Mais bon… Je ne suis qu’un humain !
Nous . Oui, les sentiments chez les humains sont source de souffrances. Mais heureusement, ils sont aussi source de beaucoup plus de bonheur !
Julien . Tu te qualifies comment ? Quelle est ta philosophie ? Ça porte un nom ?
Nous . Non… Désolé, je n’ai pas d’école ! Si je pense différemment, c’est parce que je suis différent et cela est dû à mon évolution !
Julien . Et moi, je n’ai aucune chance de devenir éternel ?
Nous . Je ne peux pas te le dire car je n’en sais rien.
Julien . Qui vivra verra !
Nous . Alors vivons !
Julien . Alors vivons… Il y a sûrement beaucoup de gens qui te prennent pour un fou ?
Nous . Mes ami-e-s me prennent tel que je suis ; les autres, je m’en fous. Peu de personnes s’intéressent à moi de toute façon. Je suppose un manque certain de compréhension ! Peu de personnes aiment savoir comment ils vont finir…
Julien . Tu me fascines ! Dis-moi juste un mot sur l’Amour dans ma vie ou mon futur très proche !
Nous . Je te l’ai dit, je ne suis pas devin !
Julien . C’est vrai… Désolé, c’est mon côté humain !
Nous . Dans une certaine mesure, les humains choisissent leur avenir, en revanche tous les mortels n’ont qu’une seule et même destinée : la mort, forcément ! C’est tout ce que je te peux dire hélas.
Julien . Merci beaucoup, tu m’as appris tellement de choses ce soir !
Nous . Si je t’ai appris que sauter du haut d’un pont pour trouver la mort ne sert à rien, c’est déjà ça…
Julien . Oui, merci d’avoir été là !
Nous . Trouve ta copine… Sauve-la !
Julien . Il vaut mieux que je la perde dans la mort ou dans la vie ?
Nous . Pour elle comme pour toi, il vaut mieux qu’elle vive… Quant à toi, ne saute pas, tu sais désormais pourquoi !
Julien . Oui.
Qu’aurions-nous pu lui répondre, nous qui ne sommes que prescient, pas devin ? Julien ne fut pas le seul ado déstabilisé par la vie que nous rencontrâmes sur l’Internet, ou ailleurs. Nous ne cessons de répéter que tu ne peux admettre ton humanité, Fidèle, que si tu la comprends. C’est pourtant simple : tu vas mourir ! Ne cherche pas à savoir quand, ni comment. Vis le temps qui t’est imparti, vis-le au mieux ! Dans la mort, personne ne t’attend ; tu rejoins un tout.
Sur l’Internet, nous trouvons des gens qui croient en ce qu’ils écrivent, en ce qu’ils font, et beaucoup de mythomanes, des gens perdus qui essayent de croire en quelque chose pour justifier ce qu’ils sont. Nous visitâmes un jour par hasard un forum de magie. Nous prîmes rapidement un certain plaisir à observer cette toquade que tous semblaient éprouver pour ces faits surnaturels. De Buffy à la réalité, il y a tout un monde ! Au milieu s’étend un abyssal gouffre d’incompréhension dans lequel beaucoup de jeunes ados se perdent. Nous postâmes donc un message qui nous attira de vives critiques. Nous touchions à leurs croyances, leurs espoirs et leurs illusions. Nous nous rendîmes compte au cours de notre rédaction que nous ébranlions également nos propres fils de vie.
C’est l’histoire d’un garçon, Louis, qui passait son temps à rêver dans un monde qu’il avait créé et dont il était le seul à posséder la clef. Ce monde était parfait, il lui apportait tout ce dont il avait besoin, il était son repère dans lequel il trouvait refuge lorsqu’il avait un problème. Il y pensait à chaque instant, il se demandait quelle serait sa prochaine aventure et se plaisait à se l’imaginer. Chaque soir, il regardait les étoiles dans les cieux obscurs et réclamait – certains diraient priait – pour qu’on lui donne enfin les moyens de concrétiser son projet, de matérialiser son monde, ses mondes. Car pour lui, ce à quoi il pensait ne représentait pas des rêves mais des anecdotes dont il serait un jour le révélateur. Louis se disait animiste, il ne croyait pas en Dieu mais en la nature ; il lui appartenait de la vénérer, sinon de la protéger. Au cours de ses longues promenades dans la forêt, il pouvait vérifier que ce en quoi il croyait existait réellement, et cela le rassurait, cela lui suffisait ! Un beau jour, alors qu’il se promenait dans les rues de la vieille ville, il fit la rencontre de deux personnages fort intéressants, des Mormons ambulants qui invitaient les passants à s’intéresser à leur église. Très curieux, trop peut-être, Louis entreprit une conversation avec l’un d’eux, exposant ses maigres observations sur les religions en général, fier de se dire qu’il ne croyait en aucune d’elles, qu’il possédait ses propres convictions, aboutissement de ses expériences passées. Il avait entendu toutes sortes de choses vis-à-vis de ces personnes mais il accepta, dans le but d’étayer ses propres convictions, le rendez-vous que lui donna l’elder mormon. La semaine suivante, il se retrouvait à discuter de la foi mormone après avoir lu, seulement pour posséder une source directe de renseignements, le premier livre du Livre de Mormon – qu’il assimila d’ailleurs à de la pure science fiction ! Il fit part aux deux missionnaires de ses remarques, des incohérences qu’il avait pu noter dans ce prétendu livre sacré. À la fin de la séance, il accepta un second rendez-vous, toujours par curiosité. Cette fois-ci, c’est le missionnaire qu’il avait rencontré dans la rue qui organisa la séance. Ils parlèrent à nouveau de la foi.
Louis . La foi est universelle, la foi en Dieu ne l’est pas !, se surprit-il à dire alors que l’un des missionnaires venait de comparer la foi en la science avec la foi en Dieu. Je ne suis pas d’accord ! reprit-il plus calmement. Un scientifique se base sur des faits réels, sur des observations, avant d’énoncer une théorie ; bien entendu, il imagine tout avant, il croit en ce qu’il imagine, mais tout en se posant des questions quant au bien-fondé de cette foi.
Un troisième rendez-vous fut pris et Louis était bien décidé à prouver à ces missionnaires une fois pour toutes que leur point de vue n’était pas objectivement universel. Il se mit donc à réfléchir, seul, face aux étoiles, jusques au moment où une terrible pensée lui vint à l’esprit. Et si Dieu n’était que la représentation spirituelle de l’arme qu’utilisent les humains pour se protéger de leurs peurs, leurs doutes, leurs souffrances et pour réprouver la futilité de leur vie… ? Et si l’humanité avait créé les religions pour apaiser ses maux, pour éloigner sa peur de la mort, pour donner un sens à son existence, un chemin à suivre ? Il venait d’ébranler sérieusement son monde si stable, si parfait, car si sa théorie était valable, ce dont il ne doutait plus, elle ne s’appliquait pas exclusivement à la religion mais également à l’imagination, la rêverie, les contes, la magie ; tout ce en quoi il croyait ne serait que pure fantaisie ! Finalement, le problème de Louis est le doute, ou la raison. Toujours est-il que l’on ne peut mélanger doute ou raison et croyance ou rêve. Maintenant, Fidèle, imagine l’état dans lequel se trouve Louis ! Essaye d’entrevoir son avenir ! Seules trois solutions s’offrent à lui :
– Continuer ainsi, ne plus avoir foi en rien, vivre avec ce poids, cette détestable vérité, accepter le malheur ;
– Recevoir des étoiles ce qu’il demande depuis tant d’années ;
– Oublier. Mieux vaut quelqu’un qui ne sait pas et qui est heureux que quelqu’un qui possède un savoir qui le rend malheureux, puisque de toute manière, il arrivera ce qui doit arriver en temps voulu.
L’humanité doit-elle absolument se créer ses propres armes pour lutter contre le désespoir ou alors existent-elles réellement ? La magie fait-elle partie de l’imagination collective afin de repousser la déjà bien courte destinée humaine ou existe-t-elle réellement ? Louis ne peut plus se contenter d’une réponse manuscrite, de simples mots sur une feuille blanche, d’un : « Il faut y croire pour le voir ! » trop facile, trop arrangeant, qui confirme ses craintes… Il n’accepte plus la primeur d’une vérité pâle que l’on ne peut toucher. Louis demande désormais la preuve ; il veut voir pour y croire car il a compris que l’on pourra toujours dire : « Si tu n’as rien vu, c’est que tu n’as pas assez cru ! », et que cette réponse hypocrite et lâche fait le lit de l’ignorance.
Le père Auguste Tenaud est un être fascinant ! Nous ne savons pas ce qu’il devient mais il tient une place toute particulière dans notre cœur, autant que dans notre esprit. Avec lui, nous eûmes l’un des plus bouleversants entretiens de notre jeunesse. Il fut, à l’instar de si peu de monde, un formidable guide spirituel. Comment expliquer que cet être qui voue une croyance sans borne en la personne humaine et en Dieu, deux entités que nous abhorrons, put avoir sur nous tant d’influence ?!
Le père à nous :
« Par Foi, j’entends la reconnaissance d’un amour et d’une vérité dans laquelle ma vie peut trouver son origine et sa fin… autrement dit son sens. Croire en Dieu, c’est reconnaître et confesser que quelqu’un, quoiqu’il m’arrive, m’adresse toujours la parole, m’offre son amour, m’invite à entrer en communion avec lui. Pour les Chrétiens, cette Parole est le Christ. Tout homme qui s’interroge sur l’énigme de sa propre vie, sur le mystère de son être au monde, doit s’engager dans un acte d’acceptation ou de refus… Je suis déjà là quand se pose la question de la foi avec la possibilité de découvrir un sens aux choses de l’Univers, non d’apporter une explication en scrutant le comment des choses (cf. scientifiques) mais de chercher à travers elles une Parole d’origine et de finalité, de recevoir cette Parole comme un don et d’en partager le message avec ceux qui m’entourent, qui vivent autour de moi… Il s’agit donc de la grâce, de sentir qu’on n’est pas jeté au monde par l’effet d’un accident, d’un hasard, comme quelque chose d’inutile et de fortuit mais que l’on existe parce qu’un amour mystérieux, infini, nous précède et nous porte. Dieu est la Vie et la foi en Dieu n’est pas différente de la foi en la Vie. Rien n’est plus opposé à la foi en Dieu que le refus de la Vie car il y a une totale synergie entre le don de la foi et la foi en la vie, entre l’engagement d’un croyant dans le monde et sa foi en Dieu… cf. le cantique de Saint François d’Assise qui remercie Dieu de la lumière des astres et du don de tous les éléments. Ma 1ère théologie a été la contemplation de la nature. La révélation est constituée par deux grandes Paroles : celle d’une part de la création par la grandeur, la complexité et la beauté du Cosmos et celle d’autre part de la Rédemption, par la bouche des prophètes de Jésus, des apôtres. Ces deux Paroles sont au service de la Révélation du Verbe Unique de Dieu : Le Christ. Pour comprendre la révélation contenue dans La Bible, nous devons avoir été touchés par le mystère de l’être et entendre la Parole divine inscrite par Dieu dans la Création. Saint Irénée : “Le mépris de la chair et de la matière relève de la négation même de Dieu.”
« “On ne peut connaître Dieu selon sa grandeur mais selon son amour.”… Aux philosophes et aux savants, l’ordre de la connaissance, aux croyants, l’ordre de l’Amour. Ces deux ordres ne s’excluent pas l’un l’autre, bien au contraire. L’Église est comme une matrice qui porte les Hommes pour les engendrer à la Vie et leur permettre d’accéder à l’expérience de Dieu. À celui qui souffre, elle fait entrevoir le visage de Jésus, partageant nos souffrances comme victime innocente et ressuscitée… Elle ne prétend pas apporter une explication au mystère du mal et de l’injustice… Jésus n’a jamais tenu de raisonnements sur le mal et la souffrance… Il s’est plongé dans son mystère et nous invite à y plonger à notre tour… C’est le sens du verbe Baptizein… pour ressusciter avec lui. La mission de l’Église est de révéler aux Hommes la proximité d’un Dieu qui, en Jésus, est venu lui-même dans ce monde, y a grandi, y a travaillé, y est mort, est ressuscité comme “1er né d’une multitude de frères” pour nous faire entrer avec lui dans une vie qui ne meurt plus. En nous adressant sa Parole, Dieu cherche à nous rencontrer pour nous rendre capables d’assumer notre vie et notre mort, de cette même manière confiante et filiale qui conduit Jésus à remporter la victoire sur tout mal, jusqu’à la Résurrection… Ainsi l’Église promet de découvrir un sens à notre propre existence de vie, si désespérée ou navrante soit-elle et de nous greffer sur la source lumineuse, le Christ, qui nous propose de vrais chemins pour vivre. L’Église, celle qui engendre à la vie : baptême d’un enfant pour le confier à Dieu dans le même temps où il entre dans la vie. L’Église, pour les Hommes qui la rencontrent sur leur chemin, est celle qui donne goût et sens à l’existence, et pour ceux qui s’approchent d’elle, une mère attentive, consolante, réconfortante, profondément humaine, révélant en chacun ce qu’il y a en lui d’unique et d’aimable et lui apprenant à aimer. L’Église, une communauté de témoins qui choisissent la douceur plus que la violence, le partage plutôt que le profit, l’amour plutôt que la haine, le pardon plutôt que la vengeance ; qui choisissent l’Espérance plutôt que le désespoir, qui aspirent à être des artisans de la paix plutôt que des va-t-en guerre et qui décident d’être les artisans de la Pâque du monde, c’est à dire des passeurs (pâque en hébreux veut dire passage) toujours soucieux de faire passer la création et toute l’Humanité de la Mort à la Vie… L’Église est là pour ouvrir la voie, faire du neuf de l’ancien, donner du souffle… L’absence de sens provoque le stress – chacun court sans trop savoir où il va et ainsi entretient la dépression psychique et morale.
« Où s’enracine la quête du sens de l’Homme ? Tout homme est appelé à créer du sens dans tout ce qu’il fait. Le drame commence quand il ne parvient plus à croire en rien ni en lui-même. S’ouvre alors le gouffre du désespoir…
« Question aux Chrétiens : quelle est la foi qui nourrit ton espérance ? Quel sens apporte-t-elle à ta vie ? “Dieu vit que cela était bon.” Parce que je suis “un être pour la mort” et que je vis dans un monde où les Hommes se massacrent tous les jours… le constat est la précarité de ma vie et cela est vrai pour toutes les espèces vivantes… Devant les moyens de destruction et les dangers de mort dont l’Homme a parsemé la planète, la question sur la survie de son espèce est normale. Toutes les espèces vivantes sont concernées et nous les humains sommes concernés. Cette question de la Vie-Mort est sous-jacente à celle sur le Commencement et la Fin des temps… et est déjà présente dans la tradition judéo-chrétienne.
« “Au commencement Dieu créa le ciel et la terre.” Le monde n’est pas qu’un jeu d’énergies complexes, mais fondamentalement une donation. L’Écriture propose une relation avec le créateur qui nous l’a offerte… : émerveillement et gratitude. “Dieu vit que cela était bon.” En grec, bon et beau sont synonymes. La bonté du créateur se montre dans la beauté et la générosité de la création… S’il y a donation à l’origine de tout, cette donation est l’œuvre de quelqu’un, même si ce quelqu’un demeure invisible et retire sa main dans le geste du don comme il se cache derrière son nom. Par son œuvre, il nous attire à lui mais ne met pas la main sur nous… C’est la discrétion de Dieu… Dieu s’est retiré pour que le monde soit, pour que je puisse exister… Autrement dit, Dieu ne veut pas des esclaves mais des amis. Il ne m’appelle pas à la vie pour m’envahir mais pour me laisser être. Il se cache pour m’engendrer à la liberté… La Bible nous remet entre les mains de la Parole toute puissante et humblement effacée qui prononcera un jour le dernier mot sur nos vies. Dieu est Alpha et Oméga de nos libertés et de tout l’univers. De sa Parole naît la Confiance : elle est notre seule espérance de vie. Nous n’avons aucune autre preuve de l’existence de Dieu sinon celle que suggère notre capacité de croire et d’espérer que la vie ne va pas vers la Mort, que la création ne va pas vers son anéantissement, vers le néant. La Foi propose un Absolu à nos brèves, fragiles existences et nous soutient dans notre marche vers Lui… Ce qui est exactement donner un sens à notre vie… »
Avant ce message sur la foi, le père Auguste et nous-même avions abordé à de nombreuses occasions le sujet. Son témoignage est indéniable – nous en sommes conscient – mais il est la conséquence d’une réflexion commune bimillénaire qui laisse peu de marge à la contestation. Nous avons tous au-dessus de nous cette main écrasante que nous devons assimiler soit à Dieu, soit à la croyance que les Hommes Lui vouent. Que penser… ?
Nous au père :
« Qu’est-ce que la foi ? Une idée ? Une création ? Un besoin inhérent à l’humanité ? Quelle que soit la religion que les humains adoptent, c’est pour selon moi trois raisons fondamentales :
« – Combler un vide. Les humains ne sont en effet pas complets, il leur manque toujours quelque chose et ils ne sont jamais contents de ce qui est naturellement à leur disposition ;
« – Combattre par une représentation spirituelle leurs peurs, leurs doutes, leurs souffrances et la futilité cosmique de leur existence ;
« – Trouver un sens à cette existence dans une idée conçue puisqu’il ne leur vient pas naturellement…
« Vous écrivez dans votre lettre que la foi offre la possibilité de découvrir un sens aux choses de l’univers. Il faut un sens à toute chose mais pourquoi alors le chercher dans une idée conçue alors que la nature est là pour nous apporter les réponses aux questions que nous nous posons. Il suffit seulement de savoir les lui poser… Je crois en la vie, père, et je sais que Dieu, Diable, anges, démons… toutes ces entités existent car les humains croient en elles. Pourtant, si l’on y pense un peu, elles sont mortelles car il suffit qu’elles soient oubliées pour disparaître. Au fil du temps, les humains ont beaucoup cru et oublié encore plus. Que sera devenu le Christ dans trois ou quatre mille ans ? Sera-t-il toujours présent dans l’esprit des Hommes ou aura-t-il subit le sort des premiers avant lui ? Dame Nature, elle, sera toujours là… L’Homme peut être grand parfois mais le plus souvent se sent-il petit, perdu au milieu de l’immensité universelle. L’Homme tend à croire qu’il détient la connaissance, la clef de son avenir, des valeurs sûres sur lesquelles reposer sa société mais il n’en est rien ! Si l’Homme se crée ses propres religions, c’est car il sait au fond de lui que tout ce qu’il a découvert depuis tant de millions d’années n’est rien comparé à l’immensité universelle ! Comme je l’écris plus haut, l’humanité a peur, elle ne sait pas où elle va ni pourquoi elle y va… Elle marche… Elle trace elle-même son chemin dans l’espoir insensé de découvrir un jour la clef de la vérité mais elle a peur car elle sait au fond d’elle-même qu’elle ne sait rien ! La planète Terre est avec l’histoire la seule chose que l’humanité laissera derrière elle et je suis révolté lorsque je vois ce que l’Homme fait de ces deux entités : il détruit l’une pour mieux salir l’autre… Vous disiez que l’on ne peut communiquer avec la nature. Pourtant, je parviens même à communier avec elle et je sais qu’elle veille sur moi car chaque jour elle me le montre au travers des êtres qu’elle m’envoie. Dit ainsi, cela peut s’appliquer au Christ également… Vous croyez en l’humanité car les Hommes peuvent communiquer… Je pense en effet qu’ils le peuvent mais qu’ils ne savent pas le faire car il leur manque une chose importante : l’écoute ! S’ils savaient écouter et regarder les choses naturelles, celles qui étaient là avant eux et seront là après eux, ils agiraient autrement, plus sagement et alors moi aussi je croirais en eux ! Mais c’est utopique de croire qu’un jour l’humanité s’adaptera à son environnement plutôt que l’inverse. Il y a une chose à laquelle j’aimerais que vous pensiez chaque jour : pourquoi la nature peut-elle se passer de l’Homme mais l’Homme pas de la nature ? Je retiens une chose en particulier de votre lettre : croire en l’existence de Dieu, c’est donner un sens à sa vie. Je n’y crois pas – je sais qu’il existe, comme c’est le cas de toutes les croyances – mais ma vie à un but que je m’efforce d’atteindre : la recherche du temps ! Il ne serait que trop long d’entrer dans le détail mais sachez seulement que nous nous rejoignons vous et moi pour affirmer que tout Homme que nous sommes, nous avons un besoin naturel de croire en une finalité autre que la mort… J’en profite enfin pour vous remercier de m’avoir permis d’évoluer.
