Florimon-Louis de Kerloar

Noir & Blanc

Interlude : Chaos


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Tous nos textes, Fidèle, sont déposés à la Société des gens de lettres, Paris. Sois gentil, tu t’en inspires dans la vie si tu veux mais sur papier ou à l’écran, cherche ta muse ailleurs. Bonne lecture !


21 février 2007

Saint-Louis (Sénégal), 23h30.

Cette nuit, Fidèle, alors que les religieux rotent et clament, les politiques promettent et crient, la populace tambourine et bat ce monde de débiles, nous-revenant débutons la rédaction du premier interlude de notre saga.
Harcelé par des démons plus tapageurs que la rue, nous passâmes la soirée à la Résidence en compagnie d’histoire, de colonial glorieux, nécessaire, objectivement constructif. Débris d’une civilisation condamnée, hélas ! Ce bruit inutile doit cesser et il n’est d’autre issue que le Chaos. Tous – homme, femme, enfant non – périront sous notre plume ! Déjà les fîmes-nous souffrir mais rien encore ne fut assez fort pour élever notre hache guerrière, polie par l’expérience, au-dessus du cou misérable de l’humanité. Dans l’avenir, que nous sommons proche, une main tremblante de haine et de dégoût se chargera de cette sale besogne mais pour l’heure, ingrat face à la vie, digne devant la perdition, nous avançons vers l’exil, solitaire, toujours. Nicolas jouait, banal, une fesse sur le billard, une fesse sur un tabouret, les jambes en croix, de la guitare. Le fond fut à peine recueilli par les convives mais, comme le souligna diplomatiquement Madeleine, belle de cette simplicité noble et rare, manquait par son absence. Un talibé* plus éveillé qu’un autre s’offrit un instant de rêverie par-delà la porte de sortie, sur son trottoir, filtrant les notes dans son esprit débrouillard, prostitué, sans doute, par un géniteur lascif ou un quelconque marabout sans scrupule, pilier d’une foi malsaine. Davantage que le musicien français, c’est lui, ce jeune chat mal tombé, qui attira nos yeux d’or. Personne ne s’en soucia ! Ils sont pourtant notre espoir, ces enfants, les pattes agiles que nous destinons au renouveau du genre humain. Tout détruire et tout recommencer, sur des déchets. Endors-toi paisiblement, Fidèle : tu meurs et nous jouissons ton agonie !


26 février 2007

Saint-Louis (Sénégal), 17h32.

Une chose semble être sûre ces derniers jours, il ne faut pas compter sur le Sénégalais (ni non plus sur le Sénégaulois) pour changer ce monde atteint ! Permettons-nous un certain point de vue, pas le moins faux. Wade, le président-momie probablement réélu par tricherie ou connerie populaire dès le premier tour, aurait pourtant été l’amorce idéale mais le faire sauter n’était pas, semble-t-il, au goût du jour. Alors que l’Islam explose dans ce pays, la culture, elle, périt dans son souffle ; quelle bande d’aveugles bêlants ! Colons, miséreux anarchistes, anti-tout, revenez ou venez relever le niveau, pas pitié ou intérêt, venez donc car de ce continent, son peuple n’en fera rien ! De-ci de-là, l’Européen est décrié, bafoué mais OUI, Monsieur Fadel Dia, Jacques Chirac a raison de parler des bienfaits de la colonisation. Auriez-vous pu faire éditer votre livre idiot de rancunier qui n’a rien compris au film de l’histoire si vos ancêtres culturels n’avaient jamais un jour, un seul, été gaulois ?* Et Allah, et Mohammed, que vous apportent-ils, eux, que vous n’osiez les renvoyer chez eux d’un coup de pied au cul, que l’un et l’autre apprécieraient, nous le pensons, masochistes qu’ils sont ? Car il faut être un peu con tout de même pour s’imposer en puissance machiste sur un continent que la femme porte depuis cette belle nuit des temps où la nature dignitaire sublimait. Oh oui, comme nous le pensons cela aussi ! Femmes, réveillez-vous et reprenez votre place en Afrique ! Puisque les colons désertent leurs privilèges, non contraints mais épuisés par tant d’acharnements inutiles, puisque les hommes et l’Islam vous déconsidèrent, qu’attendez-vous à la fin ? Un signe du destin ? Un télex ? Wade, Mesdames, vient de vous l’envoyer ; agissez maintenant, battez-vous !


