L’introduction de ce rapport nous informe que nous sommes, nous-prostitué-e-s, « inaudibles dans l’espace public ». Nous serions « stigmatisé-e-s », « marginalisé-e-s » et n’apparaîtrions que parfois dans les faits divers, victimes d’une agression, voire d’un meurtre (et l’on nous sert un exemple subjectif comme ce sera le cas tout au long du rapport).
Il est vrai que notre voix n’est pas écoutée.
On nous recense, on nous observe et on viole notre vie privée mais on ne nous écoute pas.
On nous invite dans la presse, sur les plateaux télévisés, mais on ne considère pas notre parole.
On nous juge, ça oui, et on pense à notre place. On veut nous moraliser, nous réinsérer.
À défaut, on veut nous éradiquer.
Précisons donc en préambule de cette critique que c’est l’État, le premier et bien souvent le seul, qui, par ses forces de l’ordre et ses lois, nous « stigmatise », nous « marginalise » et nous « agresse ».
Nous ne sommes pas « emprisonné-e-s dans la honte et la culpabilité ». Nous souffrons simplement des suites d’un système abolitionniste, qui ne nous interdit pas mais qui nous harcèle.
Puisqu’on ne nous écoute pas, qu’on nous lise !
La Commission Bousquet précise qu’elle a tout fait pour rencontrer les acteurs de son sujet d’information : collectifs et associations, travailleurs sociaux, sociologues, anthropologues, philosophes, policiers, gendarmes, magistrats, infirmiers ou médecins et une quinzaine de prostituées – des femmes essentiellement, supposons-nous. Une quinzaine…
Et l’on ose ensuite nous parler d’un « état des lieux objectif » !
La Commission, forte de son autorité, se fourvoie dès son introduction, en avouant son amalgame entre « prostitution » et « traite humaine ».
Si nous admettons volontiers que beaucoup de prostitué-e-s son possédé-e-s par des réseaux mafieux, des proxénètes peu scrupuleux, nous signalons que beaucoup d’autres ne le sont pas. Ce choix de vie n’est pas, dans ce rapport, pris en compte ; c’est déplorable !
Nous montrerons que loin de vouloir protéger les personnes, c’est bel et bien la rue que la Commission s’évertue à moraliser. Elle veut victimiser la personne prostituée en lui faisant admettre sa vulnérabilité, sa précarité financière, son manque de choix.
Enfin, avec une audace sans nom, une hypocrisie biliaire, la Commission veut s’attaquer à la clientèle des prostitué-e-s avec un souci feint de ne pas « causer un tort aux personnes prostituées qui sont des sujets de droits et doivent être considérées en tant que tels ».
La Commission se veut méprisante.
Montrons-lui ses erreurs, ses contradictions et révélons-nous plus audacieux-ses en matière d’informations et de propositions.
Nous ne savons pas combien nous sommes. Les raisons de se prostituer sont multiples, tout aussi variables que pour n’importe quelle autre personne qui choisirait un autre emploi. Pour certain-e-s, c’est occasionnel ; pour d’autres, c’est à temps plein. Certain-e-s le disent, beaucoup s’en cachent. Une chose est sûre, nous sommes nombreux-ses.
Il revient souvent dans ce rapport qu’« aucune conclusion fiable ne peut être retirée de ces chiffres ».
Dans ce cas, que la Commission ne le prétende pas.
Elle avance pourtant que 80% de personnes exerçant la prostitution dans nos villes sont étrangères, et se base sur des rapports policiers (arrestations fortement suggérées par les lois sur l’immigration) ainsi que sur les observations des associations que les prostitué-e-s clandestin-e-s en quête de droits rallient ; tout cela nous paraît fort malhonnête.
La réalité est que, depuis la Loi sur la Sécurité Intérieure (LSI) et devant faire face tous les jours aux préjugés judéo-chrétiens, le « phénomène prostitutionnel », tel que le nomme la Commission, lui échappe complètement. Et elle de le reconnaître.
Qu’elle cesse donc de vouloir alarmer ou apitoyer les esprits avec des chiffres à l’évidence manipulés !
La Commission insinue que depuis 2003 et l’effectivité du délit de racolage, les données fournies par les rapports de police sont plus fiables quant au nombre de prostitué-e-s étranger-ère-s dans la rue car, précise-t-elle, avant 2003, ces données n’étaient issues que des contrôles d’identité.
Au-delà d’un aveu assumé, décomplexé, de discrimination policière, la Commission ne se rend véritablement pas compte de l’énormité de sa conduite.