« Bien à vous ! »
Nous avions en effet à cet instant parcouru beaucoup de chemin depuis le récit de Louis. Le père Auguste nous avait donné matière à réfléchir. La foi… Notre esprit était tellement confus… Continuons notre exploration avec notre cher théologien !
Le père à nous :
« Le monde est fait de mystères qui ne peuvent laisser indifférents. Pourquoi l’Homme a-t-il cette dimension affective et humaine si belle ? Pourquoi le monde est-il ruisselant d’intelligence ? (Einstein) S’est-il créé tout seul ? L’Esprit est-il le produit de la matière ou au contraire la matière peut-elle être appréhendée et comprise par l’esprit ? Si l’on accepte de se poser ces questions, il faut aller jusqu’au bout et lire La Bible, c’est à dire les Évangiles, les psaumes, les proverbes, etc. On y découvre une réponse qui va au-delà de l’intelligence humaine mais que l’on goûte, qui est comme une étoile polaire. Dieu est inexplicable. On dit qu’il est immense – cela veut simplement dire qu’on ne peut le concevoir avec son esprit humain… L’acte majeur de l’intelligence est de reconnaître ses limites et d’accepter le mystère. En même temps dans l’infini il y a cette immense cohérence. “Sans Moi, vous ne pouvez rien faire de bon parce que je suis le chemin, la Vérité et la Vie.” Dieu est un mystère… mais il est bien vivant au fond de chacun d’entre nous et nous appelle. Il agit dans le respect de notre liberté. Nous ne pouvons pas nous guérir nous-mêmes comme un médecin ne peut pas s’opérer lui-même de l’appendicite ! Le mystère de chaque être humain, le mystère de Dieu… L’un appelle l’autre. Personne ne parviendra à mettre un individu en équation. Je pense que la Foi est autre que ce que tu as écrit… Avec Jeanne d’Arc, je dis : “Si j’ai la foi, Dieu la garde ; si je ne l’ai pas, Dieu me la donne.” Qu’est-ce que la Foi ? Un philosophe a dit : “Quand vous êtes devant un ami, vous êtes devant un mystère mais vous savez par expérience que cet ami vous apporte quelque chose. Vous croyez dans votre ami, vous avez foi en votre ami. L’objet de la foi est l’ami et la Foi est un acte qui vous relie d’une façon mystérieuse à votre ami.” Ma foi est issue d’une expérience personnelle que je crois profonde… Pour moi, le chemin de la foi est chemin de la vie. Le chemin de la vie de tous les jours est le chemin de la vie de toujours et la vie de toujours ce n’est pas quelque chose mais quelqu’un : le Christ Ressuscité. La Foi est un commun rapprochement de Dieu et de l’Homme… Mais comme il faut du temps… On ne se rapproche de Dieu qu’en prenant du recul par rapport à soi-même… Dieu est toujours inattendu. Jésus est venu sur terre, non pour réduire cette distance entre l’Homme et Dieu, mais pour la faire apparaître infinie afin que nous sachions que l’Homme (toi, moi) est appelé à grandir. Le Christianisme est une Vie, pas une idéologie. Le message que je voudrais te transmettre est celui-ci : “La Vérité est plus grande que toi… La réalité est cachée dans les faits comme le métal dans le minerai… La Vérité : on a jamais fini de faire la vérité.”
« “Aime !”, dirais-je en plus. Aimer quelqu’un, c’est l’accepter tel qu’il est, c’est partir à la recherche de sa vérité qu’il faut admettre telle qu’elle est, même inexplicable. Tu vas me dire : “Vous n’allez pas me faire croire ça !” Je te réponds : “Je ne suis pas chargé de te le faire croire, mais je suis chargé de te le dire.” C’est simplement le respect de ta liberté, c’est respecter ton mystère. »
Sacrée foi ! Imagine donc, Fidèle, le trouble qui sévit dans notre esprit quotidiennement ! À la lecture de ce message, nous rédigeâmes une synthèse de nos pensées dispersées dans les vents de notre esprit embrouillé !
Nous au père :
« Pourquoi l’Homme doit-il pour exister se conformer à une seule parole, par le biais d’un livre ? La Bible, au même titre que les autres livres de vérité – ils sont nombreux avec chacun la sienne, même au sein de la chrétienté – ne représente pour moi que la synthèse de ce que les Hommes se souviennent avoir cru et croient encore aujourd’hui. L’humanité ne veut pas reconnaître qu’elle fait partie d’un tout naturel dont elle n’est finalement qu’une petite poussière. Son orgueil la pousse alors à créer des merveilles technologiques qu’elle utilise à la hâte pour apporter destruction et malheur. Son point fort en revanche est sa capacité à croire et à aimer. Mais hélas cela ne pèse-t-il que trop peu dans la balance de la sagesse. Les humains possèdent donc une merveilleuse ingéniosité, la capacité d’aimer, de rêver, de croire, mais ils sont aussi orgueilleux, corruptibles et souvent cruels. Du fait de sa conscience des choses, ces deux côtés de l’humanité ne sont pas dissociables. Elle est faite ainsi et même en pensant qu’elle puisse un jour se défaire de son côté bestial (les animaux au passage ne sont jamais cruels), alors ce jour-là je pense que sa fin sera proche. L’Homme est un être naturel, doté d’une spiritualité mais cela ne l’empêche en rien de faire des conneries, au contraire. On ne peut reprocher objectivement à un chien de creuser un trou dans les plantes de Mémé pour y enterrer son os, mais on est en droit d’exiger de l’humanité qu’elle respecte les choses qui l’entourent, du fait qu’elle en est consciente ! Hélas, elle répare ce qu’elle abîme – quand elle y pense – sans jamais avoir la sagesse de tout simplement ne pas abîmer. Alors oui ! Je clame qu’en l’Homme, je ne crois pas. Si par "foi" vous entendez "confiance en l’autre", alors je n’ai pas foi en l’Homme même si j’ai confiance en certaines personnes. Vous avez cependant raison, père, d’affirmer qu’il existe un espoir ; il nous permet de survivre. La dernière fois que nous avons parlé devant un repas, il m’a semblé que je vous décevais car je ne voulais pas faire l’effort de comprendre vos propos et d’accepter vos propositions. Si c’est le cas, j’en suis désolé car je ne le souhaite aucunement. Par ailleurs les ai-je bien compris car je comprends beaucoup de choses, sans pour autant nécessairement les accepter toutes. Je vous avais déjà fait part de ma quête dans ma lettre précédente, sans entrer dans le détail. Peut-être est-il judicieux de le faire maintenant. Je suis dans un corps mortel et cela ne cale pas avec mon projet. Je ne veux pas vivre dans l’esprit car mon essence est éternelle. Mais mon moi actuel n’est que de passage dans ce monde, j’en suis conscient, et je cherche seulement à le prolonger car je ne veux pas perdre tout ce que j’ai appris, et recommencer à nouveau. La vie est comme l’histoire un éternel recommencement, dit-on ! C’est vrai en tout point de vue et la vie pour les mortels encore plus. J’ai un désir d’éternité, je veux être libre d’exister dans les sphères du temps, de l’espace et des ombres. MaqQuête est donc celle du temps ! Peut-être me citerez-vous Saint Augustin qui écrivait dans La Trinité qu’il faut “pouvoir ce qu’on veut, vouloir ce qu’il faut” et que “Dieu nous couronnera en son temps par la communication de son pouvoir. Si nous donnons ce moment de la vie présente à composer nos mœurs, il donnera l’éternité tout entière à contenter nos désirs.” Alors vous répondrai-je simplement que je sais ce que je veux, et que ce que je veux est ce qu’il me faut. Certes ma quête n’est-elle pas conventionnelle et je pourrais effectivement trouver la réponse dans la spiritualité mais c’est une réponse concrètement physique que je recherche. Ne vous trompez pas sur mes mots, je n’ai pas peur de la mort car qui comprend les choses ne les craint pas. Je l’assumerai le moment venu si elle vient à moi pour me dire : “Tu as échoué dans ta quête, ne t’en fais pas, tu auras l’occasion de recommencer, mais pas ici et pas maintenant.” Alors lui répondrai-je : “Hélas ! Allons-y !” et ma quête sera, non continuée, mais recommencée, dans mon cycle prochain. Cela, je ne le veux pas car j’ai le sentiment de l’avoir déjà trop entreprise auparavant. Je possède une conception de la vie bien personnelle. Elle convient à mes aspirations et va dans le sens de ma quête même si elle n’y apporte pas de réponses concrètes. La foi chrétienne, père, va me semble-t-il complètement à l’encontre de mes aspirations. Dieu enseigne à ses serviteurs, non à désirer de pouvoir beaucoup, mais à s’exercer à vouloir le bien ; à régler leurs désirs avant de songer à les satisfaire ; à commencer leur félicité par une volonté bien ordonnée, avant de la consommer par une puissance absolue. Je n’ai rien d’un garçon égoïste mais il est évident que ma quête ne va pas dans ce sens. Et pourquoi la changer si, encore une fois, c’est ce que je veux, et ce qu’il me faut ? Finalement, je suis peut-être passionné. Père, je suis un garçon triste, non pas parce que je manque d’une croyance qui me guide dans mes choix, mais seulement parce que ma quête n’aboutit pas et toutes les recherches effectuées dans ce sens ont été vaines jusques à présent. N’allez pas croire que je me complais dans mon malheur car comme nous en avons déjà parlé, je suis également un être qui aspire au bonheur. On ne peut selon moi être heureux que si l’on a atteint son but où si l’on est sur le chemin qui mène à lui. De toute évidence, je n’ai pas atteint le mien et je n’ai pas trouvé non plus un chemin qui y mène. Vous écrivez que “l’acte majeur de l’intelligence est de reconnaître ses limites et d’accepter le mystère…” Je n’ai que peu de connaissances en la religion chrétienne mais La Bible n’a-t-elle pas été écrite pour précisément expliquer le mystère de nos origines sur cette planète ? Pourquoi les Grecs différenciaient-ils la connaissance de Dieu (gnose) et la connaissance universelle (knosse) ? Je suis le premier à accepter le mystère et ne cherche en aucune manière à expliquer la venue de l’Homme sur la Terre. Est-elle divine, dans le sens “être supérieur à nous” ? Est-elle naturelle, à savoir que nous serions le produit d’une suite de réactions organiques, ou toute autre ? Honnêtement, je n’ai pas la science infuse et ne peux répondre à cette question. Je n’essaye même pas car pour moi, il est des mystères que nous ne devons pas expliquer, de peur pour chacun de ne pas trouver ce que nous nous attendons à voir. C’est une connaissance que l’humanité ne possédera jamais !
« Sincèrement. »
Perdu ! C’est le sentiment que nous éprouvions en rédigeant ces lignes.
« Vous qui pleurez, venez à ce Dieu, car il pleure.
« Vous qui souffrez, venez à lui, car il guérit.
« Vous qui tremblez, venez à lui, car il sourit.
« Vous qui passez, venez à lui, car il demeure. »*
Autant de confusion dans si peu de mots, tant de questions, d’allusions, d’illusions… Nous ne revîmes pas le père Auguste depuis cette lettre. Nous la lui donnâmes à la gare des trains d’Ubon Ratchatani, lui faisant promettre de la lire après notre départ seulement. Était-ce un signe de refus ? Avions-nous peur de le voir débarquer avec une autre réponse qui nous aurait encore plus embrouillé ? Craignions-nous carrément de devoir encore nous convaincre de quelque chose de sûr, d’une autre Vérité ? Il y a une chose à laquelle nous pensons de temps en temps : si Dieu est ce que nous croyons, alors pourquoi lui vouer notre existence ? Vivons pour nous, ne vivons pas pour lui ! S’il existe et qu’il exige de nous une absolue dévotion, il ne mérite pas le titre que nous lui donnons. S’il existe et qu’il nous laisse libre de vivre notre vie telle que nous l’entendons, pourquoi donc nous embarrasser de pratiques, de mœurs, de rites qui nous enferment ? Si enfin il n’existe pas…
Nous étions toujours en Thaïlande. Chaque soir, nous pouvions nous connecter à l’Internet depuis le bureau de la sœur Nonlak. Nous y passions même souvent des nuits entières, nourrissant notre insomnie de diverses activités. Nous entretenions d’intéressantes conversations avec des gens de toutes les parties du monde, de toutes les origines : européenne, américaine, asiatique, atlante… Nous nous posions à l’époque de curieuses questions sur le continent englouti et nous rencontrâmes un guide qui nous porta à des visions mystérieuses sur son peuple, sur nous-même. Elle se faisait nommer Maïnéa et nous aborda sur un forum français qui traitait des civilisations disparues. La conversation s’étala de mars à décembre 2003.
Maïnéa à nous :
« Je me suis arrêtée en me promenant dans le forum sur vos questions à propos de l’Atlantide. Je n’aime pas ce nom d’ailleurs (ça commence mal, sourire !), je lui préfère le nom de Terres Aki. Vous posez des questions mais pour y répondre il faut avoir la mémoire de ce temps-là, non ? Comment selon vous peut-on donner des réponses à ces Terres disparues depuis si longtemps et dont il ne reste que des mythes ou les écrits de Platon ? Bon on a aussi Edgar Cayce mais je ne l’ai pas lu (non, vraiment, promis ! Rire). Je n’avais pas envie de répondre sur le forum parce que tout ce verbiage m’énerve je dois dire ; le crêpage de chignon permanent, ça lasse ! Mais j’y passe en recherche de quelqu’un qui se pose des questions et qui a peut-être de bonnes raisons de se les poser… ou des raisons qui rejoignent les miennes et celles de quelques-uns comme moi. Je peux vous donner mes réponses en essayant de me souvenir de vos questions. La technologie était très avancée, plus avancée que la nôtre mais différente en même temps, pas de transports supersoniques par exemple, et si elle était là pour le bien-être de tous, elle n’était pas à la disposition de tous. Les Terres ont bien disparu dans un cataclysme, les îles qui en restaient après d’autres cataclysmes ont été ensevelies dans la mer après avoir explosé de tout côté. Ce sont ceux qui dirigeaient qui ont poussé le fer assez au feu pour que tout éclate ! Je n’en suis pas encore au stade où je pourrais affirmer ce que j’avance mais je dirais que cela a été volontaire parce qu’il n’y avait plus rien d’autre à envisager. Alors autant disparaître et faire tout disparaître. Il y a eu des exilés, des habitants qui ont fait souche ailleurs. Le peuple entier de ces Terres n’a pas disparu sous les flots. Mais, oui, trop de gens ont été sacrifiés. D’un autre côté, comment auraient été accueillis ceux qui auraient parlé de technologies inconnues ailleurs ? Quand les Terres Aki ont disparu, il y avait encore des endroits de ce globe où l’on vivait en Préhistoire… donc !! J’ai dû oublier certaines de vos questions, mes réponses peuvent vous faire vous vriller la tempe sur la tête, mais si vous avez envie de continuer ces échanges, dites-moi ce qui vous anime dans cette étrange quête. Elle n’est pas si anodine que ça, non ? À bientôt peut-être,
« Amicalement. »
Nous en eûmes le souffle coupé à l’époque, et une envie singulière, soudaine et presque inavouable agita notre esprit. La brèche était trop visible ! Nous avions besoin de rêve et Maïnéa répondait parfaitement à cette aspiration. De plus, notre nature nous pousse à entrer dans ce genre de jeux, histoire de savoir où est le vrai du faux. Nous allons donc paraître au fil de cette correspondance très crédule ; nous ne l’étions en fait qu’à moitié car avant de nous engouffrer dans cette aventure, nous fîmes quelques recherches. Les Abénaquis sont un peuple autochtone d’Amérique du Nord qui occupait, avant la colonisation européenne, la Nouvelle-Angleterre. Ils furent décimés par les maladies apportées et lâchement transmises par les Anglais dans un but pervers d’appropriation de leurs terres ancestrales. Ils étaient très liés avec les Français en revanche et se réfugièrent dans les années 1700 au Québec pour défendre leurs intérêts ; ils y vivent encore aujourd’hui. Ils font partie avec d’autres tribus de la grande famille des Waban Aki qui signifie Peuple de l’Aurore, les premiers habitants du monde… Aki signifie également Automne en japonais.
Nous à Maïnéa :
« À moi aussi, tous ces bavardages incessants : “C’est moi qui ai raison !”, “Non, c’est moi !” m’ennuient, mais je n’ai trouvé que les forums pour communiquer avec les autres gens car, de là où je suis, cela m’est impossible autrement. Même en France du reste, je ne savais pas comment m’y prendre. Je vous remercie donc de m’envoyer ce message personnel ! Vous écrivez qu’il faut avoir la mémoire des temps anciens pour parler des Terres Aki ; dois-je comprendre que vous descendez de la civilisation atlante ou possédez-vous des sources manuscrites que le monde ne connaît pas ? Je ne sais pas si nos raisons de rechercher les Terres Aki se rejoignent. Je ne pense pas avoir aucune connexion avec son peuple ; si oui, elle m’est inconnue. Un cataclysme, une civilisation dispersée – qui a donc peut-être perdu son Savoir ; tout cela me rend triste ! Je suis un Observateur, vous comprenez, un observateur en quête d’une chose peu commune. Je m’intéresse donc à tout ce qui pourrait m’aider dans cette recherche. Je n’ai aucune mauvaise intention. La civilisation des Terres Aki pourrait m’apporter des réponses aux questions que peu de gens veulent entendre, des réponses sur mon passé, sur ma Destinée, sur moi. Tout cela n’est pas simple… En ce moment, ma vie n’a pas de sens ; je n’ai qu’un point à peine visible sur lequel poser mon regard mais je ne sais hélas pas comment l’atteindre. Outre ces préoccupations morales, j’ai encore à peine de quoi tenir un mois en Thaïlande, après quoi je devrai à nouveau tout quitter, sauf ma Quête. Ceci est mon histoire ! Peut-être l’avez-vous déjà entendue, peut-être ne la prendrez-vous pas au sérieux comme beaucoup de gens, peut-être enfin m’apportez-vous les réponses que je recherche. Mes espoirs sont grands mais j’ai peur d’être trop idéaliste ! »
Nous ajoutâmes à ce message le lien vers l’un de nos sites-web d’alors dans lequel nous nous décrivions, y notions nos aspirations, nos doutes, etc. Nous y annotâmes également nos pensées sur le monde, la société, l’histoire de notre civilisation, nos coups de cœur : Alexandre, César, Louis XIV, Napoléon et tant d’autres, des choses que nous racontions déjà ailleurs. Sa réponse fut assez confuse ; nous la retransmettons cependant telle qu’elle nous l’envoya.
Maïnéa à nous :
« Mille pardons pour le côté un peu obscur de mes paroles hier. Hélas, j’ai appris à me cacher un peu. Je suis allée voir votre site. Je vais passer l’adresse à deux de mes amies. Je pense qu’elles vous écriront. Allons-y pour les explications !