3 mars 2007

Saint-Louis (Sénégal), 23h51.

Il est vrai qu’il ne se passe jamais rien à Saint-Louis, ce qui conduit sa communauté à se réunir à tout événement. Ce soir donc : dîner oriental au casino Laser, orchestré par Joffrey et Marie-Ange, créatifs. Une Eurasienne, sublime, tinte sur la piste et dessine Dalida sur son ventre plat ; des habitués célèbrent le rosé marocain ; les flashs harcèlent sans demande ici ; notre image importe, se fait violer là ; nous sommes cadavérique, contrit par une pharyngite que nous ne pensions trouver que dans la cave du Med Boy chez Michel.
Mais que fait la Lune ? Ce soir, rousse, née d’un alignement parfait hélas sans misère, elle regarde l’Afrique de l’Ouest d’un air las mais compatissant, triste. Quelques nuages la voilent car elle aussi prend part à la fête. La Lune danse, mystérieuse, la mort. Ses monts généreux, libres et libertins, enlacent les vents cosmiques de deux bras élégants et légers que la Terre envie, elle si gauche, si lourde, la Terre. Son teint hâlé, en cette nuit exceptionnelle, longuement travaillé, comme seules les dames expertes savent, scie les cieux. La Terre, vieille putain que trop de médiocrité perfore, lui répond vulgairement et chantonne son opulente majesté. Et les Hommes, eux ? Ils ne voient rien. Se doutent-ils que sur leur vie miséreuse se joute un théâtre superbe de feux et de cendres ? Non, évidemment ! Les Hommes ne rêvent plus les cieux, ils les chargent de modules, de navettes, de rogatons synthétiques, de numéros et de figures. Dans cette immensité méconnue, néanmoins, nous révélons-nous à elle, la Lune, qui enchante nos yeux d’or et si les étoiles écoutent nos complaintes, c’est avec elle, seule, que nous communions.


5 mars 2007

Saint-Louis (Sénégal), 14h26.

Un disque rayé passe sur la platine de l’hôtel de la Poste, le même que la dernière fois où nous y vînmes boire une bière. Demain, nous descendrons sur Dakar, y passerons quatre ou cinq nuits pour préparer, si cela se peut, notre prochain départ vers le Mali. Voilà un choix sans conviction qui nous pousse puisque de toute évidence nous ne trouverons pas plus au pays dogon qu’ici mais un peu de marche ne peut en ce moment qu’être bénéfique à nos jolies fesses : il fait chaud, elles fondront ! Notre bière ne passe pas, la Davidoff n’a aucun effet, nous avalons cachet sur cachet depuis quatre jours (rien de grave, que du bon) et c’est un peu plus blasé lourd que nous enfilerons notre complet de vagabond griffé croco, noblesse signare* oblige. Nous approchons les quatre-cents nuits passées sur le continent africain. Nous en avons assez ; overdose de bêtise ! Nous réorienter n’est pas chose facile. Comment en effet rentrer en Europe sans tuer lamentablement notre promesse de ne le pas faire les mains dans les poches ? Et pourtant est-ce plus que nécessaire aujourd’hui…


8 mars 2007

Dakar (Sénégal), 8h55.

Avoir du goût n’est pas un fait de choix. Tout comme l’esprit, on naît avec ou pas. Coup de bol, nous possédons l’un et l’autre, partagés jalousement avec notre ego, ce matin fort satisfait de lui-même. La nuit fut courte et le souvenir charnel de notre vie passée nous pénétra avec force jusques au petit matin. C’est bienheureux car nous étions sur le point de nous caser moine dans quelque temple dogon sur notre chemin… Nous retombé sous les prises du sexe, impossible désormais ! De toute manière, le Mali… nous n’y pensons plus. Destination : Europe !

Nous-même . Et votre promesse, Louis ?
Nous . Ta gueule et mange ton brownie, toi !