Croit-elle, un peu naïvement, que la LSI ayant été votée, le corps policier aurait changé ses manières ?
Nous n’insinuons de notre côté rien de tout cela. Nous affirmons : la police, clairement, est raciste. Un policier soupçonnera un acte de racolage plus facilement chez une personne visiblement étrangère que chez une personne moins marquée. Concrètement, un policier repère les types dont la Commission fait allusion dans son rapport : bulgare, roumain, nigérian, chinois.
Aux yeux de la police, une femme blanche en talon-aiguilles peut encore passer pour une fille légère mais pas coupable ; une femme noire est considérée comme une putain, et ce simple constat justifie l’arrestation.
La Commission devrait auditionner plus sérieusement le corps policier pour ses pratiques douteuses.
En ce qui concerne la prostitution par Internet, la Commission estime a 2500 le nombre d’escorts masculins en se basant sur le « principal site d’escorts » hollandais. La Commission ne prend pas en compte tous les profils présentés sur Internet comme simples membres. Elle n’a enfin aucune connaissance des informations partagées en privé entre deux profils.
La Commission ne sait rien de ces pratiques et voudrait nous faire croire qu’elles sont marginales, comme elle prétend qu’elles le sont aussi pour les étudiants.
Elle se trompe là encore.
Beaucoup, énormément d’étudiant-e-s se prostituent, pour payer leurs études, leurs loisirs ; pour avoir plus de temps à consacrer à leurs révisions ; pour éviter de travailler 25 heures par semaine dans la graisse d’un restaurant rapide parce que l’État ne met pas en place une politique efficace en matière d’enseignement supérieur.
La Commission ignore ce que les étudiant-e-s admettent volontiers pour eux-elles-mêmes : la prostitution est un job comme un autre, moins contraignant, plus rentable, accessible.
Ces étudiant-e-s font un choix. Personne ne les y contraint.
La Commission veut les moraliser, eux-elles-aussi, majeur-e-s et libres, au mépris des libertés individuelles fondamentales.
Tous les collectifs, toutes les associations s’entendent pour condamner :
- La traite des êtres humains ;
- Les relations sexuelles non consenties ;
- L’exploitation de la misère.
Personne ne doit en douter.
Les proxénètes privent les prostitué-e-s de leur droit le plus élémentaire : le libre arbitre.
Nous nous battons tou-te-s dans ce sens.
La Commission fait l’amalgame entre prostitution choisie et traite humaine. Elle justifie ainsi sa position sectaire en victimisant, une fois de plus, la profession, pour n’avoir auditionné que des personnes – osons ce raccourci ! – qui ont raté leur vie.
Le législateur averti doit défendre les vulnérables sans faire de victimes collatérales.
Nous ne sommes pas des victimes !
Nous ne sommes pas des mendiant-e-s !
Nous travaillons !
Nous, travailleur-se-s du sexe, sommes des gens responsables qui pour diverses raisons avons choisi de faire ce que nous faisons. La morale ne peut à elle-seule nous ôter ce choix.
Notre corps n’est ni une marchandise, ni un temple. La Commission veut l’exposer afin de justifier les lois éthiques et sacraliser l’Humain ; nous le refusons.
Notre corps nous appartient et nous en disposons selon notre propre conscience.
Nous sommes organisé-e-s ; nous nous réunissons pour décider de notre avenir ; nous nous battons pour être reconnu-e-s ; nous manifestons pour des droits que l’État nous interdit dans sa logique abolitionniste ; nous ne demandons qu’à faire partie du droit commun, légalement ; nous voulons payer nos impôts comme tout le monde ; nous voulons, à ce titre, des droits sociaux, comme tout le monde ; nous voulons être libres de ne pas avoir peur de notre société.
Comment la Commission peut-elle oser vouloir nous imposer sa position alors qu’elle nous reproche notre manque de choix ?
Nous avons le choix ! La Commission Bousquet veut nous l’enlever.
Elle ignore qu’en réprimant toujours plus durement les prostitué-e-s, elle les pousse à demander la protection d’un maque afin de profiter d’un réseau, aux dépends de leur sécurité sanitaire, sociale, parfois vitale.
Ce rapport poussera le « phénomène prostitutionnel » dans les bas-fonds de la société, dans les recoins sordides des banlieues, écrasant sous le poids de la vertu les exploité-e-s, obligeant les libéré-e-s à s’enchaîner pour ne pas être emporté-e-s.
Ce rapport, s’il est considéré, favorisera la traite des êtres humains.