« Vous êtes animiste donc vous croyez aux réincarnations, non ? Je n’ai pas trouvé de documents cachés sur les Terres, hélas ! Je n’ai que l’éveil de ce que j’appelle ma mémoire ancienne pour dire. C’est bien peu pour les malades du “C’est moi qui sais !” ou “J’ai tout trouvé !”, n’est ce pas ? Les cartésiens veulent des preuves et je n’en ai pas, j’ai des recoupements avec d’autres comme moi, ce qui n’est déjà pas mal. C’est en cherchant comme vous des réponses à mes questions sur les Terres qu’alors je ne connaissais que sous le nom d’Atlantide, des questions sans véritable raison si ce n’est comprendre, apprendre et une curiosité qui me poussait dans cette direction que j’ai trouvé, et sur minitel à l’époque, d’autres personnes comme moi. En échangeant, je sentais des images qui se montraient à mes yeux, je suis médium (j’ai oublié mais ça aide, cette faculté là, je pense, à être plus sensitive). Nous avons joué à tester si l’autre derrière son propre clavier ne copiait pas ce qui le premier disait mais non, nous pouvions reconstituer des scènes, les premières, celle de la fin d’un monde pour ses habitants, puis d’autres plus anciennes. Ce que je sais des Terres, je l’ai retrouvé ainsi, par moi-même et quand c’est possible en écho avec la petite bande qui est comme moi. À la fin des Terres, il ne restait que trois ou quatre îles dont une principale, bien cachée à la vue de la planète, bien protégée parce qu’ayant trop de savoir. Ce savoir ne vient pas de la Terre, il a été apporté, nous en sommes encore à la théorie. Moi, je penche (ouf ! plus seule) vers un apport ET ; la caste supérieure de ce peuple était le reste d’un mélange ET / terriens et tout avait été fait pour garder cette pureté de race. Je vous l’ai dit, je n’ai pas lu Cayce, ni qui que ce soit, et je le ferai encore moins pour ne pas être influencée dans mes souvenirs, ne pas me torturer pour savoir si je ressors ce que j’ai lu ou ce que j’ai vu. J’ai entendu parler de la “loi de UN” ; c’est le principe du fonctionnement de la société aki dans son entier, je la rapproche du peu que je sais de la société asiatique, l’individu en lui-même n’est qu’une partie du tout, et tout ce qu’il fait est fait au service de l’ensemble. Notre mode de vie, notre éducation, notre morale étaient tournés vers cela : être tout en un, développer toutes ses facultés, psychiques incluses bien entendu. Ça allait jusqu’à être capable de ne pas avoir besoin de respirer sous l’eau ; un jeune Aki apprend à être l’eau, l’air, le feu, la pierre aussi ! Ça semble fou mais j’ai revécu ces expériences. Pour comprendre la société Aki, il faut parvenir à changer de mode de pensée, sortir du mode occidental ; même pour moi ce n’est pas toujours évident et pour d’aucuns nous sommes des monstres impitoyables, mais j’ai appris à nous lire différemment. Notre technologie était réelle. Le cristal, qui pour moi répond à la consonance “i”. est l’énergie de nos mondes. Nous cherchions désespérément à nous relier à un monde extérieur à la Terre. Reviennent sans cesse dans mon souvenir les mondes, “se relier aux mondes”, comme des exilés qui ont perdu le bateau du retour. Je ne sais pas qu’elle est votre capacité à recevoir de longs mails donc je ne vais pas aller plus loin pour l’instant. J’ai une amie qui retrouve les souvenirs en VA (Voyage Astral) et une autre qui travaille sur une porte des étoiles ; les deux me rejoignent dans cette idée : besoin de se reconnecter à un monde d’ailleurs. Si vous avez des questions, allez-y, bombardez, je ne sais pas vivre sans question donc je peux comprendre et répondre du mieux possible. J’ai pu refaire doucement le chemin de vie d’une Jeune Aki à travers des souvenirs qui semblaient très personnels ; j’ai redessiné la société dans laquelle j’évoluais… Un clin d’œil gentil sur Napoléon : il semble à un souvenir de vie antérieure que j’ai été lingère (?), en tout cas dans l’intendance qui suivait les troupes sur les champs de bataille d’Italie. Je reproche à Napoléon d’avoir oublié ses très belles idées pour ne plus penser qu’à sa propre grandeur, comme Louis XIV, comme tant d’autres, mais hélas c’est humain, n’est-ce pas ? Il doit être difficile de résister à tant de possibilités ; si peu l’ont su ! Alors je ne leur jette pas la pierre, chacun à son échelle a ses erreurs à corriger. Pour les traces physiques des Terres, dans l’équipe, et c’est amusant ça semble être dévolu aux Hommes, il y a les chercheurs de terrain. Si vous cherchez d’autres voyages, les menhirs sont pour moi des portes spatio-temporelles que l’on sent encore. Combien y en a-t-il ? Où sont-elles ? Comment relier les sites qui semblent être des souvenirs des Aki ? Je pense qu’en les reliant sur une carte, on arrive, en éliminant les mauvais, à redessiner quelque chose. Les signes doivent être sous notre nez (comme les constellations, signes sous le nez du jeune homme de Stargate). Pour ma propre personne, en résumé, dans cette vie, j’arrive à 45 ans et cet âge me plaît ; c’est une charnière, je la sens ! J’ai deux filles de 8 et 3 ans bientôt toutes deux et je m’en occupe à la maison. Un problème de santé m’empêche de toute façon d’envisager une activité extérieure. Je passe beaucoup de temps à taper sur mon clavier pour échanger, vous vous en doutez. On peut me tutoyer, je ne me suis pas permis de le faire de moi-même. Si vous avez une photo sur laquelle vos yeux sont bien visibles, et si vous voulez bien, passez-la-moi. Je lis dans les yeux certaines traces de vies antérieures et j’y repère les anciens Aki (sourire). Une amie dit que je fais des lectures de vie. Je n’en dirais pas tant (rire) ! À bientôt avec plaisir si vous avez envie de continuer. Amitiés ! N’shaopaa (c’est le son d’un salut aki qui souhaite que la journée soit heureuse. On peut traduire ça comme ça.) »
Nous aurions pu après cela nous douter de la grosse supercherie avec Stargate. La planète Terre, arboretum humain ? Va savoir, Fidèle ! Après tout, qui peut situer la limite entre imaginaire et réalité ? Nous, nous ne le pouvions pas encore, peut-être même ne le voulions-nous pas. Nous perçûmes Maïnéa comme une femme effectivement malade et cloîtrée qui ne trouvait, comme nous, d’intérêt à exister que dans l’imaginaire, plus précisément dans une vie rêvée. Seulement étions-nous déjà trop impliqué dans cette aventure pour ne pas continuer notre correspondance qui résonnait en nous comme un : « Et si, après tout… »
Nous à Maïnéa :
« J’aime beaucoup la lecture, surtout lorsque le sujet m’interpelle autant. Je suis avide d’informations, d’histoires, de découvertes… Mon but est tout de même de m’y rendre et tout ce que vous pourrez m’écrire me sera très utile. N’hésitez donc pas ! De mon côté, je suis un élève attentif et je fais ce que l’on me demande. Je vous joins donc, une photo de mes yeux. Très honnêtement, je doute être un Aki, ou l’avoir été dans un cycle précèdent. En effet, étant animiste, je crois à la réincarnation des essences mortelles qui forment la Rivière de la Vie. J’ai quelque peu l’esprit cartésien dans le sens où je demande toujours : “Comment savez-vous cela ?” Après, que l’on me fournisse des raisonnements physiques, des expériences ésotériques, ou des retours dans le passé pour preuves, cela ne me pose aucun problème, tel que je le signale sur mon site d’ailleurs. Ce que vous avez écrit à propos des trois ou quatre îles de la fin des Terres m’intéresse particulièrement. Ont-elles survécu au cataclysme provoqué ? Qu’entendez-vous par : “à travers des souvenirs qui semblaient très personnels, j’ai redessiné la société dans laquelle j’évoluais…" ? Parlez-vous de dessins sur papiers ou de visualisations mentales ? En ce moment, je suis en pleine conversation théologique écrite avec un père-missionnaire catholique des Missions Étrangères de Paris et, naturellement, il me soutient que la vie est fondamentalement un don de Dieu. Si par Dieu il entend puissance supérieure, alors en effet je le crois également. Je vénère la Nature sans pour autant me créer des dieux mais je pense en effet qu’il serait fort probable que l’Homme ait été aidé dans son évolution alors qu’il était encore bien jeune (ramapithèque, peut-être australopithèque). J’ai étudié l’Histoire, lu quelques textes mais n’ai jamais trouvé dans ceux-ci comment l’Homme était passé du stade primaire de descendant du singe à celui d’être spirituel avec des croyances et des religions, à celui de bâtisseur. Où a-t-il été chercher cette technologie ? Certainement pas au fond de son esprit, car bien qu’intelligent, il n’était il y quelques millions d’années qu’un être instinctif et moyennement futé. Je crois profondément qu’il a été… enseigné. Par quoi ou qui, je ne saurais le dire ! Cette théorie, je la forge dans mon esprit depuis longtemps. Je l’ai retrouvée à mon grand étonnement par la suite en partie dans La Saga des Exilés de Julian May qui, pour cette raison, est devenue pour moi une référence. Je me pose des questions. Quelles ont été ses recherches pour écrire un tel roman ? Visiblement, je n’étais pas le seul à penser de la sorte. Dans vos propos, vous citez des exilés, leur vaisseau, leur monde lointain. Je ne sais que penser… Ne le prenez surtout pas mal mais j’ai également appris à me méfier sur l’Internet. Mes recherches sont sincères et ma Quête tout ce qui a de l’importance pour moi ; je prends ce que l’on m’écrit très au sérieux et je n’aimerais pas me retrouver au milieu d’un champ de désillusions du fait de ma crédulité. S’il vous plaît, dites-m’en plus sur tout ceci. Vous parlez également des menhirs. Je suis à moitié Breton, bien que n’ayant jamais passé plus de quelques semaines en Armorique dans ma tendre enfance. Les menhirs sont une curiosité pour le monde scientifique autant que pour les chercheurs de l’incroyable. Il en va de même pour les géoglyphes de Nazca, au sud du Pérou, les statues de l’île de Pâques et d’autres mystères dans ce monde. Je voudrais partir à leur découverte, c’est mon désir le plus cher en ce moment car cela irait dans le sens de ma Quête et c’est tout ce dont j’ai besoin. Mais comment ? Je ne suis ni riche ni suffisamment savant pour demander des subventions, ni même d’ailleurs pour entreprendre des recherches poussées et établir des théories crédibles. Ce en quoi j’excelle, je ne l’ai pas encore trouvé… Voyez-vous, si l’on me demandait d’aller sur le terrain avec un GPS, établir une carte des menhirs originels et si l’on m’en donnait les moyens, je serais le premier à partir, le travail à fournir fusse-t-il long, pénible ou encore dangereux. J’ai l’âme d’un chercheur, le cœur d’un explorateur mais hélas l’esprit d’un rêveur, non celui d’un savant qui peut concrétiser ses théories. C’est pour cela que je recherche un commanditaire, pour profiter de son savoir et de son expérience, afin de tailler la mienne dans un roc solide et durable. »
Ou comment demander un emploi de la plus innocente des façons… Nous considérons la sincérité comme l’acte suprême qui mène vers l’évolution. Nous pouvons vivre dans l’illusion mais nous ne pouvons la cacher. Passer pour un abruti naïf n’est alors qu’une épreuve de plus sur cette voie et cela ne nous dérange pas.
Maïnéa à nous :
« Dans le désordre. J’ai recadré votre regard au plus près mais pas à la première vision, j’avoue. Quand j’ai ouvert le fichier, j’ai instinctivement vite refermé et il m’a fallu une sorte de courage pour rouvrir. Je l’ai envoyé (j’espère que vous ne m’en voudrez pas) d’office avant de rouvrir à Jane et Irène, les deux amies avec qui je partage le plus sur les Terres ; nous y étions proches déjà. Je voulais une confirmation de mon ressenti avant. Une forme de vérification. J’ai eu la réponse d’Irène : “Wouuhh, quel regard !” J’attends celle de Jane. Je vous passerai ce qu’elle en dit, promis. Et puis j’ai rouvert le fichier quand j’ai été tranquille ; les jours fériés en France sont propices à visites et il y avait un peu trop de monde ici. J’ai zoomé, recadré, resserré, fait cache autour avec mes mains, votre regard semblait dire : “Voyons si on me reconnaît !”. J’ai tapé ce qui suit à Irène et Jane comme je le fais quand je lis un regard (tous ne me parlent pas) comme en automatique, ce que voyaient mes yeux. Je vous vois une incarnation aki et ça ne m’étonne guère ; rien n’est sur notre chemin par hasard, non ? Moi j’y crois de plus en plus depuis un an que tout s’est emballé autour de moi et des Terres disparues. Voici donc brut ce qui est sorti :
« “Un grand prêtre et aussi de la magie noire, la force noire, des sacrifices humains, un astrologue. J’ai revu la place des grands bâtiments d’études après le tronc général des Shaani. Un jeune homme là encore, une tenue longue genre longue tunique évasée en bas. Il porte quelque chose sous le bras format un grand cahier. Il avance à grands pas… Je le croise (moi-Maï) et on se connaît, il fait partie de la caste des futurs initiés. Il sent déjà le souffre comme on dit. Il est futur grand prêtre ou du moins dans ce collège-là, futur maître au pouvoir. Je le verrai au conseil, j’en suis sûre. Un froid, un cynique presque dirait-on, pas de matière technique dans son domaine, le spirituel, le psychique, collège espion comme Altayan’ mais à l’intérieur.”
« Voici les quelques explications nécessaires car ce texte était destiné à celles qui comprenaient au départ. Dans mes souvenirs de cette vie antérieure sur les Terres, j’ai retrouvé un cycle d’études propres aux filles de la caste supérieure, une sorte de pensionnat avec un tronc commun d’étude et de formations. On appelait ces filles des Shaani, les Shaani aki, les filles de la Terre Aki. Après ce tronc commun, celles qui étaient considérées comme aptes avaient un choix d’études et les études se poursuivaient entre autres dans des bâtiments réunis sur une place ; dans mon souvenir, je n’ai encore retrouvé que cette place-là cernée de bâtiments très hauts. C’est dans un bâtiment de cette place que j’ai revu l’image de ce jeune homme. Je m’appelais Maï (ça sonne comme ça), et quand je parle de moi souvent je fais la distinction moi-Mo et moi-Maï selon la vie dont je parle. La caste des futurs initiés, je sens ce que c’est mais j’ai du mal à décrire. Il faut vous souvenir que ma mémoire ancienne, comme je l’appelle, est comme celle d’un amnésique qui retrouve la mémoire… Ce n’est pas toujours net mais je sais (intuitivement toujours pour moi c’est évident) qu’il y a un collège d’initiés. Sur les Terres, les forces psychiques étaient étudiées et utilisées mais à différents niveaux comme on retrouve maintenant différents niveaux d’initiations dans les sciences occultes d’ailleurs. Je sais de ce jeune homme, sûrement par un aspect de sa tenue (les tenues étaient un signe d’appartenance à un collège), qu’il est entré dans ce collège et qu’il y étudie ; je le vois plus tard participant au Conseil. Le Conseil de l’île est un peu le conseil des ministres en gros. Chaque spécialité professionnelle nécessaire au fonctionnement des Terres y est représentée par une personne et on y transmet les infos, fait les rapports et prend les décisions importantes. Faire partie du conseil implique que l’on a atteint un certain statut et que l’on a une naissance qui le permet. Cette caste peut être assimilée à la noblesse. Je crois que je vous l’ai dit mais il faut vous souvenir que ma mémoire actuelle a des problèmes liés à un problème de santé (comme si pour que l’autre se souvienne, il avait fallu que la présente fonctionne mal soudain ! Amen !) Je me répéterai donc sûrement souvent !! Je suis désolée pour le froid et le cynique mais c’est l’image que j’ai en face de moi-Maï et mon ressenti d’alors aussi ; celui que je vois est quelqu’un que l’on craint. Le collège des espions dont fait partie Altayan’. Altayan’ est le prénom d’alors d’un de ceux avec qui je cherche. Il a une mémoire ancienne aussi bonne que la mienne si ce n’est plus. Il en parle peu parce qu’il est encore au stade où il doute beaucoup de ce qui lui remonte à l’esprit. Moi, j’ai passé ce cap de toute façon, je me suis fait une raison (sourire). Il était espion pour les Terres, il le dit lui-même. Celui que je vois à travers vous a aussi cette mission de surveiller, épier – mais sur les Terres au sein de la caste haute. Comme pour Altayan’, je vois le collège des initiés, des prêtres. Pour éviter les révoltes, il faut savoir les étouffer dans l’œuf, non ? Donc espionnons ! Pour revenir à vos doutes, ils sont normaux, mais j’ai le choix face à quelqu’un comme vous qui se questionne : ou je tourne autour du pot façon les énervants des forums dont on ne sait jamais s’ils ont quelque chose à dire ou pas, ou j’y vais franchement et on peut se dire que j’invente… On m’a passé par mail il y a très peu de temps des extraits d’un livre d’une dame Pallacio. Je ne sais si vous connaissez. J’ai commencé à lire, je suis passée à la diagonale et me suis arrêtée ; ça m’énervait. Je dirais qu’elle invente ce qui est écrit ! J’ai vu Stargate il y a une semaine, donc le souvenir est frais (sourire), pour une amie (Irène) qui essaie de créer une porte des étoiles et qui a commencé bien avant de voir le film d’ailleurs. Je voulais comprendre mieux sa démarche. Je ne connais pas le livre sur les exilés. Quand je parle d’exilés, je parle de ceux qui ont survécu à la destruction de leur patrie et qui sont partis sur les routes de l’exil tout simplement. Je n’ai pas lu Cayce et comme Pallacio le peu que j’en ai lu ne m’a pas plus. Je ne reconnais pas sa Poséida comme ville ; au mieux il me semble que Ponéïta sonne plus juste. Je pense que même s’il a vu quelque chose, il a été influencé par plein de choses. Il décrit paraît-il les Terres comme un monde de débauche ! Ce n’est pas ce que j’en vois. À chaque fois qu’on a réussi à me convaincre de lire un livre, j’ai dépensé des sous pour rien ! Ils donnent au bout de peu de pages des affirmations qui veulent se démontrer mais qui tournent en rond, des hypothèses sans rien pour les faire tenir debout. Ça m’énerve parce que ça fait passer les Terres pour un mythe pour farfelu, et pour moi c’est tout sauf un mythe pour farfelu ! Voir s’éveiller la mémoire d’une autre vie, c’est ressentir aussi ce qui a fait sa personne dans cette autre vie. Je sens le manque d’une patrie disparue, et pourtant je suis née ici et ça commence à dater (sourire). Je disais “à travers des souvenirs très personnels”, voici pourquoi : il a été tenté un groupe de travail sur les Terres mis en place par quelqu’un de très gentil mais de foutument cartésien !! Un forum privé en quelque sorte. Pour aider tout le monde et sur leur demande, j’ai essayé de résumer ce que je savais de la vie de moi-Maï, et j’ai eu droit à une descente en flamme me disant que je faisais un roman à l’eau de rose, alors que j’avais essayé simplement de situer cette jeune femme dans sa vie qui permettait grâce aux repères de mieux comprendre la société aki. Ça refroidit ! Donc maintenant, je précise que c’est à travers le souvenir d’abord de ma propre vie que j’ai pu voir se dessiner la vie, la société et tout ce que je sais des Terres. Comment d’ailleurs pourrait-il en être autrement ? Si ! Il y a Jane qui elle se promène dans l’astral aisément, elle y remontre des choses qu’elle voit en spectatrice. Moi je ne fais pas, je suis médium ; les médiums sont prudents sur l’autre monde et les rencontres que l’on y fait. Du moins moi j’ai appris à être méfiante donc le voyage astral, très peu pour moi ! Mais bon, à nous deux, Jane et moi, ça fait un bon boulot. Je vais vous passer des dessins de Jane. Vous me direz s’ils vous parlent ou du moins s’ils tirent sur une corde quelque part en vous… Je crains de n’avoir pas beaucoup répondu à vos questions mais il ne faut pas hésiter à me les redonner. Je suis consciente que ce qui est pour moi évident ne peut l’être pour autrui mais le problème est que tout est si évident pour moi… Je n’ai pas de doute sur les Terres, ou plutôt plus de doute, ma question est pourquoi ? Pourquoi cette vie-là qui est remontée ainsi ? Pourquoi et dans quel but ? Je vous ai dit que je ne crois pas à un simple hasard, que cela n’est pas pour rien mais pourquoi ? J’ai entendu une théorie mais elle n’est pas encore mienne, moi aussi je suis ouverte mais méfiante. Il me semble et d’autres aussi que nous sommes guidés, manipulés dans une direction, entraînés sans savoir où. Il m’arrive d’avoir une furieuse envie de freiner des quatre fers et de mettre cette vie ancienne au placard mais elle revient par la fenêtre quand je la chasse par la porte alors quand j’en ai marre, je ferme la porte et je me repose un peu… et après ça repart et étonnamment (tant que ça ?), les autres concernés le font aussi au même moment et sans concertation et tous reviennent dans un court laps de temps dès que ça repart. Pas avec ça que vous allez résoudre l’énigme, hein ?? Un autre problème est comment aborder les Terres pour quelqu’un qui comme vous est prêt à entendre mais qui attend quoi ? J’allais oublier : les trois îles étaient proches, je pense qu’elles ont toutes trois disparues, peut-être les Îles Canaries sont-elles les restes émergées de l’une d’entre elles ; ça pourrait être plausible géographiquement pour moi, je ne sens pas l’hypothèse hyperboréenne du tout ! Mais il faudra qu’un jour je parvienne à y aller aux Canaries. Pour l’île de Pâques, les géants ne me parlent pas, ils ont pu être créés en souvenir lointain de quelque chose mais pas par des survivants pour moi. Jane qui est optimiste dit que quand il le faudra, nous trouverons les crédits pour continuer nos recherches. En attendant, quelques-uns ont plus de moyens financiers et peuvent se déplacer sur le terrain ; le sud marocain est visé d’ailleurs… Mais moi je fais partie de ceux qui restent sur place et cherchent entre autres sur le net les autres, les manquants. Voilà pourquoi j’avais répondu à votre mail. Parfois derrière quelqu’un qui cherche, il se cache quelqu’un qui en a fait partie, alors on y va et on se dit que de toute façon ceux qui doivent réapparaître réapparaîtront, pas de hasard toujours (sourire). J’espère parvenir à remettre un nom sur ces yeux. Je pense qu’il est dans ma mémoire, je les sens en général et là ça titille mais ça prend son temps. Si je retrouve, je vous le passerai aussi ! À bientôt !! »
Quelle histoire ! Comment ne pas vouloir y croire ! Après Stargate, la voilà qui nous parlait des Shaani, ces filles dont le nom ressemblait étrangement à celui de Sean Young dans Dune, Chani ! Maïnéa n’était-elle qu’une vulgaire cinéphile sans scrupule ou était-elle victime de coïncidences ? Nous décidâmes de nous plonger à esprit perdu dans ce conte de fées qui nous tombait dessus. Et si tout cela était vrai ? Cette femme, après tout, sut nous décrire en ne voyant que notre regard ; tout collait parfaitement ! Essayions-nous de nous convaincre ou paraissions-nous réellement ainsi, cynique et froid ? Lorsque nous lûmes son sentiment vis-à-vis de notre regard, nous nous retrouvâmes devant Le Horla du Maupassant de notre enfance*. Notre cœur fit un bon inexplicable – trop explicable au contraire. Nous étions cet être décrit, abominable ! Nous étions perdu.