Nous sommes en effet à la Galette, meilleur salon de thé de la capitale de ce pays pourri. Quant à notre promesse, nous ne la voilerons que le temps d’un passage éclair pour visiter famille, amis, bars et boîtes fétiches, évidemment. Ensuite, suivant notre goût donc, irons-nous vers l’Europe centrale et de l’Est retrouver bel ami et consorts pour procréer ensemble un monde nouveau basé sur la perfection corporelle, la blond attitude, le porno chic, les excès… Tout cela, Fidèle, mets-le au conditionnel car hélas pour l’heure ne savons-nous pas comment joindre le vieux continent. Travaillons donc là-dessus, les Dogons nous attendront encore !


11 mars 2007

Dakar (Sénégal), 20h38.

Sur les routes, d’innombrables véhicules fracassés par le manque d’entretien ou le temps qui passe se disputent un retour à demeure. Depuis le Grand Magal de Toubaà Dakar, un nuage de pollution doit habiller le Sénégal. La capitale, normalement habitée par trois millions d’âmes est aujourd’hui vide, morte. Dès demain, elle sera à nouveau envahie de peuple, saccagée de bruit, salie de pieds poussiéreux qui traîneront de taxis en marchés, de places en bâtiments officiels, de rues en snacks, de vie en vie. Nous haïssons ces mornes allées et venues ! Elles ne sont pour nous que désorganisation, pierre jetée par un mioche abandonné dans la mare d’un jardin nippon, médiocre danse qui, vu des cieux, ne ressemble qu’à l’annonce d’une fin inévitable. Après tout ne demandons-nous rien d’extrême : les Hommes sont trop nombreux, trois ou quatre milliards d’entre eux doivent être sacrifiés pour regagner l’équilibre ! Ce n’est donc rien à faire. Jadis, les civilisations s’entrechoquaient dans un vacarme grandiose, mélodie d’un massacre poétique. Aujourd’hui, la force de paix inonde de sa bien-pensée – dont quelques pourris seulement profitent – le monde avec un droit à sourire au mal lorsqu’en fin de compte il suffirait d’envahir, de détruire et brûler, sans sens moral, les terroristes / résistants, corrompus, gêneurs et ingérants. Aujourd’hui, l’on préfère se plier à un consensus que faire entendre sa voix au mépris des autres, quitte à basculer dans une société terne qui ennuie, mère de désaxés, de frustrés, de marginaux baba-cool inutiles. Aujourd’hui, les musiciens se révoltent en textes copyrightés pendant que les puissants s’interposent en vain pour régler des conflits séculaires et profiter de l’ignorance des porteurs de machettes, de pierres ou d’engins plus sophistiqués qu’ils leur vendent. Mais laissez-les donc se taper sur la gueule, et ajoutez-en un peu s’il le faut ! Où est passée votre animosité ? Aujourd’hui, les Hommes ne sont ni barbares, ni civilisés, ils ne réfléchissent pas leur sort, ils se le laissent imposer. Que n’insultent-ils pas l’histoire en l’écrivant sur des résolutions ! Dans l’avenir, leurs fils conteront cette époque comme la dernière où les Hommes se prirent pour des dieux et c’est à nous de les éclairer sur le chemin à prendre.


18 mars 2007

Milan (Lombardie, Italie), 12h27.

Nous . Ciao! Vous parlez français, English?
La serveuse . Yes, I speak English!
Nous . Perfect! Is there a place I can smoke in this airport?
La serveuse . Yes : outside!

Bienvenue en Europe ! Nos Davidoff light détaxées ne tuent-elles pourtant pas, elles ne font qu’abuser de notre santé, où est donc le mal ? Nous revoilà chez nous, presque et enfin ! La correspondance que nous devions prendre partit sans nous, il reste trois heures à tuer. La direction de l’aéroport s’excusa, évidemment, en nous offrant un déjeuner, sans alcool ; quelle misère ! Notre monde aurait-il tellement changé que cela depuis notre lointain départ ? N’importe : une bière italienne à quatre euros ne nous tuera pas. À Dakar, nous avions une bouteille d’eau dans notre besace. On nous demanda de la jeter au sas d’embarquement. Va donc savoir, Fidèle, quel mystère se cache derrière cela… ?! Qui allions-nous pouvoir détourner avec un demi-litre de Kirène ? Bref… Europe, tu nous manquais tant que ces quelques sacrifices ne sont que plaisirs amusants. Notre numéro de téléphone est mort, lui aussi, et il nous faudra le changer pour les quelques jours que nous passerons en France. Si tout se passe bien maintenant, nous serons à Marseille avant 17 heures et au château dans la soirée.