Ce n’est pas une menace en l’air mais une triste certitude.
Plutôt que de combattre les clients des prostitué-e-s – donc les prostitué-e-s –, la Commission devrait préconiser davantage de moyens pour combattre les réseaux mafieux qui introduisent sur le territoire national, et européen, des personnes exploitées.
À l’ère de la sur-information, du renseignement de masse, l’État n’a-t-il donc pas les moyens de traquer les esclavagistes sur son propre territoire ?
Que la Commission nous permette ce lieu-commun, elle qui en regorge : Mais que fait la police ?
Nous le savons, nous.
Elle chasse les proies faciles, elle maltraite, physiquement et psychologiquement, les prostitué-e-s dans l’espoir insensé de remonter les filières. Ce système fasciste ne fonctionne pas ; elle le reconnaît.
Casser des côtes ne réglera pas le problème de la traite humaine.
Que l’on octroie un cadre légal aux prostitué-e-s, que l’on infiltre les réseaux, que l’on punisse les tortionnaires ! Mais avant tout que l’on arrête soi-même la torture !
La Commission cache son incompétence derrière un humanisme fallacieux.
Agissons, ensemble, intelligemment !
Plus les prostitué-e-s seront libres, moins l’emprise des réseaux souterrains sera grande.
Elles nous appartiennent !
La Commission estime que « le besoin d’argent semble tenir une place cruciale parmi les motivations des personnes se prostituant ».
Nous la remercions de nous expliquer ce qu’est un travail et sommes curieux-ses de savoir si sa présidente aurait accepté une mission sans salaire.
Oui, Madame Bousquet, pour le plaisir, gratuitement, par civisme !
Usant d’une démagogie qui ne nous étonne plus, la Commission insiste sur le fait que « l’escorting, bien plus rémunérateur que la prostitution de rue, crée aussi un engrenage financier d’autant plus important » et que, nécessairement, si nous gagnons plus, nous dépensons plus et avons plus de besoins.
Nombreux-ses sont les député-e-s, grisé-e-s... non... drogué-e-s par le pouvoir et l’argent, qui traînent à se retirer de la vie publique. Leur en tenons-nous rigueur ? N’est-ce pas là simplement le contrat professionnel signé par tou-te-s les travailleur-se-s ?
Non ! Selon la Commission, la putain doit être pauvre et supplier qu’on l’aide ; elle doit voir un curé et prier pour le salut de son âme. Une putain qui réussit rend le « monde trop dangereux ».
La Commission veut-elle rééditer le Code Alaric ou rouvrir quelques couvents de Filles-Dieu ? Qu’elle le dise clairement, nous sommes fatigué-e-s de devoir lire entre les lignes.
Ce sentiment compassionnel nous révulse !
La Commission veut catégoriser les activités. À l’instar de la prostitution, si nous lisons attentivement son rapport, tous les « jobs alimentaires » seraient contraints, une forme d’esclavage tant social que psychologique.
Les salarié-e-s travaillant dans des usines mécaniques, à la chaîne, seraient donc également des prostitué-e-s. Les étudiant-e-s vacataires se prostitueraient. Les agents de surveillance de la voie publique qui ne seraient pas entrés dans la Municipale par ultime conviction de défendre leur prochain mais pour, bêtement, obtenir un salaire, se prostitueraient.
Nous travaillons pour vivre.
Et la Commission de s’en rendre compte aujourd’hui ; quelle perte de temps et d’argent quand il aurait suffit d’étudier les bases de l’économie.
Madame Danielle Bousquet, présidente, oublie qu’elle est députée pour exercer un pouvoir, nourrir sa famille et exister socialement. Madame Bousquet a donc un emploi ; les prostitué-e-s aussi !
En outre, que la Commission n’oublie pas les lois fondamentales, toujours en vigueur dans notre pays, qui garantissent le droit des personnes à disposer d’elles-mêmes.
Le 2 mars 1791, le baron Pierre d’Allardes, abolit par décret les corporations au nom de la liberté d’entreprendre. « À compter du 1er avril prochain », nous dit-il, « il sera libre à toute personne de faire tel négoce ou d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle trouvera bon. »
Les travailleur-se-s du sexe trouvent cela bon, n’en déplaise à la pudibonderie de la Commission.
Nous notons que la Commission est allée chercher ses exemples essentiellement dans les associations reconnues d’utilité publique, ouvertement abolitionnistes. N’est-ce pas demander à un curé ce qu’il pense de l’homosexualité ? Il feindra la tolérance devant ses fidèles mais admettra dans l’intimité feutrée d’un voile de vertu que la société idéale est une société sans homosexuel-le-s.