Nous à Maïnéa :
« Aujourd’hui, je suis allé à Chong Mek, un ban (village) sur la frontière avec le Laos afin de renouveler mon visa pour un mois. Durant le trajet, trois ou quatre heures de bus avec changements et arrêts fréquents, j’ai beaucoup pensé à ce que vous m’avez écrit. J’ai été troublé et cela m’arrive fort peu souvent. Tout d’abord, ce n’est pas dans l’ordre non plus mais tant pis, ce que j’ai eu le plus de mal à accepter est que vous ayez percé un trait de ma personnalité que je ne montre pas, que j’essaye de refouler, qui ne me sert que dans des situations bien précises. C’est la seconde fois, la première ayant été lorsque je me suis engagé dans l’armée et que l’on m’a fait passer des tests psychotechniques. Je suis froid même si je fais des efforts car je combats cet état. Je peux être cynique également, surtout lorsque je parle des humains. Ces deux traits, je ne sais pas si c’est un don ou une malédiction. Je ne sais pas si je suis mauvais ou bon. Je ne sais pas si ça me plaît d’être mauvais ou bon. Je ne sais pas enfin pourquoi je me pose ces questions… C’est tellement con d’ailleurs, n’est-ce pas ? On est soit bon, soit mauvais ! On ne peut pas être les deux, on ne peut pas se demander lequel on préfère être, si ? C’est comme si deux personnages se battaient en moi… Ai-je évolué au point de me rendre compte que dans un cycle antérieur, j’étais mauvais ? D’ailleurs, ce personnage dont vous me parlez était-il mauvais… ? Étais-je mauvais ? Voyez-vous, je ne sais pas si lorsque l’on m’accole “magie noire”, je dois m’inquiéter ou me réjouir ! Je me dis : “Quel grand pouvoir je posséderais !” et en même temps : “Que de mal je pourrais faire !” et puis finalement : “Oui, mais je suis assez fort pour user de ce pouvoir, faire le bien et poursuivre ma Quête.” Et maintenant je commence de comprendre pourquoi je n’arrive jamais à prendre de grandes décisions, pourquoi je ne peux m’engager dans telle ou telle voie. Si je vais là, que manquerai-je là-bas ? Et comme plus haut j’en reviens toujours au même point : “Je vais là, j’irai là-bas ensuite !” Ce n’est pas un choix ça ! C’est profiter de tout ce qui s’offre à moi pour une seule chose : cette Quête qui m’attire ! Mais quelle sera la finalité, qui peut le dire ? Suis-je voué à créer du beau et du bon, ou au contraire du beau et du mauvais ? Non, tout cela ne m’est décidément pas simple. De toute manière, il me faut continuer, quelle que soit cette finalité ! Comme vous le voyez, je me pose beaucoup de questions auxquelles je ne peux apporter de réponse précise. Vous parlez également de mémoire. J’en ai peu. Mes souvenirs remontent tout au plus lorsque j’avais 9 ans, et encore ils sont flous. Parfois suis-je même obligé de quasiment méditer pour savoir à quand remonte un fait précis pour m’apercevoir que c’était il y a deux jours ! Pour moi, un jour ou dix ans avant, c’est le passé. Je ne suis pas non plus capable de me souvenir de ce que je lis dans le détail et je suis obligé de reprendre inlassablement les mêmes textes pour m’en servir. Comment ai-je pu être le personnage que vous décrivez ? Est-il possible de se retrouver ? Comment et quels sont les risques ? Je suis désolé, cela fait beaucoup de questions dans un même message. Permettez-m’en encore une, s’il vous plaît ! Je pense, comme je vous en ai déjà parlé peut-être, que les essences, à la mort du corps qui les abrite, repartent vers les Origines, sont formatées et redistribuées. Si je pense juste, alors ma question n’a pas de sens. Que sont mes parents dans tout cela ? Je connais déjà certains dessins de Jane, nous avons en effet communiqué il y a peu de temps. Ils ne me disent rien et je ne comprends pas les annotations. Qu’est-ce que le groupe de Carthage, une colonie ? Encore une question je suis impardonnable. La der des ders cette fois-ci ! Ce serait plutôt une requête si vous me la permettez. Actuellement, je suis en Thaïlande et j’essaye de poursuivre ma Quête mais je ne peux pas tenir un boulot stable, bien qu’en ayant essayé pas mal à seulement 21 ans. J’aimerais vraiment pouvoir concilier les deux. C’est pourquoi j’aimerais savoir s’il serait possible d’être l’un de ceux qui travaillent sur le terrain. Le serait-il ? Peut-être l’avez-vous vu également, je suis plutôt un solitaire – en contradiction avec la “loi de UN” étrangement, qu’en pensez-vous ? – et je pense qu’il doit y avoir quelque chose à me confier. Je l’espère plus que je le pense en fait… »
C’était un doux rêve qui ne s’éteignait pas ! Nous étions sur notre nuage, nous planions, nous extasiant des plaisirs intenses d’une absurde euphorie. On nous aurait donné de la meringue que nous aurions imaginé nous délecter d’ambroisie ! Nous passions à cette époque et encore aujourd’hui tellement de temps dans les livres que notre vision oscillait entre lignes écrites, pages de vie et images du monde réel, à ne plus pouvoir différencier les unes des autres.
Maïnéa à nous :
« Tout d’abord mes excuses pour avoir mis un peu de temps à vous répondre… Selon moi, se poser des questions ne me paraît jamais con ! Vous pouvez y aller sur vous-même, je m’en pose tout le temps sur moi, et le monde en général (sourire) ! Je ne saurais vivre sans questions, j’aurais l’impression de vivre avec des certitudes – donc de ne plus vivre. Votre personnalité est ce que j’ai vu de vos incarnations passées, celle de la période aki à ce moment-là qui me l’a montré. Il est vrai que l’on garde pas mal certains traits de sa personnalité. Je vous avais dit que les yeux me parlaient, ce sont les miroirs de l’âme, et l’âme, ça va plus loin que celle de cette vie de toute façon ! C’est pour moi la somme de toutes ! Vous dites les humains ! Vous ne vous sentez pas tout à fait humain ? Je ne vous penserais pas présomptueux, on m’a assez souvent traitée d’ET et je me sens assez ET moi-même… donc ! Vous croyez vraiment qu’on est soit bon, soit mauvais ? Moi je ne crois pas, j’essaie d’être du bon côté mais je n’y parviens pas à tous les coups (sourire) ! Mais c’est un point de vue perso ! Que deux personnalités se battent en vous ne m’étonne pas ; je crois aux réincarnations, donc je pense que ce que l’on a été reste en nous et qu’on l’améliore ou le corrige si on l’a choisi. Je dirais de vos doutes que vous avez choisi de changer. Mais on nous laisse si peu la mémoire de nos vies anciennes, surtout au départ… L’amnésie, on la retrouve beaucoup chez ceux qui ne sont pas vraiment satisfait d’une incarnation passée. Comment avancer en se jugeant en permanence ? Je traverse un peu ça en retrouvant mon moi aki ; je n’aime pas certaines facettes de ma personne d’alors mais il faut bien que je les accepte puisque c’est moi ! Pas facile du tout ! J’ai une demande pour vous : accepteriez-vous de me transmettre votre lieu, heure et date de naissance ? Irène souhaiterait faire votre ciel de naissance. Elle a fait le mien et a retrouvé sans les connaître des vies antérieures… Elle m’épate pour ça, j’avoue ! Je pensais aussi à votre désir d’aller chercher sur le terrain. Avez-vous songé à continuer dans l’humanitaire, ce que vous faites en ce moment ? Un bon moyen d’aller là où il peut rester des traces tout en subsistant et en s’enrichissant ! Et vous avez l’avantage d’avoir une expérience. Du groupe dans lequel j’évolue, ceux qui partent sur le terrain le font sur leur temps de congés pour l’instant. Ce ne sont pas des opérations bien montées bien que ce soit notre rêve. Je vous l’ai dit, le sud du Maroc renferme sûrement des traces, le Yémen aussi et quand on pense aux Dogons, on se dit qu’au Mali il y a eu quelque chose. Il y a aussi l’Irak mais là en ce moment ! Pff ! L’Égypte me semble, et pas qu’à moi, trop phare ! Je n’irais pas y mettre mes archives, et archives il y a eu ! Je sais que moi-même j’en ai préparé avant la fin donc on avait prévu de les mettre à l’abri. Rien qu’en France, du côté de Glozel dans le centre, il y a eu des passages. Il reste des traces en Espagne aussi ; les routes de l’exode vont loin ! Avez-vous déjà approché le paranormal ? Avez-vous des dons pour ça ? Irène (Encore elle ? Eh oui, encore elle ! rire) vous sent une voie par là. Comme moi, elle a la sensation en vous lisant qu’il y a une force plutôt imposante tapie en vous, comme si vous en aviez conscience d’ailleurs mais peut-être pas la clef pour l’utiliser et c’est cela qui vous ferait vous sentir si différent des autres, ce que vous êtes de toute façon (c’est une différente qui écrit). Au temps aki, peut-être vous l’ai-je dit, on maîtrisait ces forces que l’on appelle magie : le côté blanc et le côté noir. C’était indispensable pour nous et normal d’ailleurs. Je ne suis pas sûre que la magie noire soit si puissante. Être blanc n’est pas de tout repos, je le sais par expérience, mais on se défend bien aussi ! Même si je ne pratique pas la magie, et ne tiens surtout pas à le faire (c’est trop explosif), il y a toujours les deux côtés de cette force-là. J’ai en tant que médium appris que la vie terrestre ne tient vraiment qu’à un tout petit fil, si petit, quand on touche à l’autre monde et je m’en gardais déjà ! C’est à ce moment-là que j’ai découvert qu’être blanc signifiait aussi être fort et peut-être même plus fort que l’autre côté puisque je suis toujours là pour m’en souvenir (sourire). Mais votre Graal, c’est quoi ? Retrouver la science aki ? Devenir ce pour quoi vous avez repris corps dans cette vie ? Je suis curieuse, je vous l’ai dit, heureusement, curieuse comme une enfant. J’aime comprendre ; rester ignorante est une forme de souffrance chez moi, je ne supporte pas ce vide-là (sourire) ! J’ai oublié de vous dire ce que je pensais en lisant le récit de votre correspondance avec le théologien. Je ne crois pas non plus à un dieu unique, je dirais plutôt que je crois à un collège de sages que l’on appelle dieu pour aller plus vite, mais on devrait mettre le pluriel (sourire). En attendant de vous lire, je vous souhaite une calme et belle journée. »
Nous à Maïéna :
« Que dire sur mes relations avec l’humanité ? Je vis avec elle, à défaut de pouvoir faire autre chose. Elle a de bons côtés : elle sait rêver, croire, espérer et possède une grande ingéniosité. Elle est hélas également souvent cruelle, cupide et tellement orgueilleuse. Je ne me sens pas humain, bien qu’ayant emprunté ce corps qui m’abrite. Je ne sais pas si c’est un sentiment justifié ou seulement un désir fou. Cela fait quelques années déjà que je le sens pourtant, plus que je l’imagine. Je ne me sens pas ET pour autant, je me sens simplement autre. Croyez-moi, cela a perturbé mes relations avec ce monde. Les questions que je me pose et dont je vous ai fait part ne sont pas un environnement adapté à la vie parmi les humains. De plus, comme vous l’avez remarqué, je suis parfois cynique et si souvent la détresse humaine ne me touche pas. Vous allez trouver cela étrange de me retrouver volontaire dans une fondation qui s’occupe d’enfants sidéens, à aider autant que faire se peut mais c’est seulement un acte paradoxal de raison. Ceci n’est pas ma Quête et vous comprendrez donc que je ne peux continuer dans cette voix. À chaque fois que j’ai ressenti le besoin de changer, je le sais par expérience, je n’ai été heureux qu’une fois ceci fait. Plus concrètement, l’Humanitaire – un bien grand mot – n’est pas ce que l’on s’en figure en Europe, loin dans nos sociétés établies sur des pensées anciennes. Je ne PEUX pas évoluer dans cet environnement. C’est pour cela qu’il me faut trouver absolument un boulot qui va directement dans le sens de ma Quête. D’ailleurs, ma Quête, quelle est-elle ? Vous parlez de Graal et en effet, j’ai un désir d’Éternité. Je veux être libre d’exister dans les sphères du Temps, de l’Espace et des Ombres, formule mille fois répétées. Ma Quête est donc celle du Temps ! Pour cela en effet, chercher la science aki est un chemin, d’autant plus après ce que vous m’avez appris, puisque j’en serais un peu l’héritier. S’il m’est possible de retrouver mon savoir ancien, alors tenterai-je tout pour devenir ce pourquoi, comme vous l’écrivez, j’ai pris corps dans ce cycle – et dans les précédents aussi. Je sens au fond de mon être un pouvoir qui ne m’est pas accessible. Encore une fois, je ne sais pas si c’est justifié ou simplement un désir. Disons que s’il est effectivement présent en moi, je n’ai jamais pu l’utiliser. Je ne pratique pas la magie, ni la sorcellerie. Je m’y intéresse, j’ai parcouru des forums (sans succès), y exposant ma Quête tout comme je l’ai fait ailleurs. Je n’ai eu aucun résultat malheureusement mais c’était il y a bien longtemps. Aujourd’hui, le pouvoir qui serait en moi, je ne sais toujours pas comment le réveiller. Je compte sur vous peut-être pour m’y aider, en plus de ce que vous avez déjà tellement fait. Je ne pense pas être amnésique, sauf peut-être pour ce qui précède. J’ai peu de mémoire dans ce cycle seulement. Sans doute avez-vous raison de préciser que ceci est lié à cela… Je ne crois pas pourtant que ce serait volontaire de ma part de vouloir oublier un cycle passé. Comme je vous l’ai écrit dans ma lettre précédente, ce personnage qui est / était moi, je le suis et l’accepte. Si je réclame depuis de nombreuses années – le plus clair de ma vie – à partir pour une expédition, c’est que j’ai le sentiment que j’en tirerais des enseignements plus bénéfiques que de simples lectures dans ma chambre. Je veux partir ! Maintenant que vous me dites que des travaux sont entrepris sur le terrain, je me permets de vous demander à nouveau si, vraiment, il ne m’est pas possible d’y prendre pleinement part. Excusez-moi d’être si direct mais vous m’en avez dit beaucoup, je ne peux rester maintenant sur ce simple constat. Il me faut continuer dans la voie aki ! Comme je l’écris sur mon site-web, les risques ne m’impressionnent pas car je sais ma Quête protégée par une entité supérieure, passée, présente ou à venir. J’ai peur d’en demander trop, j’ai peur de m’imposer. Nous sommes parents en quelque sorte et notre but est finalement identique, même si le mien est plus personnel. Nous souhaitons retrouver notre cité, n’est-ce pas ? J’ai une proposition à vous faire mais je n’apporte hélas pas les moyens de la réaliser. Votre petit groupe ne peut-il pas devenir une Organisation occulte – dans le sens fermée – dont le seul objectif serait celui susnommé ? Je suis conscient qu’il faille pour cela un financement derrière mais ne pourrions-nous pas le rechercher ensemble ? J’écris sur mon site-web que ma Quête passe par celle de quelqu’un-e d’autre et je commence maintenant de l’imaginer. »
Fumette, fumette, quand tu nous tiens ! Cette foutue Quête aura monopolisé notre esprit pendant si longtemps que même aujourd’hui nous nous demandons s’il n’y a pas une part de vérité là-dedans. Cela, Fidèle, doit te sembler venir d’un esprit complètement perturbé et enchanté, n’est-ce pas ? Tu aurais raison de le penser mais ce n’est pas tout à fait le cas. Profondément, nous ressentons encore ce que nous écrivîmes alors à Maïnéa. Il n’y avait nul doute à avoir sur nos intentions : elles étaient personnelles et si sa cause pouvait nous servir, nous étions prêt à l’embrasser. Elle nous avait imaginé cynique, nous devînmes manipulateur pour découvrir le fin mot !