20 mars 2007

Aix-en-Provence (France), 15h45.

Comme il est bon de retrouver notre pays, ses étiquettes assassines, ses pigeons sur les trottoirs à la place de mutilés, de talibés, ses homos sapés comme la mode l’impose, son froid personnel, les extravagances de son peuple débridé, une odeur particulière jamais oubliée… Bien des choses auxquelles nous tenons ! Nous fûmes accueilli dans les Basses-Alpes, à notre arrivée au château, lundi, par une tempête de neige. Aujourd’hui, l’Electro dynamise le Happy Days où nous cherchons un peu de chaleur : passage à Aix-en-Provence pour la journée, le temps de régler quelques papiers pour notre prochain proche départ, de retrouvailles tellement attendues, de déambulations dans les rues gelées par le Mistral. Une coupe de rosé, des baisers : comme cela nous manquait aussi ! Que les homos n’ont-ils pas ici en fin de compte pour que nous nous sentions parfaitement chez nous ? Il serait si facile, si tentant, de nous poser dans l’acceptation, si juste à la fois. Nous ne sommes pas prêt pourtant. Il nous manque toujours l’essentiel pour atteindre le bonheur parfait, même éphémère car nous ne nous plaisons que dans la recherche, quête éternelle, soif jamais assouvie. Nous nous plaisons à désirer ce que, fatalement, nous aurons un jour. Car nous aurons, tout ! Notre bus part dans deux heures trente, pour la campagne. Vendredi, nous… N’en parlons pas encore ! En traversant la cité cosmopolite, nous nous rendîmes compte que certains repères avaient disparu, que d’autres allaient naître. Cette ville bouge ; pourquoi la croyions-nous si pauvre et stagnante avant notre départ ? Ce devait être nous, sans doute…


26 mars 2007

Aix-en-Provence (France), 11 heures.

Nous ne sommes pas encore dans l’avion qu’Aix nous manque déjà. Cette cité, répétons-nous, exerce sur notre personne le pouvoir d’attraction d’une muse éthylique. L’UMP à deux pas, l’élu obligatoire, le petit N. dont nous ne voulons pas mais que nous savons vainqueur, nous observe. Dans la rue, le froid printanier active le peuple, l’invite à la marche que nous louons. Dans quelques jours, le soleil floridien parfumera nos polos anglais de monoï et de JPG : nous, Florimon-Louis de Kerloar, de retour à Orlando pour quatre-vingt-dix jours. C’est l’est que nous visions, comme la première fois voilà dix-sept mois ; il ne nous veut pas encore. Il ne nous faut pourtant pas grand-chose pour être heureux en ce moment, simplement retrouver et profiter de nos anciennes habitudes, activités aussi, pourquoi pas. Nous y pensions sérieusement à Dakar (exploiter à nouveau nos profondeurs) mais notre frère intervint à temps pour nous confier une autre mission, plus honorable (selon un certain point de vue), plus acceptable en tout cas. Il nous proposa un travail, une fiche de paye ; Diable ! Cela fait tellement longtemps… et ne durera pas, nous le savons. Profitons donc de nos dernières heures à La Rotonde, sirotons notre Bloody Mary, chéri, et attendons la suite.


8 avril 2007

Orlando (Floride, États-Unis d’Amérique), 23h36.