La Commission Bousquet veut se donner une image de tolérance mais, clairement, pour elle, la société idéale est une société sans prostitué-e-s.
C’est une simple question de morale, il ne faut jamais l’oublier, jamais se laisser abuser !
Pour beaucoup, la croisade féministe anti-prostitution est comparable à la croisade anti-IVG. Nous partageons évidemment tou-te-s ce point de vue !
Si la morale reprend le pas sur notre société, nous devrons ressortir nos étendards pour défendre les homosexuel-le-s car ils-elles seront redevenu-e-s des parias, des malades.
Si la morale reprend le pas sur notre société, nous devrons trépaner les déficients mentaux, les génies, les excentriques et les marginaux.
Si la morale reprend le pas sur notre société, nous devrons exclure le Juif, le Nègre et répandre la bonne parole jésuitique dans nos colonies.
Est-ce là, la société dont veut la Commission ?
Faut-il que la putain monte sur les barricades pour que les peuples la suivent et défendent leur droit d’exister alors qu’ils ne dérangent personne et vivent en conscience ?
Ne tolérons pas ces donneur-se-s de leçon qui se parent d’un large consensus autoritaire.
Réveillons-nous !
La Suède est prise en exemple par la Commission pour justifier sa proposition de pénaliser les clients de prostitué-e-s. Elle admet que les chiffres ont baissé dans ce pays quand ils ont augmenté dans les pays voisins, niant, faute de témoignages, toute corrélation.
Pénaliser les clients externalisera le « phénomène prostitutionnel » au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suisse ou en Espagne. Certain-e-s travailleur-se-s du sexe libres ont déjà fui la répression. D’autres les suivront et d’autres enfin, sans les moyens de le faire, seront encore plus marginalisé-e-s.
La commission affiche là encore clairement son hypocrisie. Loin de vouloir aider les prostitué-e-s à intégrer le droit commun en tant que tel-le-s, elle veut les chasser ou les cacher.
Car il ne faut pas s’y tromper. Si cette mesure conduit, peut-être, à une diminution de la traite humaine, de l’esclavage – nous en doutons fortement ! –, cela contraint les travailleur-se-s du sexe, libres d’entreprendre, à s’enfermer davantage dans l’isolement, la précarité sociale et le risque sanitaire.
La Commission vit dans un monde de Bisounours. Elle se contente d’une vision manichéenne de la société, dangereuse car très éloignée de ses besoins essentiels.
Nous voulons la liberté d’exercer ; point !
La Commission entend-elle des claquements de fouet entre chacune de nos interventions ? Elle serait bien la seule, avec ces associations féministes d’arrière-garde qui militent non plus pour l’égalité hommes/femmes mais pour certaines femmes tout court.
Nous soulignons de notre côté la violence de ces propos sectaires, sexistes et nihilistes.
Les client-e-s ne sont pas de monstrueux esclavagistes, comme la Commission et certaines associations les présentent. Ils-elles sont des « personnes ordinaires, de tous les milieux sociaux » et font appel à nos services pour des raisons aussi nombreuses que variées.
Nous sommes putes, masseur-se-s ou simples accompagnateur-trice-s, nous sommes psy, nous sommes confident-e-s et amant-e-s ; nous avons tant de talents. Nous répondons à un besoin comme n’importe quel-le autre professionnel-le.
La Commission considère ce besoin comme primaire. Elle se veut partisane et moralisatrice. Elle fait de l’Homme un saint là où il n’y a qu’un Homme, avec ses envies, ses besoins physiques et spirituels, ses contradictions, sa recherche tant du bonheur que du plaisir, éphémère sans doute mais nécessaire.
Nous sommes capables de lui apporter tout cela.
La Commission voudrait éduquer et responsabiliser, le cas-échéant verbaliser et enfermer. Quelles leçons a-t-elle à donner ? Veut-elle changer la nature humaine ?
Nous ne prétendons pas être un bien nécessaire à la société. Nous affirmons en revanche répandre le bien dans nombre de nos client-e-s qui, avec respect et considération pour la plupart, ne recherchent pas une « bassine pour se vider » mais bien une rencontre, un échange, avec une personne qui ne sera pas juge de leur état.
Voici bien encore un amalgame que nous entendons dénoncer ; les travailleur-se-s du sexe ne se sentent pas exploité-e-s par le machisme sociétal dont la Commission et les associations partisanes se font les porte-paroles.