Maïnéa à nous :
« Comme toujours, j’ai un temps de retard mais vous répondre me demande aussi le temps de l’assimilation et de la digestion. J’ai une question ! Je vous l’ai dit, je suis pétrie de questions et j’ai besoin de comprendre. Vous écrivez : “Je ne PEUX pas continuer…” ! Il n’y a aucun jugement dans ma question mais pourquoi ne pouvez-vous pas ? Nous sommes tous en chemin dans nos incarnations, certains en sont plus conscients que d’autres. Le problème de la vôtre selon une mienne amie est que vous avez dû prendre un sacré savon avant de vous réincarner. C’est pour cela que je vous ai demandé vos coordonnées de naissance. Les astrologues savent pour certains aussi lire le passé et la voie qui serait la meilleure pour parvenir à réaliser ce pour quoi on est là en ce moment. Pour le savoir aki, trouver des archives quelles qu’elles soient ne le donnera pas. Ce serait bien trop simple. Sinon, nous l’aurions laissé disponible pour l’humanité dès le départ. Il est des choses qui nécessitent de voir autrement que comme on le fait dans nos sociétés actuelles surtout. Pour pouvoir maîtriser son savoir, un Aki réveillé doit déjà changer de mode de pensée, être pleinement conscient de son appartenance à tout ce qui l’entoure. On se rapproche de l’esprit chinois, de l’esprit du Feng Shui entre autres. Vous cherchez une voie mais avant il faut vous trouver vous-même, non ? Comment savoir ce que l’on cherche si on ne sait pas qui l’on est ?! Avez-vous côtoyé les bouddhistes ? Je n’adhère pas totalement à leur esprit mais il aide à changer de plan, c’est sûr. Quand je pensais à l’humanitaire, je pensais à ceux qui creusent les puits par exemple, ceux qui ont une action sur la terre pour qu’elle devienne nourricière, pas seulement ceux qui portent le pain et l’eau à qui meure de faim, pas l’aide d’urgence, non, le remodelage. Il y a tout ce travail moins noble aux yeux des médias mais oh combien plus utile. Vous devez le savoir mieux que moi, non ? J’ai jardiné il y a deux jours. Les mains dans la terre, je vis ! Je suis aki encore pas mal, j’ai besoin d’être part des éléments qui m’entourent, dont la terre. Les Akis n’ont jamais eu la quête de l’éternité, ni le culte de la vie, ni celui de la mort. Notre quête était et est encore de nous relier aux mondes, reprendre notre place dans la ronde de l’Univers, sortir de notre isolement terrien. Et pas en construisant des fusées (sourire) ! J’en viens à me demander si les Akis ne sont pas au départ des relégués, des bannis, des enfants fautifs qui essayaient de se faire pardonner en s’amendant. Mais eux aussi se sont trompés sur le sens de ce qu’ils devaient trouver et comment y parvenir, ils ont oublié que tout Être, même non-aki, était part du tout ; ils se sont isolés dans leur illusion d’être si différents qu’il ne fallait pas diluer leur sang précieux. Quand j’écris ça, j’ai la vieille révolte qui m’agitait alors, la révolte contre notre foutue caste supérieure ! Pour parvenir à l’éternité, il faut parvenir à se débarrasser du cycle des réincarnations entre autres, et pour cela, c’est votre route de Lumière qu’il faut trouver. Ça semble de beaux mots, mais c’est la meilleure image. Trouver le moyen de faire le point sur vous-même, où vous en êtes et où vous voulez aller, pas en fuyant sur toute la planète mais en vous posant au meilleur endroit pour le faire selon vous, et il doit bien y en avoir un ! Alors seulement je pense (ce n’est que mon ressenti, je ne suis pas un grand sage), vous pourrez vous débarrasser de cette défroque qui colle à vos vies et muer. Ombre ou lumière, on a toujours le choix mais je n’ai pas vu d’épanoui dans l’ombre. Même si le chemin de la lumière n’est pas le moins pavé d’obstacles, il est le plus agréable ! Plus j’avance depuis quelque temps, plus je redeviens aki dans l’esprit et je me modifie, je retrouve cette part du savoir aki qui devenait une partie de nous-même. Il y a une forme de pouvoir peut-être, mais je ne le vois pas ainsi, sauf si on prend le mot pouvoir au sens altruiste : je peux aider parce qu’il me devient aisé de voir et saisir tant de choses cachées. Je vous souhaite une journée ou une nuit lumineuse. À bientôt peut-être et ce sera avec plaisir ! »
Et merde ! Nous en avons marre de voguer entre le Blanc et le Noir ! Elle avait raison et nous le savions. Tout est fait d’un choix, il suffit de le faire. Nous ne pouvions humainement être toute une vie déchiré entre la lumière et l’ombre. Et pourtant… Cette conversation avec Maïnéa nous faisait du bien ; elle nous aidait à voir plus clairement au fond de nous-même, mais hélas ne nous rendions-nous pas encore compte que nous approchions la touche de l’illusion. Nous nous engouffrions dedans, laissant de côté les inepties relevées pour une confiance aveugle et dangereuse. Maïnéa – elle le savait – détenait sur nous une influence grandissante et, plus qu’un guide, elle devint une petite voie perturbatrice à l’intérieur de notre esprit.
Nous à Maïnéa :
« Avant tout, je dois vous écrire que votre message m’a rendu très triste. J’attendais toutes les réponses sauf celle-ci. Pour ma part, j’ai décidé d’écrire avec la plus claire franchise ; à chaque fois que j’ai pris cette résolution, elle s’est retournée contre moi mais tant pis. Comme je vous l’ai dit dans un précédent message, je suis un Observateur. À cela selon vous, il faut ajouter un rôle d’acteur puisque ayant fait partie – et pas des moindres, semble-t-il ! – de la civilisation aki. À ce titre, peut-être ai-je le droit de revendiquer mes opinions, à défaut de les faire accepter. Veuillez m’en excuser par avance, s’il vous plaît. On ne peut se trouver en se cherchant d’une manière exclusive bien que déterminée. Est-ce en cherchant à atteindre un but que l’on se trouve ? Vous citez la pensée chinoise mais n’était-ce pas Lao-Tseu ou Confucius qui écrivait que “le but n’est pas important, seul le chemin l’est" ? Mon chemin, c’est ma Quête et celle-ci passe par celle de quelqu’un-e d’autre. Bien sûr ai-je un désir de connaître mes origines, plus que n’importe qui d’ailleurs, mais ce savoir viendra à moi en son temps, lorsque je serai prêt à le recevoir. En attendant, il me faut bien avancer, non ? Cependant, si ma Quête est celle du Temps, si j’ai ce désir d’Éternité qu’aucun Aki n’a jamais ressenti, alors peut-être finalement ne suis-je pas (ou ai été) un Aki et cela soulève beaucoup de questions sur notre conversation… Depuis le début de celle-ci, je vous pose des questions concrètes et ne reçois qu’une réponse applicable à toutes, ou pas de réponse du tout. Afin de pouvoir continuer la Quête qui m’anime, il me faut trouver avant une relative stabilité. Lorsque je vous écris de créer une organisation, un cercle privé et voué à résoudre les mystères de nos origines communes, vous passez le sujet pour me diriger vers la spiritualité bouddhiste et la recherche de soi… Je suis conscient que j’ai déjà pris beaucoup de votre temps et je comprendrai si vous souhaitez mettre un terme à ces échanges écrits mais c’est d’une aide concrète dont j’ai besoin pour le moment. Les conseils sont toujours bons à prendre mais ils ne me permettent pas hélas d’avancer. Il est aisé d’écrire que ce que l’on cherche est souvent devant sa porte et qu’il n’est pas nécessaire de parcourir le monde pour le trouver mais dans les faits, c’est beaucoup moins évident. Les événements ne m’ont pas permis de rester tranquillement chez mes parents à méditer sur ma personne, même si je l’avais voulu ! Ensuite, si je ne peux pas évoluer dans cet environnement, c’est simplement parce qu’il ne le permet pas. Allez donc discuter de l’Atlantide avec un père-missionnaire catholique, ou encore de mes existences dans des cycles précédents ! J’ai essayé et notre correspondance se base sur ce dernier point en ce moment mais chacun essaye de convertir l’autre à son système de pensées. Au mieux, je peux apprendre, apprendre à connaître ce personnage que je respecte mais impossible d’évoluer ! Voyez-vous maintenant l’importance pour moi de vouloir créer une communauté dont le seul objectif serait de percer les mystères de nos origines ? C’est une question à laquelle vous n’avez pas répondu. En m’écrivant, vous m’avez fait entrevoir une possibilité attendue depuis fort longtemps et je ne souhaite pas laisser passer cette première véritable opportunité. Vous écrivez qu’il ne peut plus exister aujourd’hui d’archives sur le savoir aki car si c’était le cas nous les aurions laissées à l’humanité pour qu’elle en profite. Je pense autrement pour les deux raisons que voici :
« – Le savoir aki n’est certainement pas l’héritage de l’humanité mais celui du peuple aki ;
« – Même empreint de la plus grande sagesse du monde, un créateur ne peut détruire sa création car il sait qu’elle lui sera toujours utile au temps du Renouveau.
« Je me serais battu pour ces deux raisons ! N’est pas ce que peut-être votre amie a entrevu ? C’est ce que je pense. Prenez-le en considération, s’il vous plaît. Je crois en un espoir de retrouver notre héritage. En tous les cas, cela fait partie de ma Quête. “Sortir de notre isolement terrien” résume parfaitement ce que je viens d’écrire. Je crains cependant que nous l’entendions différemment. En espérant ne pas vous avoir déçue. »
Autant jouer le tout pour le tout, n’est-ce pas ? Nous nous souvenons nous être dit à cette époque que dans le pire des cas, nous passerions pour un con parce qu’elle se serait jouée de nous. Au mieux, naïvement, nous aurions résolu notre problème de quête et nous n’en aurions plus parlé – sauf pour les repas de famille évidemment, autrement nous y ennuyons-nous à mourir.
Maïnéa à nous :
« Je vous ai lu comme quelqu’un écrivant franchement même si vous dites être cynique souvent. Quand le cynique manipule-t-il ? Je suis comme vous, je me méfie des autres maintenant, hélas, et je dois vous avouer que vos incarnations passées sont inquiétantes encore. Vous êtes conscient de la force qu’il y a en vous mais elle peut pencher des deux côtés, Noir ou Blanc, et même s’il faut connaître les deux, je n’aime pas le Noir pour l’avoir affronté tout simplement et vu à l’œuvre aussi. D’un autre côté, je crois que tout le monde se réincarne pour aller de l’avant. Vous êtes un réel problème au sens noble du terme. C’est l’accumulation de vos expériences de vie qui le pose. Comme vous, j’ai eu plusieurs fois à regretter ma franchise qui passe par la main tendue souvent. Je me dis aussi que vous laisser sans essayer de vous aider dans votre Quête (si tant est que je le puisse), c’est condamner toute personne dont les incarnations passées ont été plus noires que blanches ! Ça ne me ressemble pas ! Je semble changer de sujet mais je voudrais vous faire part de ce que je ressens, en fait de ce que je deviens ou redeviens. L’être aki est partie du UN, je vous l’ai dit je crois. C’est sa force ! Lorsqu’on est élève, du moins dans le tronc que j’ai suivi alors, on apprend à être les éléments qui nous entourent, on apprend à être Air, Eau, Pierre et Feu. Ne pas respirer dans l’eau est un truc simple si vous savez être l’eau (l’eau ne respire pas), mêler vos molécules à celles de l’eau pour qu’elles ne fassent qu’un. Idem pour le feu : on peut entrer dans le feu si on devient le feu. Pour l’élève aki, le plus difficile est d’en sortir sans se brûler, rétablir la balance dans l’autre sens. En ce moment, je redécouvre cela de la manière la plus aisée : l’Air. Ici, aujourd’hui, l’air est lourd et je sens cette lourdeur en moi car l’air me traverse comme si je n’étais pas un corps obstacle. Ça peut faire vriller son doigt sur la tempe à beaucoup mais c’est ainsi. C’est le signe que ma pensée modelée par quarante-cinq ans presque de schéma moderne change de plan ou d’axe et retrouve le schéma de pensée aki. Bien sûr, en soi cela n’apporte rien mais ça ne va pas seul évidemment. Je me rends compte que je peux percevoir la pensée de ceux que je croise, lire leur inconscient (ou conscient je ne sais) ; ma qualité de médium s’affine de plus en plus et devient partie de mon moi bien plus qu’auparavant. C’est aussi cette dernière qui fait un peu frein à nos échanges. Il y a ce danger en vous, pas envie de tendre un relais à ce qui peut surgir à votre insu de vous. Vous faites, hélas pour vous, partie de ces gens que le Noir et le Blanc se disputent ! Je tire de mon côté le Blanc, pas envie de donner des billes à l’autre bien sûr. Pour la communion avec les éléments, celle avec l’air est la plus aisée, dans mon souvenir. Pour l’eau et le feu (le plus dur), il faudra que j’attende d’avoir progressé sur mon chemin. C’est pour cela aussi que je vous parlais des bouddhistes. Ils me semblent (peut être à tort) avoir le climat le plus propice à retrouver cet état de pensée aki. Je vous l’ai dit : comment retrouver nos racines, nos éventuels restes, si nous ne pouvons pas avoir le schéma de pensée approprié ? Je parlais du Feng Shui qui est harmonie, et de la manière d’être asiatique, partie du UN. Je ne suis pas d’accord avec la phrase citée : le but est important et le chemin tout autant pour ne pas rater le but. Le but est là comme une porte pour être dépassé mais cette porte-là est de première importance pour celui qui ne l’a pas atteinte ! Les Akis n’ont pas le désir d’éternité physique, le corps n’est qu’un véhicule encombrant dont il faut s’occuper. L’origine aki n’est pas terrienne de toute façon ! Certains d’entre nous ont pensé que nous avions trop mêlé notre sang au sang terrien et que nous en étions pollués en quelque sorte. Nous avons pris plaisir aux plaisirs terriens mais je n’ai pas de souvenir des Terres avec de pantagruéliques repas, par exemple. La nourriture était frugale, végétarienne et une nécessité, elle incluait les végétaux et les minéraux car ils étaient nécessaires. On mangeait aussi bien des racines ou des écorces, des pierres pillées. On n’avalait pas n’importe comment, on absorbait et même cela était une communion avec le tout. Créer une organisation ou un cercle privé, je n’avais pas bien lu car je ne l’avais pas entendu ainsi, j’avoue franchement. Je vous lisais parler de recherches sur le terrain mais comme je vous l’ai dit, les gens qui partent ont juste les moyens de s’offrir le voyage et d’aller chercher d’abord sur des cartes, des textes, des souvenirs qu’on leur apporte aussi. Pour vous mieux expliquer, j’ai un ami dentiste qui lui peut (tant mieux pour lui !) prendre quinze jours et aller si bon lui semble dans le sud marocain faire une recherche quelconque ; ça n’a rien d’un truc organisé hélas ! Nous travaillons (trop lentement à mon goût) sur un site Internet pour capter ceux qui ne seraient pas de simples curieux. De là on peut imaginer une association pour avoir plus de moyens ; votre idée est un apport à notre prise de tête pour trouver le moyen, mine de rien. Vous ai-je redonné votre prénom aki au fait ? Sriss ! Le nom vient et fuit, il ressemble à Mechenek. Ce nom est associé à une lignée de magiciens sur les Terres dans mon souvenir. J’avais monté les pages personnelles du groupe mais fausse manipulation et adieu ! De toute façon, elles attendaient la validation des autres quatre à l’époque (quelques mois), cinq ou six maintenant pour être publiées. Nous y avions mis les portraits qui ne vous parlent pas, et rien de précis sinon notre recherche d’anciens des Terres avec un appel aux autres. Pour les archives aki, il en existe, oui, mais même pour nous, anciens, il semble qu’il y ait un vrai parcours initiatique pour y parvenir. Et je n’y suis pas ! Et ce qui pourrait être écrit demande une pierre de rosette pour le lire. J’ai dû vous passer des mots écrits en aki, je ne sais plus (toujours ma foutue mémoire à trous !!) ; j’ai retrouvé des signes mais je suis loin des mots et pour la langue, j’ai des mots que je connais mais si peu ! Un mot d’espoir toutefois : Aki llamlà qui signifie : La Terre aki a un futur. Je souhaite aussi voir ce futur parce qu’il semble qu’il serait un beau signe pour l’humanité. Il existe aussi une loge maçonnique qui se réunit dans l’astral. Pour y rentrer, ils offrent une convocation / invitation un certain jour mais en voyage astral avec je pense les modalités pour y parvenir. Si vous voulez, je redemanderai les coordonnées Internet de cette loge. Ils semblent avoir bossé, même si je trouve leurs méthodes élitistes – et ça m’énerve le côté élitiste en général. Bon, les images de leur site sont très égyptiennes, ça m’énerve aussi, mais c’est un détail ! Pour continuer, si vous en avez envie bien sûr, je vous redemande vos coordonnées de naissance que vous avez oublié de me donner. Je n’en saurai rien de plus de vous au présent, et je n’ai rien à en savoir que vous ne voudriez pas dire de toute façon, mais plus sur vous au passé. Je me dis qu’il y a une clef à découvrir pour trouver les preuves ou les traces des Terres, mais je cherche la clef à tâtons dans le noir moi aussi, comme quelque chose qui est devant vos yeux et que vous ne voyez pas !! Il y a encore du chemin à faire pour modifier mon schéma de pensée / être, je le crains. J’ai oublié aussi de vous dire que je ne pense pas que ce que l’on cherche soit devant sa porte, loin de là. Je laisse ça aux pères cathos (rire) ; je ne les aime pas, avec leurs idées bien faites qu’ils veulent enfoncer dans les têtes, quels que soient les moyens pris ! J’avoue que je ris en imaginant la tête d’un missionnaire à qui vous parlez de réincarnation ; tout le travail de l’évangélisation à refaire !! Vous parlez de retrouver une stabilité relative. Qu’entendez-vous par là, s’il vous plaît ? Cette question est pour bien comprendre tout simplement. Je vais peut-être encore vous décevoir par mon courrier et j’en suis sincèrement désolée. Si ce n’est pas le cas, j’en serai sincèrement contente. En attendant de vous relire peut-être, je souhaite que le Soleil éclaire vos pas. »
Déçu n’est pas tellement le mot que nous emploierions. Nous aimerions écrire : étonné ! Étonné avec quelle facilité nous reprîmes après la lecture de son message confiance en elle. Ce désir de croire nous insupporte car il nous rend vulnérable en même temps qu’il nous procure la force de continuer notre chemin.