Six ans ! Six longues années de baroud à travers Europe de l’Ouest, Asie du Sud-Est, Afrique du Nord et de l’Ouest avant de remettre les pattes ici. La Floride, son climat humide, ses lacs artificiels, ses parcs verts, ses rednecks… C’est une nouvelle aventure qui débuta voilà trois semaines, tout juste. Puisque c’est en Floride que nos vents nous portèrent, c’est en Floride que nous continuerons notre critique existentielle. Nous logeons chez notre frère, dans une maison traditionnelle de l’historic district. Tout est tellement vaste ici et nous désoriente quel que peu… Côté social, nous ne manquons de rien : Linh nous permet l’évasion ; rencontre providentielle. Côté fric… Devons-nous seulement préciser ? Certaines choses, au grand dam de nos ambitions, ne changeront jamais. C’est la merde ! Nous nous voudrions libre financièrement mais nous dépendons encore de la générosité de celles et ceux qui croient en nous. C’est très frustrant et nous exploserons un jour… Les États-Unis d’Amérique ne représentent pas pour nous la réussite. Un arbuste demande de l’eau, du soleil et une terre fertile pour croître. Dans ce pays peuplé de jeunes impatients, on le bourre d’engrais. Le résultat est le même, fort probablement, mais le temps n’aime pas être violé et ce que l’humanité pense gagner sur lui n’est qu’une graine dans un sablier de poussière, une page d’histoire qui ne manquera pas de brûler comme les autres, lentement, avec perversion, jusques à l’oubli. À quoi bon dès lors se targuer de richesses que finalement elle ne possède pas ? L’évolution se trouve ailleurs, loin de toute pensée réduite, loin de ce qu’elle construit. Revenons à nous-même ! La dernière fois que nous vînmes ici, de août à novembre 2001, nous n’en profitâmes pas suffisamment pour nous plonger dans cette culture. Peut-être est-il bon, cette fois-ci, de lui accorder un peu de notre temps…


2 juin 2007

Kissimmee (Floride, États-Unis d’Amérique), 11h34.

Nos trois mois probatoires arrivent à leur terme, doucement ; nous ne signerons aucune prolongation. Nous pensions continuer vers le sud, le Mexique, les Caraïbes peut-être, mais nous vînmes en Floride avec trop d’effets, tous nos carnets que nous voulions mettre en ligne une fois pour toute. Nous ne le pûmes hélas pas et ne pouvons prendre le risque de vagabonder avec eux dans notre sac ; ils sont tout ce que nous possédons, seule trace de ce que nous vécûmes. Oui, nous sommes un éternel fainéant, désabusé, vagabond, désenchanté, paumé, enfermé dans un être trop étroit mais, Diable !, toutes ces terres que nous parcourûmes, ces visages que nous apprîmes à connaître, à respecter parfois, ces expériences qui nous forgèrent : cela n’est pas rien ! Peu conventionnel, certes, mais pas RIEN ! Il ne s’agit pas de prouver quoi que ce soit, à qui que ce soit (si, un peu en fait…), il s’agit de réformer certaines idées reçues, certaines acceptations moyenâgeuses que notre entourage (entre autres) persiste à nous dicter. Nous parviendrons à réaliser NOS ambitions en suivant NOS méthodes (avec ou sans LSD) ! Tout cela pour dire que nous rentrerons au château, dans un vol éphémère comme à l’accoutumée, pour déposer nos carnets en sûreté. Nous n’écrivîmes pas grand-chose sur notre périple floridien (rien, en fait) car nous ne retrouvons dans ce pays, ce peuple, qu’un infime raisonnement puéril voué à la démolition tel que nous le soulignâmes dans notre précédent billet. Ils sont pires que les Communistes, en fin de compte, qui eux, au passage, vivaient – vivent encore – pour un idéal sociétaire. Les Étasuniens ne vivent que pour eux et pour l’argent qu’ils n’ont pas, d’ailleurs. Qui donc possède SA maison, SA voiture ? Peu d’entre eux. Tous vivent sur leur credit score, à savoir leur capacité à s’endetter un peu plus ou un peu moins. Au final, un « Ceci est à moi ! » n’est qu’un « Ceci m’appartient… ainsi qu’à ma banque, mon assurance, mon assurance-vie, mon tax-refund, mon… » Et ils appellent cela indépendance ! Pour nous, les Étasuniens (sauf peut-être ceux du nord-est et les Californiens) ne sont parfaits que dans leur connerie et nous prions pour que le peuple de France ne tombe pas dans ce dangereux piège. À côté de cela, ils sont étonnants dans le domaine du spectacle, dès lors qu’ils ne tournent pas leur mode de vie en show perpétuel, ce que, hélas, ils font bien aussi. Nous ne nous plaisons pas ici. Le temps, à la rigueur, nous convient-il, lui seul. Quant aux mecs, ils manquent cruellement d’imagination, sont boring à souhait. Enfin, la vie chez notre frère est-elle trop surveillée ; assurément cela joue-t-il en notre défaveur et ne nous permet-il pas de pleinement apprécier. Aujourd’hui, nous tenons l’estate sale dans la seconde villa de notre frère, vouée à la vente, évidemment. Le temps est venteux, pluvieux, la résidence est retirée, aucun signe pour diriger le providentiel acheteur. Fidèle, si toi, par définition, tu crois aux miracles, nous non ! Cela cependant nous donne-t-il l’occasion de prendre la voiture et de nous balader un peu sur les autoroutes défoncées de ce pays riche…ment surendetté. Ne te plains pas, peuple de France, tu es bien loti ! Que dire de plus sinon rien ; vivement l’Europe !