Qui, mieux que nous, réprimé-e-s par le pouvoir, peut cerner les implications d’une telle annonce ?
Qui, mieux que nous, peut se louer de combattre les discriminations de genres, d’origines ou d’opinions ?
À l’instar de la Commission, nous sommes favorables à cet effort de sensibilisation pour l’Égalité de droit, de fait, de considération.
Toutefois, nous exigeons que cet effort soit entrepris pour tout le monde et non seulement pour les genres, origines, opinions que la Commission et les associations partisanes partagent avec morgue.
Nous ne croyons pas au coup de baguette magique. Nous avons conscience que c’est un combat qui ne sera jamais gagné ; il faudra toujours des soldats pour le mener, vis-à-vis des peuples, de celles et ceux qui les dirigent, vis-à-vis de la morale et des dogmes.
Par ailleurs, nous attirons l’attention sur la dérive bien-pensante d’un gouvernement qui voudrait exposer sa politique d’assimilation.
Un homme n’est pas une femme ; un-e hétérosexuel-le n’est pas un-e homosexuel-le. Nous sommes tou-te-s différent-e-s, nous avons tou-te-s nos particularités, nos mœurs, nos codes, nos besoins.
Nous ne pouvons pas tou-te-s nous ressembler. Nous devons accepter nos différences et les respecter.
Le respect doit être au cœur du projet éducatif. Nous ne voulons pas d’une société endoctrinée ; nous voulons d’une société intelligente qui respecte les différences.
La Commission avoue son ignorance en la matière, son rapport en atteste. Pour elle, un homme avec un sex-toy est un dangereux psychopathe qui considère la femme comme un objet de commerce ; une femme avec un sex-toy est, vraisemblablement, une exception.
Ainsi, comme elle exclue les prostituÉs, elle exclue les femmes libérées. Pour la Commission, l’homme est un malade, la femme une victime. « Soigner l’homme, sauver la femme ! »
La pornographie est ce qu’elle est ; le sexe est humain et ne reconnaît pas de genres !
Prenant toujours l’exemple de la Suède, ce pays qui devient de plus en plus liberticide, raciste et communautariste, la Commission nous rassure en nous précisant qu’il a été « à la pointe de la libération sexuelle dans les années 1970 ».
Que de régressions en quarante années !
La Commission nous prévient également qu’elle ne veut surtout pas « imposer un nouvel ordre moral sexuel » mais, face à l’évidence d’un tel rapport, se sent quand même obligée de le préciser.
La société ne diabolisera pas le sexe sans risquer de frustrer la population. Elle n’enseignera pas à ses enfants que le sexe doit se pratiquer comme ceci, non comme cela, sans en faire des modèles de vertu.
La société ne doit pas régler les passions humaines ; là n’est pas son rôle. Elle doit imposer, uniquement, le respect et le consentement.
Quoi qu’elle en dise, la Commission veut établir un nouvel ordre moral ; nous sommes indigné-e-s par ce puritanisme renaissant !
La Commission a-t-elle, dans son rapport, besoin d’insulter notre intelligence ?
Nous ne demandons pas de pouvoir feuilleter les petites annonces du Pôle-Emploi, ni même qu’il s’intéresse à nous.
Nous renvoyons la Commission à la Déclaration des travailleur-se-s du sexe en Europe, élaborée dans le cadre de la Conférence européenne du travail sexuel, des droits de l’Homme, du travail et de l’immigration, les 15, 16 et 17 octobre 2005 à Bruxelles.
Cette conférence réunissait associations et collectifs d’une trentaine de pays européens.
Il serait intéressant que la Commission, plutôt que d’invoquer des raisons démagogiques et captieuses, afin de se désengager de ses véritables responsabilités, prenne connaissance des réalités et du travail accompli depuis des années lors de réunions d’où sortent de véritables réflexions et propositions, tant sur la prostitution que sur les droits de l’Homme et la traite des êtres humains.
La Commission ne voit en nous que misérabilisme.
Son rapport pue l’arrogance et l’inconscience.
Il est une insulte à la Révolution,
une insulte à la République,
une insulte aux citoyens qui l’ont financé,
une insulte aux femmes qu’il prétend protéger,
une insulte à la santé publique,
une insulte à la Liberté,
une insulte à l’intelligence.
Mesdames et Messieurs les commissionné-e-s, votre rapport est un brûlot. Nous ne vous félicitons pas pour le manque d’esprit dont vous faites preuve !