Nous à Maïnéa :
« Je n’essaye pas de vous manipuler, croyez-moi sincère ! Je ne fais même aucun effort, c’est naturellement que je vous confie depuis le début mes craintes et mes espérances et je ne vous cache pas ce que je pense, sachant pertinemment que vous ne l’apprécierez pas. Je suis né à 11h25 le 24 août 1981, à Aix-en-Provence. Vous avouez vous-même que vous avancez trop lentement dans vos recherches. Si mon idée de créer une organisation dont le but serait exclusivement la recherche de mystères nous concernant, nous, peuple ancien, alors pourquoi ne pas la concrétiser ? Les moyens manquent ? Si ce n’est que cela, nous pouvons trouver une âme humaine qui ne sera que trop contente de financer un tel projet, et pourquoi pas un des nôtres ! Seulement, il y a en effet cette différence entre nous. Outre le fait que je suis entre deux mondes (et bien plus) : Noir et Blanc, Mal et Bien, Homme et Aki, Corps et Esprit…, vous croyez, tout comme Jane, que l’humanité est héritière du savoir des Atlantes. Si mal j’ai pu commettre il y a longtemps, contre la communauté, c’était peut-être pour défendre l’idée contraire, au point peut-être encore de… Je pense que vous comprenez ! Cela me perturbe et, sans rire, les larmes me viennent. Vous ne pouvez imaginer les tourments que cette pensée m’apporte. Qu’ai-je fait de si terrible ? Aurais-je suivi les ordres du Conseil ou au contraire… ? Qui peut le savoir ? Vous peut-être ! Par ailleurs, je faisais partie de la caste, semble-t-il, que vous méprisez. Pour moi enfin, il est évident que nous ne devions pas nous mêler aux humains, aussi bien pour eux que pour nous. Je vous ai écrit que je me serais battu pour cela. Peut-être est-ce ce qui m’a perdu, et d’autres également… Je ne fais pas confiance à l’humanité, je l’aime mais la trouve indigne de porter le monde. Est-ce si mal ? Probablement puisque vous ne souhaitez ni m’encourager, ni m’aiderez plus que la prudence l’imposera. Vous pensez que les Terres aki ont un futur, signe d’espoir pour l’humanité. Je pense de mon côté que lorsque la civilisation aki aura retrouvé ses fils, elle renaîtra dans l’isolement, plus sage de ne pas recommencer les erreurs du passé en se trop mélangeant avec les Hommes. Ainsi que vous l’écrivez pour résumer, je suis un réel problème, mais un problème qui fait partie de notre Destinée. Je fais un pas vers vous, le Bien ; quelles seront les conséquences si je trouve portes closes ? J’irai voir les Francs-maçons ? C’est déjà fait et après quelques échanges et la promesse de recevoir bientôt une documentation, ils n’ont pas daigné en ajouter davantage. Alors, vers qui devrai-je me tourner ? Les Illuminati ou toute autre secte dont le but est de malaxer le monde jusques à ce qu’il prenne forme convenable à leur orgueil ? Mon choix est déjà fait, ne me refusez pas la voie que j’ai choisie, s’il vous plaît. Je dois en effet me retrouver et cela viendra en son temps mais il me faut être guidé pour ne pas me perdre ou emprunter une mauvaise voie… ou plutôt une voie mauvaise. Par ailleurs, pensez au fait que je pourrais être la clef de votre recherche ! Si dans ma mémoire se trouvaient les informations nécessaires pour retrouver nos archives ? Après tout, n’ai-je pas été quelqu’un d’important ? J’ai écrit que je recherchais une solution concrète, certes, mais également que je recherchais à exister dans les sphères du Temps, de l’Espace et des Ombres. Si je dois me débarrasser de ce corps humain charnel, donc mortel, je n’aurais aucun regret. Mais ce que je souhaite, c’est continuer à rester moi, garder ce qui fait ma personnalité ainsi que tout le travail accompli au fil de mes cycles antérieurs. C’est cela ma Quête de Temps. C’est cela que j’appelle Éternité. Je ne sais pas exactement ce que j’entends par stabilité relative. C’est une formule toute faite qui a perdu tout sens, sans doute. Je souhaite simplement exprimer mon désir d’avoir un rôle dans une organisation qui me permettrait de poursuivre ma Quête. Je ne veux plus me demander quoi faire et où aller la semaine prochaine. C’est mon cas présentement ; dans un mois je suis à la rue, sauf si je trouve un boulot quelconque pas loin de la fondation dans laquelle je travaille et vis. Vous en conviendrez, ce n’est pas un climat des plus appropriés pour la quête qui m’anime. »
Maïnéa à nous :
« Merci pour la confiance ! Ce que vous avez écrit m’a ennuyé parce que je me faisais mal comprendre peut-être mais non ça ne m’a pas dérangé, ni contrarié. Je pense que, heureusement, il existe des opinions différentes des miennes. Je ne sais pas si ce que je sais des Terres par mes souvenirs vous intéresse. Si oui, vous me le direz et je vous raconterai ce que je sais des Aki. Avec votre œil neuf, en quelque sorte, vous en lirez peut-être plus que ceux qui m’entourent et qui ont, eux, trop lu souvent, hélas ! Je ne sais pas si le rapport aux éléments dont je vous parlais vous semble d’un grand intérêt. Je me dis que tout le monde ne parvient sans doute pas à les sentir autant. Je m’en imprègne et je pense que c’est ce qui me donne cette sensation d’intemporel qui rejoint peut-être votre Quête. Mon amie astrologue, elle, parle des vies futures qu’elle a aperçues en ce qui la concerne. J’avoue que de ce côté-là, je suis Aki et que la carcasse me pèse, elle est une gêne pour faire partie de l’Univers et au-delà. Oui, en ce sens là (j’ai continué à penser à votre courrier), nous nous rejoignons sur la Quête de l’immortalité ! Peut-être ne lui donne-t-on pas le même nom. Bonne matinée à vous ? Je crois qu’il est tôt là où vous êtes alors que la nuit tombe sur l’est de la France. »
Nous à Maïnéa :
« Naturellement, je souhaiterais que nous continuions ces échanges ! J’aimerais (ré)apprendre à connaître mon passé car il peut m’aider dans mon avenir. Je crains hélas qu’une correspondance via l’Internet n’ait pas le pouvoir de réveiller quoi que ce soit en moi. Je comprendrai les mots et pourrai vous faire part de mes théories, peut-être dictées par un souvenir lointain, mais voir des choses nouvelles, sentir les émotions, ne seront pas choses possibles derrière cet écran, et si loin de surcroît. Je ne peux même pas vous rendre visite dans l’Astral, n’ayant jamais eu ce pouvoir à ma connaissance. J’insiste encore sur le fait de l’impérieuse nécessité de se réunir en cercle fermé afin de progresser véritablement dans nos recherches. Au fil de l’histoire humaine, les sociétés de ce genre ont toujours atteint leur but. Le nôtre n’est-il pas commun ? Même si en effet nos opinions divergent sur certains points, nous sommes voués par nos origines à évoluer ensemble. Vous souhaitez créer un site Internet pour découvrir les anciens manquants, mais même si vous m’avez trouvé de cette manière, c’est uniquement parce que j’entreprends des recherches. Et encore, elles ont été longues. J’ai perdu un temps considérable à chercher ma voie – en fait, j’ai appris en chemin ! Maintenant que j’ai trouvé une piste, un mur imprévu s’érige devant moi. N’importe qui de moins fort d’esprit se serait à ma place jeté du haut d’un pont depuis longtemps devant pareils obstacles. J’ai peur que pour beaucoup d’entre nous ce soit effectivement le cas. Il nous faut un refuge auquel nous identifier. La découverte de notre héritage ne doit pas se faire par n’importe qui. C’est une course aujourd’hui que nous entreprenons. Après, ce que nous en ferons devra être discuté puisque nos opinions divergent, mais en premier lieu nous devons le récupérer avant les Hommes… qui le cherchent également et sont mieux organisés. Si mon rôle dans tout ceci est de vous convaincre du bien-fondé de ma proposition, alors ce sera une grande tâche. Nous devons nous réunir, trouver les crédits, organiser nos propres expéditions, rechercher notre passé. J’ai suffisamment observé les Hommes pour affirmer qu’ils sont bien capables à l’heure actuelle de gâcher une telle découverte. C’est un secret que nous devrons protéger dans un lieu consacré. Nos archives, malgré les précautions que nous avons prises pour les dissimuler il y a longtemps, ne seront en sécurité qu’avec ses héritiers légitimes. Elles renferment de grands pouvoirs qui détruiront celui qui les utilisera à mauvais escient. Peut-être sera-ce l’humanité ! Mais là, j’essaye de faire pencher la balance de mon côté par des raisons non valables. La seule valable selon moi, vous la connaissez, le savoir aki ne doit plus être partagé au-delà de ses fils. »
Une « impérieuse nécessité », pas moins ! Étions-nous à ce point paumé à cette époque que nous voulions nous accrocher à quelque chose ou y croyions-nous réellement ? Toujours est-il que nous ne reçûmes pas de réponse de suite, eûmes le temps de partir en Malaisie deux semaines et de revenir au château, chez nos parents dans les Basses-Alpes, en passant par la Suisse. Nous recontactâmes Maïnéa mi-juillet.
Nous à Maïnéa :
« Si je vous écris, de France cette fois-ci, c’est que j’ai une chose importante à vous demander. Vous êtes la seule personne qui puisse me venir en aide. Il existe une île au sud du Japon où, selon certaines récentes connaissances, se trouverait un portail donnant accès à un autre monde, dans une autre époque. Je ne peux pas vous en dire plus, n’en sachant pas davantage moi-même. Il est probable cependant que je rejoigne la compagnie qui formera l’expédition tentant de le démontrer. Pour cela, et c’est le but de ce message, j’ai besoin de savoir mon nom, mon nom aki naturellement. Je pense que ce portail à des chances d’être la voie que je recherche, je ne sais pas, mais dans tous les cas, savoir mon nom aki pourrait m’être utile. Je vous remercie de considérer ce message, c’est réellement important pour moi. Je sais que nous avons des divergences à propos de nos devoirs, mais cela ne gène en rien le respect que je vous porte, vous le savez je pense. »
Pour l’île du sud japonais, c’était vrai ! Nous avions réellement rencontré deux contacts qui disaient préparer une telle expédition. En revanche, nous n’avions pas l’intention de les suivre dans leur histoire. Cela nous donna seulement une bonne raison de continuer notre conversation avec Maïnéa. Nous sentions notre espoir s’évaporer en désillusion et, dans un souci de respecter notre tradition masochiste, naturellement, il nous fallait continuer.
Maïnéa à nous :
« Sriss ! C’est le nom ancien : Sriss Anésché ! Ma mémoire actuelle est un gruyère médicalement reconnu hélas mais ma mémoire ancienne est toujours là ; le nom est remonté tout seul ! Ici, le groupe s’agrandit et on avance doucement mais sûrement. La route des Terres rejoint celles des Templiers et de l’inquisition. Un ami a fait intelligemment remarquer que dans le groupe, nous sommes d’origines assez différentes mais tous en France ou juste à côté et que cela ne doit pas être sans raison. J’ai fait pendant ma semaine de vacances un tour en Creuse. J’ai visité la Commanderie de Lavaufranche et je sais que je connaissais ce lieu. J’y ai retrouvé d’autres anciens. J’en ai vu d’ailleurs pendant les vacances, nous étions quatre d’un coup ; bonjour l’énergie dégagée, un coup à décoller ! Je ne sais pas si nos idées du devoir divergent, Sriss, peut-être notre approche. Je suis heureuse si l’un des anciens part à la recherche des portes. Il y en a en France aussi, peut-être plus difficiles à franchir mais il en existe, je les ai senties. À voir : Bugarach dans les Pyrénées. Le mont semble très fortement marqué si tu en as la possibilité. Je pense que quelles que soient les approches et les buts conscients, nous sommes tous programmés sur une route et que de toute façon, ce qui doit être trouvé le sera, en ajoutant les morceaux des puzzles. Je suis contente que tu n’aies pas perdu mon adresse, je pensais que la tienne était out… Je prends le “tu” pour échanger car il est difficile pour moi d’utiliser le “vous” avec les anciens de toute façon. C’est une invention presque trop franco-française ! Peut-être à une prochaine et sinon bonne route !! »
Nous n’écrivîmes plus à Maïnéa jusques en août. Nous trouvâmes entre temps un emploi au Monoprix d’Aix-en-Provence où nous nous attachâmes à un garçon, Stéphane. Nous redécouvrîmes les joies perdues depuis 2002 du loisir, de la débauche, de sexe et des sentiments. Même si nos expériences avec les mecs remontaient déjà à plusieurs années, ce fut pour nous la première fois que nous approchions pleinement le milieu gay. Nous recherchions alors de la sincérité dans le regard de nos fréquentations mais nous apprîmes à nos dépens qu’il n’y en avait que peu.
Nous à Maïnéa :
« Je me suis demandé à qui je pourrais bien écrire ce message et après avoir fait le tour de toutes les connaissances que j’ai faites, vous me semblez être la seule qui ait réussi à me cerner. Il faut dire que j’ai toujours été très sincère avec vous. Vous allez sans doute trouver ce message ridicule et désespéré mais peu importe en fait, c’est la seule idée que j’ai eue aujourd’hui. Avant naturellement, laissez-moi vous expliquer la situation. Hier soir, alors que je me rendais au cybercafé, comme tous les soirs, j’ai fait la rencontre d’un mec en voiture qui m’y a déposé – je suis autant attiré par les mecs que par les filles. Il m’a proposé, ma correspondance achevée, de le rejoindre. Nous devions, lui, un de ses copains et moi aller en boîte. Une heure après donc, je suis retourné à l’endroit dit mais il n’y était pas. Nous nous sommes manqués sans doute et j’ai fini ma soirée chez ma sœur, avec qui je vis depuis mon retour d’Asie du Sud-Est. Il était 2 heures environ. Ce matin, ma sœur, ses enfants et moi devions aller à la plage. Le ciel était couvert, il y avait du vent, il faisait froid… un 31 août ! Cet après-midi, je devais aller chez Stéphane, un ami que je me suis fait au travail et avec qui j’entretiens de bonnes relations, amicales et autres, pour me baigner et probablement y passer la nuit. Je me suis rendu chez lui ; une copine prévue était là, lui non, étant allé se promener avec quelqu’un d’autre à Marseille. Je viens d’apprendre également par cette copine qu’il repart la semaine prochaine en Martinique où il a passé son enfance et où vit une partie de sa famille. Je m’en suis donc allé, il me rappellera je suppose. Là, je viens d’arriver au cybercafé. Vous souvenez-vous des deux garçons dont je vous avais parlé dans le message précédent ? Il y avait aussi cette île au sud du Japon, probable passage vers un autre monde… Bref, ce n’étaient évidemment que deux rigolos perdus qui s’inventaient un monde qui n’existait que dans leur imagination. Tout cela n’est que détail, je le reconnais, mais j’ai pris conscience d’une chose importante : tout ce que je prévois, tout ce que j’espère, tout ce dont je rêve ne se produit pas. Et c’est ainsi depuis autant que je m’en souvienne. Authentiquement, ma vie est une malédiction ! Ça paraît con et simple à dire mais ça m’a pris du temps pour le réaliser et c’est incontournable. Ce sera ainsi toujours. Même le bonheur ne peut la contrer car je tombe toujours de plus haut. Je me suis mis une carapace, dans tout ce que j’ai vu, entendu, fait ou dit : ça n’a pas marché ! Je me suis ouvert à tout, à toutes et à tous : ça n’a pas marché ! Sur le chemin qui mène au cybercafé, il y a un pont et le train passe dessous ; j’ai pensé sauter mais à quoi bon, ma malédiction reviendrait pour celui que je serai après. C’est fatal et je viens de prendre conscience de cela ! Vous voyez donc peut-être l’état dans lequel je me trouve. Je ne cherche pas de solution, ni même une explication à cette malédiction, qu’elle vienne des Terres, si j’ai bien été ce que vous pensez, ou d’ailleurs. En fait, je ne sais pas ce que je recherche, une réponse peut-être, mais comment savoir à quelle question ? Voilà ce que je voulais vous écrire aujourd’hui, histoire de vous ennuyer encore un peu avec ce qui s’apparente à une crise existentielle mais qui est plus profonde, plus perverse. »
Maïnéa à nous :
« Pas une malédiction même si ça y ressemble ! Ne cherche pas pour la plage froide un 31 août ; il y a eu une tempête phénoménale autour de la maison d’une amie suisse mais chez elle rien ; la tempête chez une amie belge aussi, toutes deux anciennes bien entendu. Il y a en ce moment un terrible courant noir qui passe ; la boue remonte de notre passage d’entités incarnées sur les Terres et avec les rancunes et vengeances qui datent de loin. Ces événements des Terres sont la suite de bagarres d’entités d’avant, la vieille histoire des anges et des démons. Ici, je passe au travers parce que je dois avoir avec moi la force remontée pour le faire ! Ça paraît vraiment bête à dire mais tu ne peux que laisser aller le courant ! Je ne crois pas qu’au Japon il y ait une porte. Elles sont partout pourtant. Trois menhirs en forment une en Vendée mais rien ne dit que tu la passerais ; je l’ai sentie l’an passé (il faudrait que je retrouve le lieu) mais je n’ai pas tenté le passage pour des raisons personnelles… Tu as raison : si tu arrêtes tout recommencera ! Cette foutue incarnation dans laquelle nous avons tous galéré, et continuons d’ailleurs, est celle de la chance pourtant. On sait que c’est maintenant que l’on peut avancer enfin !! Ce matin, j’ai remonté le fil des souvenirs et retrouvé l’essence ET des Akis ; leur essence ET est sûre et certaine. On touche à tant de choses, tant de croyances humaines et tu sembles faire partie de ceux qui ont gardé la plus grosse part ET, les moins adaptés à la vie humaine ! Il y en a un autre comme toi qui souffre aussi parce qu’il a toujours observé les autres comme de loin ; même la mort ne l’a pas touché ! Difficile de se faire comprendre quand on est comme ça et difficile de ne pas être seul ! Peut-être aussi que les autres te fuient parce qu’ils sentent quelque chose de pas comme eux en toi. Ça, je le vis depuis si longtemps moi-même que je me suis habituée et je les fuis moi-même ; ils m’emmerdent… Il n’y a pas d’autre mot. Je ne peux prévoir ma vie, je ne peux espérer, rien non plus n’est jamais arrivé, et ce ne sont pas des mots, tu sais que je cultive la franchise même si je parle peu de certaines choses, je sens simplement que ta porte s’ouvre enfin !! Tout s’est toujours échappé, rien à faire. Je vis sans prévision réelle et pourtant je vis, comme si je vivais à moitié dans un autre monde ! Nous sommes tous nés de la matrice, nous sommes tous sa force. Imprègne-toi de ça, essaye de ressentir la force qui émane de toi et cette force là va irradier de toi ; au lieu de faire fuir tu vas étrangement attirer tout en faisant peur ! Mais il faut ne pas avoir peur d’être toi-même ! Il y a bien plus en toi-même (et tu le sens) que tu ne veux le voir dans ton miroir ! Pour ta dualité d’attirance entre hommes et femmes : normal pour une essence aki. Le reste, ce sont des trucs inventés par les humains pour gérer les foules ! Si je suis toujours allée sur la pointe des pieds avec toi sur nos origines, c’est à cause de cette force qu’il y a en toi. La force est un danger si elle va vers le Noir, un danger parce qu’il faut se battre contre et on y perd des gens ! Une chose qui n’est pas un délire : il semble bien que si on pouvait rayer de la surface de la terre ma personne, ma force et mes connaissances enfouies, on le ferait bien vite, et pour ça on se sert de la boue et des vieilles vengeances des Terres ! Il semble en être de même pour toi d’où cette idée d’aller te coller sous un train pour repartir ensuite sur une nouvelle vie et tout le même chemin à refaire jusque-là pour continuer. Tu cherches comme celui qui souffre du même mal que toi, de la force que vous avez eue ! Il dit : “Pourquoi faire ceci dans cette vie ? Je sais que je l’ai fait dans une autre…” Il veut des réponses pour retrouver sa force, mais la réponse est en lui comme en toi ! Croire en elle, déjà, puisqu’elle est là et avancer sans chercher à savoir trop où on va et pourquoi ? On en est là dans le groupe, on rame, on rame, mais on sait juste qu’on ne rame pas pour rien ! Belle réponse, hein ? »
Nous à Maînéa :