22 juin 2007

Santa Ana (Californie, États-Unis d’Amérique), 7h20.

Dans quinze minutes, un énorme car Disney s’arrêtera devant notre hôtel pour nous conduire à l’aéroport de Los Angeles, signant notre départ d’un trait coloré, à l’image de ces derniers jours passés en Californie. Linh est à un dernier rehearsal avant son concert en Corée du Sud. Hier soir, les adieux furent sincères, sans drame ; nous nous reverrons, ou pas. Quelle importance ? Des moments que nous passâmes ensemble, nous ne gardons que de bons souvenirs et n’en demandons à dire vrai pas plus. L’amitié, telle que nous la vivons sur notre chemin, n’est ni symbiotique, ni futile. Elle est éphémère mais honnête, elle ne demande aucun effort, elle n’a aucun besoin d’entretien, elle est entière mais sans contrainte. Tu sais, Fidèle, autant toi es-tu un être physique dans lequel la souffrance de l’attachement s’attarde, autant nous dépassons-nous cette forme d’existence pour atteindre un état plus céleste car c’est en esprit que nous évoluons. Bon, parfois, avouons-le, nos envies gamines perturbent notre raison mais, soulignons-le, cet état malsain ne dure heureusement jamais bien longtemps.

Los Angeles (Californie, États-Unis d'Amérique), 11 heures.

Célébrons notre départ avec une double dose de Bombay Sapphire, seul évidement, car un long déplacement nous attend. Demain, nous serons à Paris, puis en Ardèche fort probablement, chez Hubert, puis au château pour finir… et repartir presque aussitôt. Onze dollars soixante-huit le verre, c’est moitié moins que la bouteille d’un litre au Duty Free ! Toutefois ne saurions-nous qu’en faire à notre arrivée. Des parents sobres qui tombent avec un verre de liqueur de Warang, Arthur qui ne boit soi-disant plus et que de toute manière nous n’aurons pas l’occasion de voir, personne d’autre donc, à quoi bon ? Nous sommes notre compagnon idéal en fin de compte. Le bartender du bar de la gate 62 est hilarant ; gay maniéré à souhait ! Allons ! Nous n’avons pas l’esprit à la critique aujourd’hui, puis notre avion pour New-York nous attend.


23 juin 2007

Paris (Île-de-France, France), 14h09.

Dans le hall d’accès de la gare TGV-CDG, un jeune policier trop zélé et sur les nerfs gueule après les voyageurs qui ne comprennent pas ce qui se passe, probablement rien d’ingérable. Les militaires du plan Vigipirate bloquent ascenseurs, escaliers, escalators… « Personne ne passe ! », gueule encore une fois le jeune policier trop zélé. La gare est fermée, « tout ça à cause d’un boulet qui a oublié ses bagages. », se l’explique un voyageur à-côté de nous, blasé lui aussi. Une autre décide de s’asseoir contre un pilier, d’attendre sagement que la situation se dessèche en lisant le dernier Courrier International et son enquête sur le cannabis, Pink dans les oreilles. « I’m not here for your entertainment! », dit la chanteuse. « Toi non, chérie, mais les flics si ! », lui répondons-nous, car il ne s’agit là ni plus ni moins que d’un coup de force, démonstration publique inutile. Nous nous étonnons d’ailleurs qu’aucun vautour journaliste ne soit présent pour relater les faits dans le prochain JT en l’agrémentant de statistiques à la gloire de la politique actuelle. Heureusement sommes-nous là, nous ! Ce n’est pourtant que le début, Fidèle, car voici la France d’aujourd’hui (et de demain) et il va falloir t’y faire !



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