« L’ami dont vous me parlez a effectivement quelques points communs avec moi. Je ne demande qu’à voir des choses, apprendre, connaître et partager, bouger, voir du monde, me changer les idées quoi ! Mais il n’y a rien à faire ; au fond de moi, j’ai envie de mourir et d’oublier. Et ce quelque chose qui me retient ne m’aide pas, au contraire. C’est étrange pour quelqu’un comme moi mais ce qui me retient, ce sont mes sentiments personnels pour ma famille, je ne veux pas lui faire de peine ! Si elle n’était pas là, j’aurais abandonné cet après-midi, causant ainsi la retraite anticipée d’un conducteur de train traumatisé ! Le pire est qu’avant cela m’aurait fait rire… Aujourd’hui, cela ne m’inspire plus. Il est évident que je ne vais pas continuer à vivre comme je le fais, ou pas du tout même. Vous savez que je ne suis pas sensible mais quand des larmes, cette réaction par trop humaine, me viennent aux yeux, c’est que quelque chose cloche ! Et c’est peu dire… Je ne cherche pas de plage froide mais il est fort possible que je la trouve. J’en ai marre ! C’est un résumé rapide de ma vie mais j’en suis là moi ! Elle m’ennuie ! Si je ne suis nulle part à ma place, où puis-je aller ? »
Maïnéa à nous :
« Je n’ai rien retouché à ce que je viens de recevoir ! C’est celle à qui j’avais passé tes coordonnées la première fois. Ta route est rude mais elle est tienne et édulcorer ce qui est sorti de ta carte aurait été malhonnête. Je pense que tu en tireras ce qu’il te faut pour avancer vers ta voie ! Ça ne va peut-être pas être le meilleur pour ton moral du moment bien qu’il n’y ait pas de condamnation dans ton ciel, heureusement. On doit tous passer par là de toute façon pour avancer à un moment ou à un autre. Si j’ajoute à ton passif que l’on t’a croisé en tant que bourreau vers la période de l’Inquisition et des Templiers… ouïe ! Un an dur je crois a-t-elle noté, c’est long un an mais bon pas tant que ça, non ? Je ne minimise rien de toute façon. Je n’ai pas sa vision aussi noire de ta personne peut-être parce que je te connais un peu et te retrouve dans mes mémoires. On ne change pas décidément. Il y avait derrière la capacité de calcul et la froideur de Sriss le sens de la justice qui en étonnait plus d’un !! N’shaopaa Ami Ancien ! Que le Soleil et la Lune guident tes pas ! Voici le message :
« “Tu sais que tout au début de notre correspondance, j’ai dressé sa carte natale et relevé des points à se méfier…D’abord, son ascendant Balance accentue l’indécision, le laisser-aller au gré des événements, d’où un comportement opportuniste dont il faut se méfier car contrairement à ce qu’il dit, il sait très vite à qui il a affaire ! Pluton est en carré à Mars (violence, agressions), Mercure carré Neptune (mensonge et dissimulation, trahison en amitié, projets remis en questions) et ce qui n’arrange pas les choses, Vénus, Saturne et Jupiter sont mal acceptés par Uranus (fausseté en amour, dissimulation, désir de porter un masque pour se donner de l’importance, froideur, cruauté relationnelle : je prends, je laisse quand cela me va). La sexualité n’est pas bien définie mais ce n’est pas l’important ; c’est plutôt l’usage qu’il en fait ! Pluton est sur l’ascendant, c’est à dire la puissance intérieure qui l’anime ! Je crois avoir dit il y a quelques mois que seul le service rendu à autrui dans un esprit totalement dénué de tout intérêt personnel sera la seule porte de sortie ! Ce travail peut être une activité dans l’enseignement (arts martiaux, entre autres, transmission de savoir en tout cas) et la gestion des énergies sexuelles dans un but de transformation intérieure et d’ouverture aux autres dans des relations inconditionnelles. La malédiction, elle, vient de sa maison 12 (dernière vie antérieure) contenant Jupiter, Vénus et Saturne. C’est contournable cependant ! Il s’agit d’une malédiction en amour, lancée par une épouse bafouée et emprisonnée par lui pour des raisons d’intérêts. Un remariage avec une jeune femme qu’il semble avoir arrachée à son voile de nonne ou à sa direction spirituelle… Cette malédiction remonte à trois vies et prend sa source dans un très ancien pays, probablement la Chine antique. Il y a une immense muraille en construction, et il y a un sacrifice pour que cette muraille soit bénie par les dieux. Maintenant, il y a la porte de sortie qui est, aussi étonnant que cela soit, une clairvoyance et un sens de la justice qui fait qu’il peut parfaitement dresser la barre et agir avec les lois universelles, mais il est pré-conditionné par son mental et sa vision qu’il a de l’avenir, le sien ! Je dirais qu’il y a confusion en lui entre son passé et l’auto-conditionnement qui en découle ! Sûr de perdre, il se met en condition de perdant ! Actuellement, son anniversaire s’ouvre sur deux dettes à payer : l’épanouissement de soi, les amitiés et l’amour. Il subira donc tout ce qu’il a fait aux autres par le passé (abus de confiance, de pouvoir, trahison affective…) Son karma principal est l’utilisation du sexe et du pouvoir pour acquérir des connaissances. Saturne participe dans la maison 6 existentielle (grandes difficultés et patience exigée. Isolation, désillusion au niveau des liens familiaux, exil… pénurie matérielle). Il paye donc cette année, à l’issue de laquelle il devrait commencer à émerger du chaos qu’il s’est créé. La pulsion suicidaire n’y est pas ; par contre son mental va changer. Pour l’instant, il est dans la confusion et l’instabilité ainsi qu’une certaine agitation ! Je pense que tu es la seule à pouvoir le guider en l’exhortant à lâcher prise et accepter la résolution positive des actes du passé ! La malédiction s’éteindra s’il accepte simplement les lois du karma qu’il a engendré. Les amitiés agiront dans ce sens en étant le miroir de ce qu’il a été jadis… Qu’il ne s’étonne pas d’être manipulé, abusé, trahi, voire agressé sexuellement… Le sens du pouvoir, il l’a toujours ainsi qu’une forte clairvoyance ! Quelque part, il a les outils de sa rédemption ! Il pourrait travailler éventuellement dans la police, dans la section recherche de disparus ou toute autre fonction lui permettant d’exprimer ses capacités de justice et d’intuition. Ou bien qu’il demande à la providence qu’elle lui accorde l’occasion de se racheter… Il aura la réponse ! S’il agit ainsi, il sera surpris de la tournure des événements. Sa RS composite est d’ailleurs étonnante à ce propos : il trouvera sa Quête, en fait celle d’une reconnaissance de son être véritable et de sa relation avec le monde qui l’entoure. À partir de là, il s’engagera dans la voie de la rédemption mais qu’il sache que ce ne sera pas facile. Saturne lui fera rencontrer un instructeur des plus pénibles et des plus durs, à la mesure de ce qu’il fut jadis ! Il souffrira intensément, perdra jusqu’à son identité afin que de nouvelles valeurs l’éveillent au partage et au travail collectif… dur dur… mais s’il sait briser le masque qu’il porte, le miroir de ses illusions tombera et il se verra tel qu’il est, un être humain avec ses espoirs, ses rêves et sa puissance capable de les transformer en réalité et cela sans briser autrui. Alors il aura réussi sa transformation et il sera projeté en avant dans une existence active, conquérante et saura servir les intérêts d’autrui avec joie, car il aura trouvé la paix de l’âme et de l’esprit. Sa pierre est le Jade Impérial de Chine (Néphrite). Elle le conduira en douceur vers la libération…” »
Encourageante consolation ! Notre thème astral est un véritable typhon anarchique. Nous ne pourrons trouver la rédemption qu’en rachetant les fautes que nous commîmes dans nos vies antérieures et dont nous ne savons rien ; cela aussi est encourageant ! Par où commencer cependant ? Il nous faut une carte pour la Chine…Nous ne savons pas si Maïnéa nous voyait en tant que fine psychologue ou si vraiment son amie pouvait lire les signes des astres. Quoi qu’il en soit, ce thème nous perturbe aujourd’hui encore car nous ne nous y reconnaissons que trop et ne pas l’accepter dès le début n’était qu’orgueil de notre part.
Nous à Maïnéa :
« Je ne me reconnais pas dans tout ce que j’ai lu, et très honnêtement, servir mon prochain n’est pas ma préoccupation majeure en ce moment même si je le fais quand l’occasion se présente. Tout ce qui pourra être dit ou écrit sur moi ne change pas ce que je pense. Je ne suis pas à ma place ici, ici dans le monde des humains… ou le monde des vivants. Je suis une âme déchue, perdue et impuissante face à sa destinée. Que l’on me punisse pour ce que j’ai fait avant, il y a longtemps, est aussi injuste que si je devais recevoir quelque gratification du fait de ma bonté passée. Je suis ce que je suis, aujourd’hui, je n’ai pas à payer les fautes qui ont aidé à me construire. J’assume tout, je vous l’ai déjà écrit. Vous savez également que je n’aspire en rien à devenir un humain respectable conscient de sa misérable condition. Ma Quête est celle du Temps ; c’est l’Éternité que je cherche à conquérir. Que ce soit bien ou non, c’est celle que je me suis donnée, peut-être depuis bien longtemps. Ma vie est basée sur cette recherche. Et puis hier, j’ai pris conscience que je n’arriverai à rien, que tout jouait contre moi avec le plaisir d’une vengeance injustifiée. Si encore je me souvenais, mais non ! Il ne me reste rien, pas même des soupçons de mes existences passées. Je n’ai aucune arme pour me défendre, ni même le moyen de m’en procurer. Et je ne crois pas à expier mes péchés. Je ressens de plus en plus l’envie de me donner la mort, et ce qui me retient est encore fragile ! »
Maïnéa à nous :
« Tu sais qu’en bloquant tu recommences sans arrêt ! Rien n’est juste mais c’est écrit et on accepte entre deux incarnations. Le problème est qu’on ne nous en laisse que peu souvent ou très tard le souvenir… J’ai retrouvé un très vieux passé et je dois l’accepter même si ce que je retrouve ne me plaît pas toujours et même parfois ne me plaît pas du tout ! Si tu arrêtes ta vie tu la recommenceras sans fin, toujours la même et sans choix. Il ne faut pas lire qu’il faut vivre le chemin de la rédemption. Mon amie a un ton un peu trop catho mais pour te donner une idée, je suis plus souple dans l’interprétation des choses et je sais qu’elle ne se trompe pas sur les vies antérieures. Si tu es sur ce monde, tu y as ta place et bien plus importante que tu ne la vois maintenant. Mets-toi à l’ombre une année et laisse passer cette très mauvaise période, et après repars sur ta route, ou pars au hasard. Quand il fait trop mauvais, on reste à l’abri ou on se laisse porter par la tempête ! De toute façon tu as dû remarquer aussi que plus on cherche où on est et où on va et moins on trouve la sortie, mais il y a un truc sûr : en restant fermé sur toi-même sans t’ouvrir aux autres, tu piétines ! Il y a en toi plus d’âge que ton âge réel, donc plus de savoir. Le truc, c’est de trouver comment l’utiliser et le gérer au mieux de tes intérêts. Je ne te sens pas comme une âme déchue, pas du tout, je sens les essences, ça fait partie des dons qu’ils m’ont laissés. Je ne crois pas qu’on paye le passé, je crois qu’on est le fruit des expériences accumulées et on agit sans s’en rendre compte avec ces expériences-là comme références. Le plus difficile est de se placer sur un autre plan et de se voir sous un autre œil. On n’est sûrement pas si loin de la réussite de la quête du temps et de l’éternité que ça… Ou plutôt on n’est pas si loin que ça d’y retourner. C’est là où on nous emmène, le peu de souvenirs que l’on a ou le simple ressenti d’avoir été part de quelque chose qui a laissé tant de rêves dans la tête des Hommes. Mais nous sommes guidés, emmenés sur une route ; nous suivons et ils décident. Ça va te faire très certainement bouillir intérieurement mais la maîtrise totale de notre destinée ne nous appartient pas en cette vie, on est orientés au fur et à mesure et selon des critères qui ne sont pas les nôtres. On avance, par petits pas ou grands bonds. Je sais de quoi je parle à force de le vivre ; il a bien fallu que je le décortique. Ceux qui cherchent la potion magique peuvent en boire des litres, l’élixir d’éternité n’est pas tel qu’on le voit. Et je suis sûre que ça tu le sens en toi déjà ! Tu as une arme, c’est ta volonté ! Elle n’a pas dû changer et elle peut abattre des montagnes si tu le veux, ça aussi j’en suis sûre. L’essence ancienne est trop forte pour qu’il en soit autrement. La mort est une fuite et une faiblesse, et je sens tout sauf de la faiblesse au fond de toi. Mais ça c’est ce que je sens de toi, je suis sur un autre plan. »
Nous à Maïnéa :
« C’est passé ! Samedi, dimanche, lundi et mardi ont réellement été des jours noirs pour moi. Mais la vague est passée ! Aujourd’hui, je suis plus serein. Je n’ai rien réglé mais j’ai compris ceci : j’ai perdu toutes mes barrières, à l’émotion, à l’amitié, au rêve, à la santé. Je m’étais protégé contre tout ça depuis si longtemps et je suis tombé de tellement haut que le choc a failli me coûter plus que les quelques larmes tombées au cimetière. Je m’en sors donc plutôt bien. Ne vous méprenez pas, je n’ai pas retrouvé mon envie de vivre, j’ai seulement accepté certaines choses, des paramètres nouveaux avec lesquels je devrai vivre le temps qu’il me reste à vivre. Comme vous le lisez, c’est plus une résignation qu’une acceptation mais ça vaut ce que ça vaut. Je vais essayer de vivre des expériences nouvelles, n’importe quoi, histoire de m’occuper l’esprit. C’est dangereux car quand je serai à nouveau seul, je tomberai une fois encore et qui sait ce qu’il se passera et comment je pourrai réagir à ce moment-là. Voilà où j’en suis ! Disons que j’ai trouvé ma planche mais que je dérive encore. Vous disiez que je n’étais pas une âme déchue mais je crois le contraire. Comment expliqueriez-vous sinon qu’il me soit impossible de retrouver mon chemin ? »
Maïnéa à nous :
« Une âme déchue trouve toujours son chemin ! Elle est dans le noir absolu ou alors elle ne parvient pas à se réincarner. L’étrange (pas si étrange en fait vu nos origines communes) est cette lassitude qui semble poindre, ce côté laisser-aller et ça touche plusieurs anciens. Tu ne sais pas si quand tu seras de nouveau seul tu n’auras pas trouvé en toi la force pour que ça te soit moins dur. Peut-être que n’importe quoi pour t’occuper l’esprit n’est pas la meilleure voie pour toi ; trouve ta force et ce que tu cherches. Les barrières trop fortes trop tôt, c’est le pire ! J’ai perdu les vieilles et je m’en suis reforgées d’autres, pas plus perméables mais plus sélectives. Tu ne dois pas avoir peur d’aller voir au fond de toi. Il y a beaucoup plus de force que tu ne sembles le penser pour le moment et de ma part ce ne sont pas de jolies paroles, tu le sais je pense. Ce que tu vis ressemble au nécessaire stand-by ou no man’s land pour repartir, comme l’abri pour te protéger tant que la tempête fait rage. Notre esprit sait mieux que notre carcasse nous protéger de toute façon. Dans le groupe, on est de plus en plus tournés sur l’origine ET des Akis ; il y a plus de clefs qu’on ne le pense par là… Mais bon, il y a tant de réticences quand tu parles de ça, pff ! Les oreilles se ferment ! Il faut aller du côté de Bugarach en Ariège, semble-t-il, pour que ça s’ouvre plus… Là c’est presque un ballet d’ET qu’il y a ! Je reprends ton mail : je ne sais pas si c’est retrouver ou trouver ton chemin ? Retrouver à travers les vies et trouver en celle-ci ! Tu sais, on dit qu’un Aki ne renonce jamais ! Tu en as l’essence… alors tu n’as pas fini de tomber et de te relever, non ? Le moins simple est de faire le clair entre l’illusion et le réel autour de toi… On a souvent envie de suivre l’illusion ! Que le Soleil et la Lune guident tes pas. »
« Suivre l’illusion ! » Nous étions peut-être effectivement en train de le faire avec Maïnéa depuis près de dix mois ! Au risque de tout perdre, nous devions nous en assurer. De nombreux événements apparurent en quelques semaines dans notre vie et la chamboulèrent. De nouvelles rencontres, plus concrètes, nous permirent de nous débarrasser de certaines pensées malsaines. Enfin, nous reprîmes notre activité de prostitué, laissée de côté fin 2002, ce qui activa le processus d’une nouvelle dépendance. Nous y trouvions notre compte et avions un nouveau cap. Maïnéa avait rempli son rôle et son histoire ne nous était plus nécessaire ; elle ne trouvait plus aucune justification à notre existence.
Nous à Maïnéa :
« Je ne veux pas vous donner l’impression de vous écrire simplement lorsque j’ai quelque chose à vous demander, un problème à vous raconter, une pensée qui me contrarie, etc., mais en fait, en vous ai-je trouvé une confidente, une aide précieuse qui m’a aidé à me connaître, à m’accepter, un guide en quelque sorte. Récemment, j’ai pris conscience que je ne savais même pas ce qu’était la sincérité, moi qui m’en revendique tout le temps ! Je ne sais pas si je suis sincère ou si je joue la sincérité avec les gens que j’aime… Je ne sais même pas si je les aime. En ce moment, j’ai un copain, trouvé par hasard alors que je ne m’y attendais guère. Le problème et que je ne sais pas ce que j’éprouve pour lui, de la pitié sans doute. Suis-je capable de jouer ainsi sans m’en rendre compte ? Ai-je jamais été sincère dans ma vie ? Suis-je destiné à un tout autre but finalement ? Enfin… Ce sont des questions sans réponses je crois ! J’aimerais donc savoir, savoir pour évoluer, savoir pour corriger peut-être même. Je vous offre donc ma mémoire ancienne. Êtes-vous capables, vous et votre groupe, de me faire revivre mon passé, concrètement ? Peut-être ai-je la clef en moi, celle que vous attendez ou simplement celle qui me délivrera moi… Je veux savoir, Maïnéa, je n’ai que trop attendu, même si cette attente m’a été utile. Est-il possible que nous nous rencontrions un jour, très prochainement. Il faut que je sache, par moi-même, ce que je suis, ce que je fais. Il faut que je le voie, pas que je le lise ou l’entende simplement. »
Maïnéa à nous :
« J’ai retrouvé ta photo et j’ai replongé en arrière. Je ne pourrai pas te voir ni accepter tes vies anciennes en mémoire. Elles ont croisé trois fois ma route et ça m’a été fatal à chaque fois et pas vraiment une fin dont on a envie de se souvenir. Je ne pourrais pas te parler et te regarder en face, ça me serait insupportable. Mêmes raisons pour ta mémoire ancienne. Je te souhaite bonne route surtout,
« Amicalement. »
Nous à Maïnéa :
« J’entre toujours dans le jeu des gens, parce que je guette les opportunités, parce que je trouve cela intéressant, parce ce que je cherche des réponses à l’humanité. Vous m’avez aidé, chose inattendue ! Je pensais bien en vous demandant une rencontre que vous refuseriez pour une connerie du genre de celle que vous m’avez sortie, sans offense. Refuser de me rencontrer par peur après la correspondance édifiante que nous avons eue, vos propos ?! Je vous en prie, trouvez mieux que cela ! Par mon dernier message, je voulais tester votre sincérité. C’est chose faite et je dois avouer que j’aurais souhaité meilleur dénouement.
« Bon souvenir de moi. »
Malgré tout, nous apprîmes tellement en dix mois grâce à elle ! Nous n’eûmes plus de ses nouvelles depuis – nécessairement le contraire nous aurait-il étonné ! – mais sans Maïnéa, nous aurions sans doute sombré à un moment de notre vie dans un désespoir des plus profonds. C’est également de sa faute pourtant si, à ce moment-là, nous ne sombrâmes pas dans ce gouffre… Nous aurions peut-être eu la chance de nous débarrasser une fois pour toutes de nos illusions.
Connais-tu Blanche-Neige, Fidèle ? Tu nous donnais une belle pomme empoisonnée avec un air gentil à cette époque et nous croquions dedans comme cette conne !
Les illusions forment ce que nous possédons de plus secret et de plus dangereux. Nous ne pouvons pas les partager, vivre avec ou vivre sans. Les gérer semble être devenu pour nous avec toutes ces expériences un jeu qui requiert patience, bienveillance et ironie. C’est sur ce chemin de crédulité que nous forgeâmes notre caractère et en cela devons-nous beaucoup à cette femme. Peut-être un jour trouverons-nous le courage ou plutôt l’intérêt de la recontacter et de continuer notre chemin sur la voie qu’elle nous proposait.
C’est une envie que nous ne pouvons refouler. Elle nous tient, elle est présente à chaque instant. Il n’y a aucun moyen de nous en débarrasser, si ce n’est peut-être en la concrétisant. Nous nous y adonnons donc, nous l’écoutons, nous la suivons. Elle nous berce alors dans un monde fait de pensées inavouables et de plaisirs terriblement intenses. Après, nous nous sentons mieux mais elle revient vite – en fait elle ne nous quitte jamais. Nous aimons cette sensation ; nous aimons la partager avec des gens comme nous ; nous aimons être le centre de toutes les attentions ; nous aimons être celui que l’on comble ! Hélas y a-t-il toujours cette barrière de raison qui nous l’interdit. Pourquoi devrions-nous l’écouter après tout ? Nous la passerons si quelqu’un est là, de l’autre côté.
Le sexe… Que dire sur lui ? Nous en prîmes conscience tellement tôt ! À 15 ans, nous connûmes ce plaisir intense qui nous ronge avec une fille. À 16, celui qui nous excite avec un garçon. Au lycée, le sexe était pour nous associé aux sentiments, à la sincérité, à la fidélité, à un désir partagé. À la fac, il se transforma en une idée, un moyen, un attrait. À notre retour de Floride en novembre 2001, le sexe devint un job. Vivre pour baiser, baiser pour vivre ! Nous menâmes pendant toute une année, dans le dos de nos parents chez lesquels nous vivions, une vie de décadente débauche. Nous trouvions nos clients sur les salons d’AOL, quelquefois sur un trottoir hors du centre-ville. Quelquefois même, nous couchions pour le fun sans argent, bareback. Nous découvrîmes à cette époque ce « risque de vivre » lu ailleurs, quelques mois plus tôt. Notre vie se retourna et nous en étions fier ! Nous eûmes cette année-là une dizaine d’expériences du genre ; c’est peu mais nous t’affirmons, Fidèle, qu’elles marquèrent notre vie… en bien ! Nous éprouvâmes naturellement et immédiatement du plaisir à entrer dans ce rôle qui ne nous correspondait pas un an auparavant. Nous étions sorti du gentil garçon innocent trop couvé par son entourage. De petit ange que tous vénéraient respectaient, nous passâmes dans petit démon. Quelle extase ! Des histoires, nous en avons à la pelle ! Elles n’ont aucun intérêt pour celui qui les lit car il faut les vivre pour leur en donner ; il est donc inutile de les détailler. À la rigueur, si nous ouvrons un Cercle à Aix-en-Provence (est-ce toujours prohibé ?), y installerons-nous un office avec le cahier de nos petits délires sexuels entre amis mais rien de plus ici. Nous analysâmes beaucoup de choses dans notre vie et apprîmes ce que le terme décadence signifie. Lorsque nous l’unîmes à celui de masochisme, nous obtînmes la parfaite alliance : une vie perturbée mais tellement excitante que nous en oubliâmes l’inaltérable finalité nommée Chaos ! Le masochisme, ce n’est pas entrer dans une cage, se faire fouetter, être attaché à une chaîne et hurler pendant des heures tel un chien que l’on maltraite ! Laissons cela aux amuseurs de foire et aux bourgeois-es blasé-e-s. Le masochisme, Fidèle, c’est continuer à travailler dans une société qui t’esclavagise, rester marié à une personne que tu as fini par répugner avec le temps, ignorer tes envies parce qu’elles ne sont pas acceptées. Le masochisme, c’est écouter ta raison lorsque ta passion te transporte trop loin, lorsque tes idéaux prennent le dessus. Le masochisme enfin, c’est omettre les conséquences de tes choix pour préférer le petit caprice de l’instant.
Lorsque nous travaillions encore à Monoprix, nous fîmes la connaissance fortuite de Marie-Françoise, une très sympathique parisienne de 49 ans qui venait s’établir à Aix. Nous nous entendîmes rapidement et elle nous demanda si nous pouvions lui installer son ordinateur et sa chaîne hi-fi un jour prochain. Le 1er juin dernier, nous nous rendîmes donc chez elle vers 10 heures et ne la quittâmes que sept heures plus tard. Loquace depuis quelque temps, nous parlons aisément de notre vie à qui veut l’entendre. Nous parlâmes donc de tout, de nous, de notre vie, de nos activités, du fait que nous venions de nous faire stupidement et volontairement virer de Monoprix parce que nous ne nous y plaisions plus. Nous parlâmes aussi de nos relations : Arthur et Morgan. Nous rencontrâmes Arthur le 19 avril 2004 au Tison, une boîte de nuit gay en Avignon qui faisait aussi cabaret. Nous avions un copain en commun, ce soir-là, avec qui il venait. Un regard sur le dancefloor suffit ; nous sortîmes ensemble le jour d’après. Nous rencontrâmes Morgan sur l’Internet il y a six mois environ. Il n’y avait vraiment rien entre nous à ce moment-là. Pour le soir du 1er mai, nous l’invitâmes à nous rencontrer. Des amis, Arthur et nous-même allions cette fois-ci au Spartacus, une autre boîte de nuit gay, entre Aix et Marseille. Nous passâmes la nuit ensemble chez nous car il habitait loin. Nous nous revîmes trois fois ensuite et le 17, nous allâmes chez lui, à Pertuis, en stop vers minuit, parce que nous devions parler de nos sentiments. Nous sortîmes ensemble cette nuit-là. Nous ne fîmes rien de sérieux car nous pensions à Arthur. Nous annonçâmes la nouvelle à ce dernier à La Rotonde, un bar-lounge d’Aix où nous avions tous deux nos habitudes, quatre jours plus tard ; nous trinquâmes au champagne – dérision et légèreté ! Arthur, c’est Absolutely Fabulous et Morgan, Un automne à New York et Le Journal de Bridget Jones réunis. Nous sommes la thèse et l’antithèse de notre personne. Nous évoluons allègrement dans deux mondes opposés et nous nous y perdons souvent. La synthèse arrangeante est cette saga – elle ne résout rien mais elle met tout à plat ! Nous évoquâmes tout cela avec Marie-Françoise, entre bien d’autres choses :
– Nous étudiâmes l’histoire à l’université de Lettres et Sciences Humaines d’Aix-en-Provence et stoppâmes tout avant les partiels, sur un coup de tête, pour partir en Floride et en revenir trois mois plus tard seulement ;
– Nous prostituer : un caprice distrayant, contexte aux relations humaines qui nous ennuient à mourir ;
– Nous engager dans l’armée et dénoncer notre contrat cinq semaines après : un caprice encore ;
– Partir en Asie du Sud-Est sans rien prévoir, sans parler la langue, cent euros dans la poche, sans point de chute ou contact : une folie capricieuse, encore et toujours ;
– Choisir, devant le vigile attaché à la surveillance du personnel, le premier article qui venait avec un antivol énorme dessus et sortir pour ainsi faire sonner l’alarme, dans le magasin où nous bossions, pour nous faire virer : une folie tout court !
Après trois pastis (plus jaunes que blancs) et une bouteille de Château Bacchus, les choses devinrent paradoxalement plus claires. Nous pensons que nous, jeune trop enchanté de notre temps, avons une tendance à l’autodestruction. Peut-être sommes-nous conscient de notre renaissance future, plus stable, plus vraie ; honnêtement ne le croyons-nous guère ! Face à ce sentiment de frustration existentielle qui nous anime, nous choisissons notre voie : celle qui comme les autres nous conduit dans un mur mais qui a cette particularité de nous le faire oublier. Nous choisissons de suivre nos envies et sentiments. Marie-Françoise se dit désolée pour nous qui ne sûmes quoi lui répondre sur le moment. Pourtant, ce que nous faisons est le fait de notre propre choix et nous ne voulons aucunement être plaint. Nous ne valons pas plus que ce que nous faisons, y compris nos turpitudes ! C’est grâce à elles que nous évoluons dans la vie et elles ne nous abîment en rien ; bien au contraire, elles nous construisent. Malgré nous, par les quelques expériences dont nous fîmes le récit sommaire plus haut et que nous développons dans les épisodes suivants, nos illusions s’envolèrent. Nous en souffrons tous les jours. Tel Icare, nous avons désormais besoin pour exister de nous approcher du Soleil, même si nous savons que nous allons nous brûler les ailes. Nous avons en nous la force de nous détruire ; nous en avons conscience. Notre vie est une suite de déceptions qu’il faut accepter et apprendre à gérer. À chacun sa méthode ; la nôtre désormais est-elle claire…
Il existe dans les Cieux la lueur de notre condition. Le soleil des Hommes nous apporte lumière, chaleur, réconfort et une vérité : nous nous abreuvons tous de la même étincelante clarté ! La paix à celles et ceux qui le comprennent, le malheur de la guerre aux autres. Nous ne sommes pas seulement un être fait d’os et de chairs, nous sommes également doté d’une conscience poétique et de sentiments. Hélas nous arriva-t-il de très mal interpréter ces derniers. Le 18 décembre 2003, nous rédigeâmes une lettre à deux garçons que nous aurions pu aimer. Il était 4 heures.
« Depuis presque six mois que je suis de retour en France, j’ai offert ma sincérité à trois personnes, sans penser à plus que construire une amitié proche et vivre le moment présent. Visiblement, ce n’est pas un concept que tout le monde saisit. Je demande peut-être trop mais l’esprit des Hommes me semble peu clair là-dessus. Ils veulent absolument édifier une barrière entre amitié et amour ; pour eux, la première est sincère, le second est sérieux ! Certes je ne connais pas l’amour. J’ai beau avoir voyagé sur trois continents, vécu parmi des civilisations très différentes, avoir joui quand même de quelques expériences intéressantes, avoir eu de nombreuses relations sexuelles, je ne sais pas ce qu’il est, quelle que soit la forme qu’il puisse prendre. Les gens le cherchent et le trouvent rarement, ou au prix de concessions absurdes. Seulement, lorsqu’on leur propose une relation sincère et proche, sans leur promettre de le trouver, ils la refusent. C’est triste à dire mais de mon côté, j’ai assez proposé ma sincérité et trop souvent été déçu des excuses que l’on m’a servies pour justifier ce refus incohérent. Quoi de plus honnête que de proposer sa sincérité à quelqu’un ? Quoi de plus hypocrite et lâche que de la refuser au nom de l’amour ou de la différence ? Non, franchement, je ne comprends pas ! Hier soir, il devait être 23 heures quand je suis rentré chez moi par le parc de la Torse et je peux bien avouer avoir versé quelques larmes sur cette incompréhension. J’ai également pensé au bonheur. Quel est-il ? Peut-on en jouir dans des choses simples ou ces dernières nous font-elles seulement oublier que nous ne l’avons pas atteint ? Peut-être est-il physiquement inaccessible ! Peut-être n’existe-t-il que pour les esprits simples ! Peut-être que je pense trop… Hier soir, j’ai conclu ceci : je ne suis pas un être à trouver bonheur dans des choses simples. J’aime donc effectivement les relations atypiques, les expériences diverses, les personnes complexes. Paradoxalement, j’aime la solitude partagée. Que penserait Bernardin de Saint-Pierre de ma petite réflexion nocturne ? Sans doute, lui, aurait-il une réponse à cette question : suis-je encore longtemps destiné à avoir mal ? Pour moi, il ne peut y avoir entre nous ni amitié, ni amour ; l’amitié est beaucoup trop faible et l’amour beaucoup trop fort pour être prémédité. Je souhaite une relation simple et sincère entre deux êtres qui ont choisi de partager le moment présent ensemble. À cela peut-être donnerons-nous un jour le nom de bonheur ! »
Comme la vie, la mort, les saisons, les joies et les peines, les amoures sont éphémères. Nous pensons qu’il faut vivre une relation dans l’instant, ne pas chercher à l’embrouiller de pactes, de compromis, de définitions aussi complexes qu’inutiles. Nous n’avons que 22 ans et une telle conception doit paraître quel que peu naïve. D’ailleurs, nous espérons bien encore évoluer. Nous sommes pourtant sûr d’une chose : dans dix, vingt ou trente ans, nous aimerions avoir la chance de dire avec nostalgie que nous vécûmes ces instants dans l’amour et non que nous les cédâmes par amour car pour nous tout passe, tout est éphémère, même les constructions les plus solides et les plus nobles. Entre la complexité d’une pensée et la simplicité d’un acte, nous choisissons la confiance, seul compromis entre souffrance et agonie. Croyons-nous suffisamment en son amour pour le laisser libre de faire ses choix ? Notre amour est-il sincère ? Si la réponse à ces deux questions est « Oui !», alors serons-nous heureux car aucun de nous deux ne devra céder une partie de lui-même… par amour. Aujourd’hui, 14 juin 2004, c’est là que nous en sommes.
Nous sommes le dimanche 4 juillet 2004. Ceci conclu le premier épisode de notre carnet, réflexion sur notre courte existence, sur ce que seul, à cause de ou grâce à nos expériences, nous retînmes de la vie. Cette semaine, nous apprîmes la signification sociale du mot amour ainsi que la souffrance qui en découle indéniablement…
« Aix-en-Provence, mercredi 30 juin 2004.
« Arthur,
« 183 pages ! Cent-quatre-vingt-trois pages qui n’ont été que le pâle reflet de ce que je ressentais les quelques jours lors desquels je les ai écrites ! Cent quatre-vingt trois pages pour aboutir à ce perturbant constat : je me suis planté ! Il ne m’a pas fallu longtemps pour m’en rendre compte, comme si l’écriture du premier chapitre de Noir & Blanc avait été absolument indispensable pour comprendre cette évolution. Aujourd’hui est un jour anodin : mon frère fête ses trente balais de l’autre côté de l’Atlantique, le monde ne tourne pas plus mal que d’habitude, les gens dans la rue marchent toujours, les oiseaux gazouillent, blablabla… “Ne rien céder par amour” ; ceci est la conclusion du premier livre ! Depuis douze jours, c’est exactement ce que je fais… mais à l’envers ! Lorsque ce soir-là, au New Cancan, tu as remarqué Sébastien, je me suis dis égoïstement que tu ne jetterais pas ton dévolu sur ce jeune homme perturbé par les problèmes qui l’occupaient avec son ex. On en a parlé… Il t’intéressait, je l’ai su de suite, sans savoir pourquoi. Seulement voilà, il était attiré par moi, que devais-je faire ? Je ne souhaitais aucunement m’attacher à quelqu’un d’autre ; je souffre suffisamment de notre relation et, à la fois, ne peux vivre sans. Le soir de la fête de la musique, j’ai donc tout mis en œuvre pour casser quelque chose chez lui, le rapprocher de moi pour mieux l’en éloigner plus tard. Je m’y suis attardé quelques jours, il fallait que je sache aussi les sentiments qui t’attachaient à lui. Le temps révèle beaucoup de choses, tu sais ! Par ailleurs, je sentais que ce que je lui disais sonnait comme une révélation. Je n’ai pas agi dans mon intérêt, pas seulement, il fallait qu’il entende ces choses, son regard n’était que trop parlant. Le soir d’après, au Med Boy, pour l’anniversaire de Benoît, j’ai pris pleinement conscience de ce que représentait Sébastien pour toi. Des collégiennes, me disais-tu ? Arthur, quand tu es blessé, énervé, tu n’as pas besoin de me le dire clairement, je le sais bien avant. Pour autant, et cela pouvais-tu t’en douter à cet instant ?, je n’agissais que dans ton intérêt. Mon affection, je te la donne sans retenue ! Je ne viens pas chez toi lorsque tu me le demandes dans quelque autre but que celui de te réconforter parce que tu vas mal. Peut-être est-ce cela, aimer ! Vendredi soir… Intéressante soirée, n’est-elle pas ? Voilà Sébastien libéré de toute attache à mon égard. Ton rôle de comtesse amoureuse et entreprenante a équilibré parfaitement mon rôle de garçon distant qui ne cherche pas de relation, qui s’en éloigne quand elle approche. Il l’a compris ce soir-là, je l’espère, j’ai tout fait pour. Vendredi soir donc, plus rien ne dépendait de moi. C’était gagné, pour toi ! Ainsi avais-je réussi une des plus grandes erreurs dont je me souviendrai longtemps, et c’est dire… Hier soir, Arthur, tu n’as vraiment rien manqué de la soirée au Set Club. Tu aurais pu admirer cependant dans quel état j’étais. Une coupe à la main, seul, au bord de la piscine, dans un coin reculé de la foule, la tête levé vers les étoiles, j’ai beaucoup songé ; songé à la relation que j’entretiens avec toi, songé à ce que je venais de faire. J’ai cédé beaucoup de choses en si peu de temps par amour. C’en est absurde ! Il y a quelques jours, je pensais encore que même l’amour était éphémère, et aujourd’hui voilà que je me surprends à en douter sérieusement. Il y a une image de cette soirée que j’aimerais effacer à tout jamais. J’aurais voulu éviter de voir votre regard à tous les deux lorsque je vous ai dit : “Bonne soirée, amusez-vous bien !”, devant le Happy Days. Il est des choses complètement futiles qui nous marquent cependant, cela m’a beaucoup marqué ! J’avais l’impression de voir dans les yeux de Sébastien le regard d’un être qui va trahir un ami ; dans le tien… tu n’étais pas assez clair hier soir pour exprimer quoi que ce soit de sérieux et pourtant je souhaite ne plus jamais revoir ce regard. Vous pensiez que vous m’abandonniez, je m’en moquais, mais je savais que vous le pensiez. Je n’aime décidément pas que l’on s’attache à moi. Il est des jours où je me sens seul, alors mon cœur rappelle à mon esprit qu’il te connaît ; il est des jours où mon bonheur ne pourrait être sublimé que par le fait de le partager avec toi. Il est des jours où je suis surpris de mon étonnante capacité à retenir ces quelques larmes qui me persécutent quand je pense à toi, loin de moi… Il est des jours où tu m’énerves… Ce sont ces jours-là qui m’ont enseigné ce que ces cinq petites lettres assemblées signifient. Arthur, je t’aime et tu vas me manquer. Je t’aime en tant que confident, en tant qu’ami proche, en tant qu’amant ; je t’aime en temps de paix comme en temps de peine. Arthur, je n’aurais pas souhaité une autre relation entre nous. Elle me blesse comme elle me soigne, elle m’élève comme elle m’abîme, elle me convient pleinement. Vis dans le meilleur, vis dans le pire. Comtesse, vis pour toi ; étoile de Lux, illumine les autres ; Arthur, je pense à toi, ne change pas. »
L’amour… Vingt-deux années d’évolution pour nous rendre compte de ce qu’il était ! Était-ce à ce point nécessaire d’en souffrir pour lui donner un visage ? Hélas, nous croyons même lui avoir donné un nom : Arthur. Vendredi, nous versâmes tant de larmes sur ce constat – nous en avions tant accumulé –, nous pensions ne plus être capable de nous arrêter. Lorsque nous pensons à Arthur, notre cœur s’emballe et nos yeux pétillent. Nous nous retenons, autant que faire se peut. Nous évitons de nous souvenir que c’est dans ses bras que nous nous sentons le mieux ; nous évitons de nous souvenir des moments intenses que nous avons partagés ; nous évitons de nous souvenir des soirées que nous passions ensemble à chercher qui serait le plus décadent de nous deux ; nous évitons de nous souvenir de tous ces petits détails qui font que nous l’aimons ; nous évitons de nous souvenir… La sincérité est un beau mot mais elle est souvent inutile ; l’amour en devient pathétique ! Pourtant faut-il tout donner pour lui, se mettre à genoux, supplier. Le premier grand amour est important dans ta vie, Fidèle. Ne le gâche pas par fierté, égoïsme ou peur du ridicule. S’il n’est pas réciproque, alors au moins auras-tu appris ce qu’il est !
Nous apprîmes tant ces trois dernières années ; nous aurions tant aimé rester ignorant, ad vitam aeternam.
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